Les Antilles sont des îles particulièrement concernées par les risques majeurs. Ce sont en effet les territoires qui sont les plus concernés par les risques majeurs en France. Mais si les séismes sont imprévisibles pour le moment, les éruptions volcaniques le sont et les cyclones aussi !
La violence de ces phénomènes réclame une attention particulière de la sécurité civile car des vies sont en jeu ainsi que les biens des habitants.
Les vents du Cyclone Hugo de 260 km/h, en 1989, prévus pour la Martinique et qui ont touché la Guadeloupe et d’autres îles plus au nord avaient tué plus de 100 personnes et fait 56 000 sans abris dans la Caraïbe. L’Ouragan Dean en 2007 qui avait touché la Martinique avait des vents qui ont été jusqu’à 280 km/h et des rafales allant jusqu’à 300 km/h avait dévasté les lignes électriques, qui malgré les dégâts récurrents ne sont toujours pas jusqu’à aujourd’hui enterrés. L’éruption à Montserrat en 2010 avait dévasté toute une partie de l’île et forcé à l’exil deux tiers de la population.
Le bilan d’Irma, cette année est encore incertain. Des chiffres circulent, mais ils sont si étonnants, passant de 25 morts (L’Express) à plus de 300 (source anonyme).
La catastrophe mérite que l’on s’interroge sur la prévention et la gestion des risques majeurs dans les Antilles françaises, d’autant que la partie hollandaise de l’île permet un comparatif.
De nombreux citoyens se plaignent du système d’alerte, mettant en avant qu’il laisse à l’appréciation de chacun la conduite à tenir.
Le système d’alerte fournit une information.
Par exemple la Martinique était placée en alerte rouge pour « mer dangereuse », jaune pour orages et pluies. Ce système ne fournit rien sur la conduite à tenir de manière claire.
La décision d’action revient à la personne et non à l’Etat. Ce qui revient à dire qu’il n’y a pas de prévention, ni de vraie alerte.
Une “vraie” alerte reviendrait à donner des directives claires, par exemple : demander aux habitants de regagner leur domicile et de se protéger.
En l’absence de consignes claires, la population considère cet arc-en-ciel carnavalesque de couleurs qu’est le système d’alerte, comme un outil inutile destiné à donner bonne conscience aux Autorités.
Depuis quand ce système d’alerte a-t-il été mis en place ? Pourquoi a-t-il été modifié ?
Il divise “vents-violents”, “précipitations”, “orages”, “précipitations abondantes”.
Or tout le monde sait qu’un cyclone combine tous ces phénomènes.
C’est donc une perte de temps aux Antilles de demander au métérologue d’évaluer séparément ces risques. Le risque cyclonique est mal évalué dans cette grille.
Cette volonté de “précision” administrative paralyse l’efficacité de l’action sur le terrain.
Le métérologue ne se substitue pas aux Autorités.
Les autorités doivent prendre des décisions en fonction de l’alerte afin de protéger la population.
Ce n’est pas à Météo France de décider de bloquer l’activité économique pour permettre aux gens de se préparer pour un cyclone. Or c’est cette étape qui n’est pratiquement jamais franchie, les autorités préférant, semble-t-il gérer l’après-crise plutôt que de faire de la prévention.
L’ancien système d’alerte, “Préparez-vous”, “Restez-confinés”, “levée de l’alerte” était beaucoup plus simple et beaucoup plus adapté à ces phénomènes violents que sont les cyclones. Ils ne laissaient pas la place aux “interprétations” possibles.
L’alerte ne doit pas être relative mais objective.
Preuve que ce système est inadapté : le gouvernement de la Nlle Calédonie a décidé d’abandonner les couleurs pour revenir aux numéros… comme avant.
Photo : « Plan ORSEC cyclone » Nlle Calédonie
#Irma
Récemment la Martinique a été placée en vigilance rouge pour mer violente.
