Ce 3 février 2011, réveil brutal, 4h50, mon téléphone portable sonne un glas glacial. Ca n’ annonce rien de bon. Echange concis : « Edouard Glissant est mort », « ok merci ». Et me voilà sorti de mes draps pour aller sur la toile.
5 heures plus tard, je vais à Madiana pour visionner le film documentaire de Camille Mauduech « La Martinique aux Martiniquais ». dans la salle obscure, j’ai rendez-vous avec un pan tu de l’histoire de l’île. Le trouble est exquis et c’est affreux combien ça nous concerne. Les images sont d’un bavard rare. On découvre des hommes, des consciences en voie de disparition. Destins d’êtres au coeur d’un salut gâché. Mon masque se lézarde, mes yeux en crue débordent, je découvre, un Glissant parallèle. Glissant n’est pas mort il est en train de naître.
L’OJAM se révèle un gap aux flancs abruptes, un réflexe vital comme une dernière cartouche. J’ai HONTE. C’est presque gênant. Comment a t-on pu nous ignorer de la sorte ? L’heurt de nous-mêmes avait sonné ? Sans aucune transmission de cette sève qui désormais dort comme un mort. Près d’un demi siècle après, les mêmes questions sont posées. Autonomie, indépendance et j’ai HONTE…surtout parce que les hommes ont tellement changé que rien ne va changer. Ah j’oubliais… »La Martinique aux Martiniquais » baisse son rideau de vérité sur une citation de Frantz Fanon…Fanon, le plus grand homme que la Martinique ait enfanté.