Rompant un silence de presque deux ans, Edouard de Lépine prétexte de la situation actuelle au PPM, son parti, dont il dit demeurer « aussi attaché que n'importe quel progressiste » pour reprendre sa plume et nous adresser « Où va le PPM », le courriel n°1 de la nouvelle série. Tout d'abord c'est bien sûr Aimé Césaire qui est cité « Réfléchissez-y à deux fois : le PPM est un outil. C'est le meilleur outil du Peuple Martiniquais. Il ne faut ni l'émousser, ni l'ébrécher sous prétexte de le perfectionner ». C'était lors du VII Congrès du PPM les 9 et 10 juillet 1977. En trois pages, teintées d'un peu d'amertume mais imprégnées de son mordant habituel et de sa volubilité, de Lépine va d'abord dresser le constat de ce qui est : « le PPM ne va pas aussi bien qu'on pourrait le souhaiter, il est à l'image du pays. Il pourrait aller mieux. Mais il ne va pas si mal que ça ». Pour lui, le débat actuel au sein de son parti « est d'autant plus absurde que nul ne peut préciser ce qui distingue fondamentalement les uns des autres, mais que personne ne peut ignorer où conduirait une scission du dernier rempart dont dispose ce pays contre la résistible ascension de l'égotisme politicien et du confusionnisme politique. A la veille d'un congrès, il n'y a rien d'extraordinaire, ni de malsain, dans la volonté affichée par des camarades qui s'estiment capables ou plus capables que d'autres de prendre la direction d'un parti auquel ils sont également attachés». Lapidant ceux qu?il appelle les « pépéémologues, les chroniqueurs désoeuvrés » il rappelle « la querelle du oui et du non à la constitution de la Vème république (juin-septembre 1958) moins de trois mois après le congrès constitutif du parti, la menace d'une nuit des longs couteaux (« le temps des tueurs »-juin 1963-), l'échec du Congrès du Peuple pour l'Autonomie (1967), le fiasco de l'alliance avec la Parole au Peuple (1973), la fausse-couche du Bloc de mai (1974-1978) sans oublier le crime des crimes aux yeux des intégristes : le moratoire (1981) ni les vicissitudes du pacte Global d'Unité (1986-1990) ». Paroles d'historien, le Parti en a déjà vu d'autre et a toujours su surmonter ses divisions. « Le PPM ne peut pas être le parti de la pensée unique, ni par ses origines, ni par le tempérament, ni par la culture ni par l'inspiration constante de son fondateur » car « ce n'est pas seulement dans les temps anciens que les formules définitives (un seul Roi, une seule Foi, une seule Loi) ou leurs dérivés (Ein Volk, Ein Reich, Ein Fürher) ont conduit à des catastrophes ». Cette mise en garde s'adresse, semble-t-il, tout aussi bien aux membres du parti qu'à la population toute entière. Ensuite, il pose et appelle à l'ébullition intellectuelle « il ne faut pas avoir peur du débat ou de l'affrontement. Le consensus est notre pire ennemi à la veille d'un Congrès. La bonne méthode n'est pas de chercher à concilier, mais à clarifier ». Il pose le cadre de ce qui selon lui est séant « il n'y a pas de débat ni par conséquent de combat sans règles, la première de ces règles c'est le respect mutuel ». Puis comme à l'accoutumée, il sort l'artillerie lourde pour s'attaquer à ceux qu'il considère être les derniers assimilationnistes et qu'on peut trouver, selon lui, au Conseil Régional. « Depuis vingt deux ans que l'institution existe, nul président n'a disposé d?une majorité aussi large, aussi docile et aux convictions aussi tranchées que l?'ndépendantiste Alfred Marie-Jeanne. Avez-vous jamais entendu dire que notre anti-assimilationniste de plus vertical ait été visité par l'idée de faire adopter par sa chambre introuvable une seule motion en faveur de l'indépendance ? » Ironique sur la continuité territoriale de la France de Dunkerque à Rivière-Pilote, Edouard de Lépine, un brin solennel, conclu « mais au lieu de rituelles et illusoires incantations à "lindispensable unité de la Gauche" , pour sortir de la déréliction morose de ce temps, le PPM pour l'instant du moins n'a besoin que d'être lui-même ou de redevenir lui-même ».
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