Ø Le fait déclencheur est inhabituel, car idéologique du fait de la contestation meme du systeme de départementalisation (et pas une grève au sens traditionnel et « industrialiste » du terme) : la grève ne vient sanctionner ni l’échec de la négociation (la rupture du dialogue social) ni le refus de négocier (l’absence du dialogue social), mais la contestation du systéme a visage masquée .
Cette grève est symptomatique de l’évolution (voire de la dénaturation) de ce fait social en guadeloupe.Elle est subversive en ce sens que le but ultime est de détruire les fondements de la départementalisation , et de kalbander le systeme d’apres les dires des dirigeants du LKP ! La grève n’est plus le moyen ultime de la négociation, la volonté ultime de rééquilibrer, le temps de la négociation, le rapport de force entre patrons et salariés. La grève de février /mars 2009 n’a pas réellement fait avancer la négociation. Elle n’a pas rendu les conditions de la négociation plus faciles. Elle n’a pas permis de satisfaire totalement les revendications des parties. L’objectif de cette grève était tout autre.
La grève n’est donc plus ce moyen, un peu artificiel et temporairement limité mais parfois indispensable et efficace, de discuter en égaux. Patrons contre salariés. Salariés contre patrons. Cette discussion entre égaux, cette négociation bilatérale n’est apparemment plus l’objectif. La grève LKP envisagée pour le 26 octobre 2010 vise maintenant à montrer sa force et sa capacité de nuisance , alors qu’on n’en a pas face a un état francais ( 4eme puissance mondiale ), a dire qu’on a des idées, alors qu’on n’en a pas, a prouver sa représentativité au sein de la population alors qu’elle est très limitée. Bref, la grève n’est plus ce qu’elle était : la bataille entre égaux est devenue une bataille d’egos. Montrer des biceps pour le LKP semble plus important que présenter des arguments. Ce sont des grèves de posture idéologique, de positionnement marxiste et indépendantiste en fait résidu d’un fondement idéologique obsoléte et qui date des années 60 , loin du dialogue social et des réalités. En d’autres termes, on ne traite pas des faits, on les fuit. On ne cherche pas à changer le monde de maniére contructive, on évite les vrais problémes ( aucun communiqué ni appel a manifester du LKP contre la réforme des retraites ! ) afin de changer le cadre départemental sans le dire ouvertement , mais en agissant masqué pour saper les fondements d’un systeme plébicisté en partie par le peuple a l’occasion des récentes élections régionales. C’est l’inverse de Mai 68 : soyez irréaliste, ne demandez pas le possible !
EN GUADELOUPE le mot greve RIME PLUS AVEC LA POLITIQUE DE LA TERRE BRULEE ; c’est le triomphe du » fan tchou « de la démagogie et de la radicalité !
Etrangement, cela me rappelle un sujet de Bac Philo : « vaut-il mieux changer nos désirs que l’ordre du monde ?». Le texte original, tiré de la troisième morale provisoire de Descartes, est un peu différent et plus subtil, et mérite comme souvent d’être cité intégralement, ce qui permet, au passage, d’apprécier le style littéraire du XVII siècle .
Que cherche à nous dire Descartes ? Que si la volonté (ou le désir, ce qui est pareil pour lui) est illimitée, vouloir n’est pas avoir, désirer une chose n’est pas posséder cette chose. Et que cela ne sert à rien de vouloir quelque chose qu’on ne peut pas avoir. Il est inutile de désirer ce qu’on ne pourra jamais posséder. Arrêtons de désirer l’indésirable. Arrêtons de vouloir ce que nous ne pouvons avoir. Il ne s’agit pas de ne plus rêver : Descartes n’est pas fataliste ! Il s’agit de ne plus rêver à avoir ce que par nature nous ne pourrons jamais avoir, comme le « royaume de Chine ou du Mexique ». Comme le dit Descartes, nous n’aurons jamais un corps « aussi peu corruptible que les diamants », et nous n’aurons jamais « des ailes pour voler comme un oiseau ».
Que peut-on désirer alors ? Descartes est très clair : il faut « m’empêcher de rien désirer à l’avenir que je n’acquisse », il faut désirer « ce qui est en notre pouvoir ». Désirer ce qui est en notre pouvoir, c’est désirer ce qu’on peut changer, ce qui dépend de nous : soyons réalistes, exigeons le possible !
Quel rapport entre Descartes et les grèves ? Les grévistes de février /mars 2009 demandaient l’impossible (le déchoukage du statut quo) et le savaient. Le gouvernement et les élus demandaient eux aussi l’impossible (revenir en arrière) et le savaient. Bataille entre 2 impossibilités. Bataille entre 2 égos. Face à face. Ou plutôt face contre face. Rêve contre principe de réalité.
Mais, en guadeloupe , dans beaucoup de domaines, discuter des faits et des réalités semblent plus difficile que de se battre sur des rêves ou sur des mots comme « pwofitasyon » (autre grande spécialité guadeloupéenne). C’est l’immobilisme ou la révolution. L’ordre du monde immuable (car inchangé) ou les désirs immuables (car inchangés).
Faisons de nouveau, comme les poètes , rimer grève et rêve , mais évitons de sombrer dans la démagogie du LKP pour qui greve = destruction de l’économie et décomposition du corps social en montant les guadeloupéens les uns contre les autres. Pour changer la guadeloupe, changeons d’abord nos désirs pour vivre nos rêves du mieux vivre en bonne harmonie. Pour changer réellement, il vaut mieux changer ses désirs que désirer le changement dans le chaos… sans rien changer de fondamental sinon aggraver la situation économique et sociale de la guadeloupe par une surenchére syndicale de type populiste et une subversion politique coupable de n’apporter aucune solution viable aux problémes aigus que rencontre la guadeloupe.
Greve et défilé de rue : vecteurs du populisme
jean marie nol