Il y a vingt ans, nous assistions à la chute du mur de Berlin, un événement associé à la fin du communisme comme modèle de développement économique mais aussi d’organisation sociale et politique. Le départ de George Bush de la Maison Blanche marquera-t-il, de manière tout aussi éclatante, la fin du néolibéralisme qui avait constitué le modèle de développement depuis 1989??
L’ampleur des différentes mesures adoptées en trombe par les gouvernements occidentaux pour rétablir la confiance perdue dans les marchés financiers et économiques porte à croire que nous sommes arrivés à cette croisée des chemins. La faillite d’un système ou d’une idéologie démontre comment nous pouvons, par manque de vigilance, par silence ou encore par apathie, laisser faire les choses et devenir ainsi, malgré nous, complice des événements. L’aspiration mondiale à imiter l’american way of life nous a rendus perméables aux belles paroles des chantres du mercantilisme à tous crins, qui nous promettaient d’accéder à la richesse sans effort.
Au-delà du choc causé par ces événements aux adeptes de la « main invisible » du marché, comment cette crise peut-elle constituer une occasion de renouveau pour le citoyen, le parent ou l’éducateur?? Cela passe par la réappropriation d’un « certain équilibre ». Le modèle américain, dont la finalité est de faire tout ce qu’on veut sans contraintes, sans égard aux conséquences humaines, financières ou écologiques de sa propre liberté d’entreprendre, a montré ses limites. Il est l’heure de payer.
Pour atteindre cet équilibre, il y a lieu aujourd’hui de s’interroger sur la possibilité – ou non – de libérer l’homme de la soif de consommation à outrance. Cette gourmandise insatiable freine sa capacité de réfléchir et désamorce sa vigilance. Elle nuit au bon fonctionnement des relations humaines et des institutions démocratiques. En fait, la crise actuelle nous oblige à nous transformer pour bâtir l’avenir sur des bases plus saines. Moins matérialistes et plus spirituelles?? Il faut l’espérer…
Moncef Guitouni
Psychosociologue tuniso-canadien, écrivain (Montréal, Québec)
Source : http://www.jeuneafrique.com/Article_ARTJAJA2520p158-161.xml3_–La-crise-occasion-de-renouveau??.html