Par Dorval Lodéon avocat au barreau de Martinique
IL VA FALLOIR PARLER
Il est dimanche
Ma chérie est allé à un vide grenier au Marin.
Une amie s’active sur la terrasse à mettre le couvert.
La mer autour de la table du diable s’agite un peu mais ici c’est le calme face à la vastitude qui s’impose.
Je tapote sur mon clavier et trébuche sur la cinglante réponse de G Dégras à Emmanuel de Reynal qui ne comprenait toujours pas la raison de l’emploi du mot béké à la place de planteur de bananes dans un article paru au sujet du chlordecone
J’ai tout de suite été hébété de constater que pour toute idée relevée par le béké EDR dans cet article traitant du chlordécone, il s’est élevé contre le terme « béké » qu’il estime stigmatisant.
Pas un mot sur le scandale lui-même, comme BH qui n’a jusqu’à ce jour jamais été entendu par un représentant du procureur de la République, et pas davantage par un journaliste et encore moins par les martiniquais.
Silence total, ou jemenfoutiste ou lâche total le milliardaire ?
EDR et BH ont au moins ce gêne commun qui consiste à se taire.
Il faut pourtant qu’il parle, pour dire qu’il est coupable, qu’il regrette, qu’il demande des excuses, qu’il ne recommencera pas, merde quoi qu’il parle pour dire quelque chose, merde il ne peut se taire, même Macron a dit que l’Etat est en partie responsable.
Sinon quoi ?
Sinon il faudra en conclure que « le parent de BH » (sic) interrogé par l’ORTF, avait raison de répondre au journaliste qui lui demandait si « c’est facile à mener des ouvriers noirs » :
« Le noir c’est comme un enfant, il suffit d’être juste et on en obtient ce que l’on veut »
Alors oui si le noir c’est comme un enfant, BH peut avec raison considérer que son absence de repentance publique lui est permise grâce à la capacité cérébrale du noir, restée juvénile.
En fait il y a dans ce silence, encore une bonne dose de poison, celui atavique du béké pour le noir qui il n’y a pas si longtemps était dans les champs de ses ancêtres des moins que rien puisque même jusque sans état civil, un meuble quoi.
Rester taisant n’est désormais plus possible, il va falloir qu’il parle, pour ne pas en énerver d’autres comme moi, alors que comme lui je restais encore hier, taisant sur son silence.
Dorval LODEON