Par Erika Moussa- Bonnot
Depuis quelque temps je vois apparaître sur les réseaux sociaux et à travers des groupes Whatsapp, des protestations contre la réception en Martinique du Président du Bénin organisée par le groupe béké, anciens colons, le plus riche des anciennes colonies françaises.
Pourquoi ces cris d’orfraie ? Quoi de plus normal que deux complices, symboliquement, se rencontrent en terre de bourreaux ? Il fallait bien un vendeur et un acheteur d’esclaves lorsque les Négriers en terre d’Afrique, négociaient ? Oui ou non ?
Si les Africains n’avaient pas vendu leurs frères aux Européens négriers ( et ils continuent ), on en serait pas là .
Oui ou non ?
Donc faut-il pointer du doigt le vendeur, ou l’acheteur ? Quand à l’argument que j’ai pu lire concernant l’habitation Clément ( autrefois Acajou) qui serait le lieu qui autrefois aurait torturé le plus d’esclaves … là encore il faut prendre le temps de lire, de se renseigner.
Comme toute la Martinique vivait sous le régime esclavagiste il aurait fallu interdire toutes manifestations sur tout le territoire ayant attrait à ce souvenir …
L’habitation Acajou ( ancien nom de Clément ) était cependant une habitation relativement « humaine» pour l’époque puisque les propriétaires tenaient à ne pas séparer les familles quand elles étaient vendues, c’est-à-dire , père , mère , enfants et grands-parents …Il s’avère que justement , c’est de cette habitation Acajou dont il s’agit.
Mais à mon avis le problème n’est pas là . Est-ce l’aveuglement d’africanistes ou le manque de réflexion profonde? Pour avoir quelque temps vécue au Benin je suis bien davantage choquée et scandalisée par leur tourisme mémoriel que par la rencontre de ces deux complices en terre martyre, par ce président du Benin accueilli pompeusement par le roi inculte de plateau Roy ( qui d’ailleurs fait l’invitation en son nom exclusif sans nommer ni élus ni président d’assemblée ) ou par son fils maire de Fort-de-France .
C’est le moment de réclamer des dividendes sur ce Tourisme mémoriel. Et notez bien que cela n’a effleuré l’esprit de personne : ni les africanistes , ni les PPMistes, ni les descendants de propriétaires d’esclaves … plus aptes selon leurs habitudes à tirer profit du moindre commerce salace … D’ailleurs je ne serais pas étonnée qu’ils soient justement intéressées par ce tourisme mémoriel au Benin : ce serait un vrai foutage de gueule … magistral !
Non contents de nous avoir vendu aux Négriers, les Africains continuent à s’engraisser sur nos têtes à travers le tourisme mémoriel … profitant jusqu’à la lie de ce commerce ignoble !
Aujourd’hui le Bénin, le Sénégal, le Cameroun et le Ghana investissent dans les anciens sites de la traite négrière.
Le gouvernement béninois a décidé de restaurer le vieux fort portugais et de réhabiliter les édifices de « la route des esclaves », qui mène à la Porte du Non-Retour, (symbole de la mémoire de l’esclavage) où étaient amarrés les vaisseaux chargés d’esclaves, prêts à retraverser l’Atlantique.Avec le soutien de l’Unesco, c’est près d’un milliard d’euros qui ont été investis pour l’ensemble de ces travaux … alors qu’à Fort de France le maire de la ville passe sous silence – comme s’il avait honte ou le regrettait – la seule initiative intelligente qu’il ait prise depuis qu’il est aux « manettes » : une plaque fixée sur le ponton de la plage de la Française marquant l’arrivée des Africains mis en esclavage , en terre martiniquaise ! Jamais aucune manifestation n’a lieu sur ce site : un scandale imbecile !
Voici donc une occasion pour lui, de présenter cette plaque au président béninois qui a été plus malin que Laguerre en ayant le soutien de milliard d’euros de l’UNESCO … sur le même thème .
Et une occasion aussi de parler de « réparations» en milliards d’euros sur les énormes dividendes touchés sur nos têtes à travers ce tourisme mémoriel nourri au sang de nos ancêtres martyrs !
Je suis allée au Bénin, j’y ai vécu quatre ans , et ce tourisme mémoriel est choquant.
Et pour vous prouver que rien n’a changé dans cette mentalité il serait bon de lire cet article d’Amnesty International , sorti il y a juste une semaine sur les expulsions forcées engagées par le gouvernement béninois le long du littoral sans pour la plupart, possibilité de relogement de cette malheureuse population, pour justement ces projets de tourisme mémoriel ! … une manne dont nous sommes incapables de demander ce qui nous serait légitimement dû : des réparations en sommes sonnantes et trébuchantes sur ce tourisme mémoriel !
Chiche que le PCE en parle au président Talon après avoir lu ma lettre que j’ai demandé à Bondamanjak de publier, tant je sais qu’il est peut-être le média martiniquais le plus lu dans le monde … et que le petit maire Laguerre en prenne de la graine, cela lui éviterait d’être une fois encore, sanglé au pied de sa mairie !