… Comme dans Crabe, Chlordécone, et compagnie…
On connaissait le Cycle du Crabe décrit par Jorge Amado dans son célèbre « Capitaine des Sables ». En Martinique, on découvre la malédiction du Crabe…
Parce que, à vrai dire, faut vraiment avoir du vent dans la tête, ou une cervelle caca bœuf, pour manger du crabe, aujourd’hui, dans un pays…oups….un territoire dont les terres, la mer, les rivières, les mangroves sont chlordéconées. Un pays dans lequel le sang même des habitants est chlordéconé à des taux incroyables. Comment est-ce possible ?
Faudrait plutôt dire : Est-ce bien étonnant…
… dans un pays avec moins de 50% de vaccinés contre le covid, qui a voté au 1er tour de la présidentielle de France massivement pour un démago pro-Poutine, pas clair sur la vaccination, qui est allé sur les barrages en Guadeloupe soutenir les rançonneurs, régulièrement agité de colères publiques avec son ridicule « La République c’est moi », qui souhaite apparemment la victoire du fascisme en France pour faire un coup de Premier Ministre ? Est-ce surprenant d’une population qui s’interroge pour savoir pour qui voter entre le capitaliste Macron et la fasciste-raciste Le Pen… comme si la question se posait.
Fatalement, c’est dans ce pays qu’au nom d’une tradition élevée au rang de religion, on continue de s’envoyer des platées de matoutou chaque année à Pâques et Pentecôte.
Alors qu’il n’y a aucune traçabilité des crabes pêchés et vendus, lesquels, s’ils proviennent de lieux contaminés, sont de véritables réservoirs du poison…
Dans le même temps, l’indignation que suscite le scandale du chlordécone est exhibée, des réparations pour les contaminés et des condamnations des empoisonneurs sont exigées.
Où est la cohérence ?
Peut-être dans notre schizophrénie victimaire arborée comme un étendard.
Quand on voit ça, quand on voit cette vénération d’une tradition mortifère, vénération entretenue par la presse locale (tja…) on est forcé de se demander si certains ne sont pas persuadés que tout ça, toute cette histoire de chlordécone, de poison, de contamination, n’est pas un énième complot colonialiste … et qu’une bonne cure de tisane d’atoumo suivie d’une d’herbe à pic expurgera ce poison de leur sang… Mieux, le « punch herbe à pic » est très tendance ces temps-ci.
Hélas, C, pour nous en Martinique, ce n’est pas seulement les joyeux Coucoune, Cal, Coqué, Carnaval, pas seulement les méchants Crozat, Colbert, Colonialisme dont ce serait la faute, c’est aussi et surtout Couillon,… Même factice qui se paye un beau C dedans.
Et comme aurait pu dire Césaire (tiens, un C de plus) de « magnifiques Crétins arrogants »…
Photo : le crabe et sa janbet (D.R)