Bondamanjak

Hôtel Rwanda, l’attentat du 6 avril 1994.

 Cet attentat, contrairement à ce qui a pu être avancé par certains révisionnistes pro hutu, n'est pas la cause du génocide. Il va en être le facteur déclenchant. Comme un signal. Plus de 10 ans après, une seule chose est sure et c'est d?ailleurs l?unique vérité dans cette affaire. Dès l'origine, tout le monde a su que l'avion avait été abattu par une équipe au sol avec des missiles sol/air portatifs. Pas besoin de boite noire, que ce soit le FDR (flight data recorder) où le CVR (cockpit voice recorder), car aucune boite de permettra pas de répondre à LA question : qui a tiré et pour le compte de qui ? Depuis ce fameux crash, il y a eu une foultitude de théories, de fuites, d'assertions, de témoignages. Plus récemment, des éléments d'un prétendu rapport de l'enquête du juge Bruguières ont fuité. Volonté délibérée de nuire et de jeter le discrédit sur le régime de Paul Kagamé, qui a toujours dit tout le mal qu'il pensait de l'attitude de la France tout au long du conflit entamé en 1990, ou spéculation de journalistes « pisse-copie » en mal de scoop ? D'abord, quelques jours après l'attentat on découvre dans la presse belge, que celui-ci aurait été perpétré par deux militaires français de la DAMI (Détachement d?Assistance Militaire à l'Instruction) qui travaillerait sur ce coup en étroite collaboration avec les extrémistes hutus des CDR (Comité de défense de la République). Malgré les dénégations des militaires français, cette information va être reprise dans la foulée par la presse française. Quelque semaines plus tard, c?est l'ex-gendarme Paul Barril (fumeusement célèbre depuis l'affaire des Irlandais de Vincennes) qui affirme avoir la « boite noire du Falcon 50 » présidentiel et même détenir « les lanceurs des Sam 7 » ayant été utilisés dans l'attentat par « les terroristes du FPR ». En octobre 2000, nouvelle campagne de désinformation dans la presse française, puis en mars et avril 2004 pendant la commémoration du 10 ème anniversaire du génocide. En France, on soutient la thèse incriminant les Tutsis du FPR comme commanditaires et auteurs de l'attentat. Ce qui est exactement la théorie des extrémistes racistes génocidaires hutus. Mais on connaît les liens d'amitiés entre certains hauts fonctionnaires ou militaires français et les interahamwes. Belges et Américains, ainsi que la plupart des observateurs (et c'est aussi la thèse dans le film), penchent pour une responsabilité des extrémistes Hutus opposés aux Accords d?Arusha. Car après tout, les missiles ont été tirés d'une zone étroitement contrôlée par la Garde présidentielle rwandaise et les chefs miliciens extrémistes attendaient un signal. Mais à ce jour, personne n?a encore pu identifier les tireurs et les commanditaires. Il faut aussi se souvenir qu'une demi heure après l'attentat, l'ambassade de France à Kigali et la Radio raciste des Mille Collines vont affirmer, ce qui sera la version officielle des génocidaires, que le FPR a commis l'attentat avec l'aide des Belges de la MINUAR (Mission des Nations Unis au Rwanda : les casques bleus de Nick Nolte dans le film). La boucle est bouclée. Par un curieux et pervers procédé, voilà que la presse française et certaines autorités vont rendre les Tutsis responsables de leur propre massacre. En guise d'épilogue et parce qu'aucun film ne viendra le montrer, pendant le génocide, des massacres graves étaient perpétrés contre la population hutu dans les parties du Rwanda contrôlées par l'armée du FPR. Après le génocide, dans les camps de réfugiés au Zaïre, des dizaines de milliers de hutus seront pourchassés et massacrés par l?armée tutsi. A.K. 47 avec Golias n°101.