Bondamanjak

Guerlain en remet une couche

Par Serge Bilé
J’ai reçu aujourd’hui un coup de fil de Sébastien, un agent commercial martiniquais de la SNCF, qui souhaitait raconter à un journaliste un incident, survenu à la gare du Nord à Paris, et impliquant le désormais tristement célèbre Jean-Paul Guerlain.
Ce vendredi après midi, accompagné d’une femme, le parfumeur de 75 ans doit prendre l’Eurostar pour Londres. Mais, arrivé trop tard, il se voit refuser l’accès du train et aussitôt proposé, comme cela se fait pour les retardataires, de prendre le suivant. Furieux de ne pas pouvoir embarquer, Jean-Paul Guerlain se serait alors emporté contre deux agents d’origine africaine et une métis asiatique, en leur lançant au visage :

« C’est un pays de merde et en plus on est servi que par des immigrés. De toute façon, c’est réglé, je voterai Marine Le Pen. Vous allez voir ! »

Choqués, les trois agents en réfèrent aussitôt à leur hiérarchie, qui alerte à son tour les policiers de la PAF, mécontentant à nouveau Guerlain, qui aurait continué à « vociférer ».

L’un des agents m’explique ensuite avoir entendu un homme, qui accompagnait Guerlain, souffler à la femme : « Dis lui de se taire. La première procédure n’est pas encore terminée ». Ce conseil fait sans doute allusion au procès en cours, pour les propos que Guerlain a tenus au journal télévisé de France 2, le 15 octobre 2010.

A la journaliste Elise Lucet qui l’interrogeait sur la création du parfum Samsara, il avait répondu : « Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… » Des propos que Guerlain avait tenté de minimiser à la barre, en expliquant qu’il était « tout sauf raciste », avant de répéter à plusieurs reprises : « Je regrette très profondément et je présente toutes mes excuses à la communauté noire pour cette imbécillité ». Les regrets de Guerlain sonnent faux aujourd’hui aux oreilles de Sébastien, l’agent commercial martiniquais, après l’incident de cet après midi à la gare du Nord : « Je l’ai trouvé méprisant dans son regard et dans son comportement face à nous, parce que malheureusement pour lui, il n’y avait que des gens de couleur et des gens métissés en face de lui ».

Deux des trois agents, qui estiment avoir été « méprisés » par Guerlain, en raison de leurs origines, ont été immédiatement entendus par un officier de la PAF.

Ils ont déposé plainte pour « injure raciale » contre le septuagénaire, qui attend par ailleurs, pour le 29 mars, le délibéré de son procès. Le procureur avait requis une amende « de 7.500 euros au moins »

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