Vu que le cyclone Irma était proche de nos côtes et que les phénomènes météo sont parfois imprévisibles, on pouvait supposer que cette alerte indiquait de se protéger et donc de rester chez soi.
Or ici l’alerte météo-indiquait “alerte rouge pour mer violente, jaune pour pluies et vents”.
En fonction de la position de sa maison, des risques connus, chacun peut prendre des décisions qui lui semblent nécessaires.
Celui qui habite près de la mer peut considérer que sa maison étant en danger, il doit protéger sa maison.
Celui qui habite en hauteur peut se voir en danger à cause de vents potentiels.
Celui qui est proche d’une rivière peut s’inquiéter…
L’alerte fournit une information mais ne précise pas de manière claire quelle conduite les populations sont autorisées à tenir.
A chaque fois que le citoyen est renvoyé à son appréciation personnelle et à sa propre expertise de la situation, cela correspond à une absence d’alerte.
L’alerte ne doit pas semer la confusion, est une donnée variable sujette à interprétation.
En tant que citoyens ne devons-nous pas attendre des autorités des consignes CLAIRES, qui ne laissent aucune place aux interprétations individuelles ?
Commençons par les mots utilisés : “vigilance” ?
C’est quoi la vigilance ?
Faire attention… à quoi ?
On demande au citoyen d’être responsable de lui-même. N’est-ce pas l’aveu d’une abdication de la responsabilité civile ? Le citoyen est-il vraiment responsable de ses décisions quand il exerce une profession et est tenu à être présent sur son lieu de travail ?
Concrètement, comment “être vigilant” concernant ma famille et ma maison si les autorités ne me donnent pas officiellement le droit de regagner mon domicile afin de préparer ma maison, de protéger mes enfants contre les éléments ?
Comment protéger mon enfant s’il est à l’école et que les écoles n’ont pas été fermées ?
Comment gérer la maison, mes bêtes, si je suis sur les routes pour finalement aller chercher mes enfants et que dans l’urgence d’immenses embouteillages se forment car tous les citoyens doivent réagir vite tant le temps qui leur est donné pour “se préparer” est court quand enfin les autorités se décident à être claires…..!
« La Vigilance n’est en aucun cas une alerte »?
« La vigilance n’est en aucun cas une alerte. Elle permet de prévenir les autorités et le public qu’il existe un risque, dont la dangerosité est généralement symbolisée par une couleur sur une carte, afin de leur permettant de se mettre en situation de réagir de manière appropriée si le danger se précise. » (source : Mémento du maire)
Le terme “vigilance” a-t-il une quelconque utilité ?
A qui s’adresse-t-il ?
A-t-on véritablement les moyens d’être vigilants ?
L’expression “vigilance verte” montre jusqu’à quel point le terme est creux. Ce sentiment de confusion, de flou décisionnel, de diffusion de la responsabilité, n’est-il pas à l’origine du chaos maintenant qui règne avant, pendant et après les risques majeurs aux Antilles.
Un flou qui est anxiogène. Le résultat est catastrophique, d’une part une partie de la population est dans le déni (“on verra bien”), l’autre dans l’anxiété ne sachant exactement que faire -attendre le “droit” officiel de se protéger ou le faire sans ? quand ? -et si la décision qu’il prendra lui sera reprochée par la suite quand on ne manquera pas de lui dire : “Il ne s’est rien passé” !
A Saint-Martin, l’Express annonce 25 morts, d’autres sources annoncent 300 morts. Là encore à l’heure du bilan le flou règne. Quand va-t-on avoir un chiffre exact du nombre de victimes ? La gestion d’après-crise n’est-elle pas à l’image de la gestion “avant-crise”- trop floue, trop vague, encore une fois !
Note : Vous voulez des informations ?
Si vous allez sur le site officiel de Météo-France, le lien « Information Préfecture » de la Guadeloupe ne fonctionne pas !
Tout un symbole du sérieux de ces super pros…
http://www.meteofrance.gp/