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La préfecture de l’Isère provoque le licenciement d’un ingénieur libanais

 

Le 3 octobre, Air Liquide reçoit de la Direccte, une lettre l’informant du rejet de la demande d’autorisation de travail d’Amro Al Khatib. « Le seul considérant dans ma décision, c’est la situation de l’emploi », se justifie Philippe Nicolas. Le bassin grenoblois compterait en effet 58 ingénieurs projet au chômage. « Vous pouvez m’objecter que Monsieur Al Khatib est quelqu’un de très brillant. Je vous répondrai que je ne prends pas de décision en considération de la personne. Je me borne à pondérer la situation existante sur le marché du travail ».

Du côté d’Air Liquide, la sanction est immédiate : « Comme la précédente autorisation de travail d’Amro Al Khatib n’était valable que jusqu’au 4, nous avons mis fin à son contrat de travail le soir-même », déclare Marie-Pierre Merel.

Pour autant, l’affaire ne s’arrête pas là. « Les syndicats, toutes obédiences confondues, se sont mobilisés et ont fait signer une pétition qui a été adressée à la direction du site, aux autorités administratives, et aux médias », signale la DRH.

Le 7 octobre, Air Liquide a déposé un recours gracieux contre le rejet, auprès de la préfecture. « J’ai envoyé un courrier à la directrice des ressources humaines l’invitant à un rendez-vous mercredi », répond Philippe Nicolas. « Il est vrai que la société Air Liquide a développé des aspects du dossier que je n’avais pas », ajoute-t-il. Du coup, il « n’exclu(t) pas » de donner cette fois une réponse favorable au dossier Al Khatib.

Air Liquide regrette évidemment la décision de l’administration. Pour cette embauche, elle a procédé comme d’habitude par petite annonce. « Nous n’avons pas fait de recherche particulière sur le bassin d’emploi grenoblois, reconnaît Marie-Pierre Merel. Car nous pouvons intéresser et être intéressés par des candidats de partout ».

Philippe Nicolas admet que ce contrôle sur les embauches des étrangers est une atteinte à la liberté des entreprises de recruter le personnel qu’elle souhaite. Mais précise que sur les 30 à 40 cas dont il est saisi par mois, il tranche à 75% favorablement et à 25% négativement

Catherine Coroller

Source :

www.liberation.fr