Bondamanjak

La Première Guerre Mondiale Africaine

1990 : le FPR, une armée tutsie commandée par Paul Kagamé, attaque depuis l'Angola. L'objectif : prendre le pouvoir à Kigali, capitale du Rwanda gouverné par la majorité hutue.

1993 : des éléments de l'armée française, positionnés en soutien du régime de Juvénal Habyarimana, un Hutu président du pays depuis 1973, stoppent l'avancée des "rebelles" selon la terminologie en vigueur.

1993 : les Accords d'Arusha doivent mettre un terme à cette guerre qui en fait a pris naissance au milieu du XXème siècle, lorsqu'un coup d'état hutu a chassé les tusis minoritaires du pouvoir. Massacrés sur place, ils se sont réfugiés en masse dans les pays voisins. Les extrémistes hutus, refusant les termes des Accords, appellent à l'extermination des Tutsis.

6 Avril 1994 : l'avion présidentiel rwandais est explosé au dessus de Kigali par un tir de roquettes. A ce jour, malgré plusieurs enquêtes judiciaires et des versions contradictoires, nul ne sait avec certitude qui a tiré la salve de Sam 14 et 16 sur le Falcon 50.

Avril, mai, juin 1994 : la communauté internationale détourne la tête tandis qu'un massacre généralisé à coup de coutelas fait disparaitre plus d'un million de personnes : des centaines de milliers de Tutsis et des dizaines de milliers de Hutus opposants au régime en place. Théoneste Bagosora est accusé devant de TPI (Tribunal Pénal International) d'être le cerveau de ce génocide.

Juin 1994 : l'Opération Turquoise, menée par l'armée française, permet tout à la fois de freiner les massacres et de protéger la fuite des génocidaires.

4 Juillet 1994 : le FPR entre dans Kigali et met fin aux massacres. Plus d'un million de Hutus infiltrés de dizaines de milliers de génocidaires, a pu fuir vers le Zaïre voisin de Mobutu qui ne cache pas sa volonté d'aider les génocidaires, réfugiés dans l'est de son pays, à renverser le nouveau régime de Kigali.

1996 : dans leur fuite éperdue dans les forêts de l'est du Zaïre, les génocidaires ont conservé leurs armes et fomentent d'attaquer le Rwanda fort de l'aide promise par Mobutu. Ils commencent par massacrer les Tutsis congolais (Banyamulenge) qui demandent l'aide du pouvoir central. Vainement. Ils finissent par prendre les armes pour se protéger des Hutus.

1996 toujours : le Rwanda soutient alors un mouvement de rebellion congolais mené par Laurent-Désiré Kabila qui fini par prendre le pouvoir à Kinshasa. Le général Laurent Nkunda commande une partie de la rebellion qui installe Kabila. Le but était d'obtenir que cesse la menace que Mobutu faisait peser sur le Rwanda mais également que les génocidaires soient désarmés ou tout au moins contrôlés par le pouvoir central congolais (ex-zaïrois).

Kabila ne tint pas sa promesse. Les anciens militaires hutus et les génocidaires, sous le sigle du FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) disposèrent d'une liberté de manoeuvre qui leur permis de mener des attaques contre le Rwanda à partir du territoire congolais. En retour, le Rwanda armait des mouvements de tutsis sur le territoire congolais. Quelquefois, des unités de son armée, déguisées en autochtone, procédaient à des incursions sur le territoire congolais en attaquant les camps de réfugiés hutus, où se camouflaient les génocidaires.

1998 : une incursion de l'armée rwandaise, camouflée en groupe rebelle congolais, marche sur Kinshasa dans le but de renverser Laurent Désiré Kabila. L'intervention massive de troupes angolaises stoppe l'avancée des Rwandais.La région est alors sillonnée de groupes d'autodéfence, d'unités d'armée étrangères, de groupes de rebelles et de génocidaires.

2003 : Une médiation sud-africaine, intense et pugnace, réussira un temps à faire cesser les combats. Les rebelles devant être intégrés à l'armée congolaise et les armées étrangères (Angola, Ouganda, Zimbabwé) devant retrourner dans leurs pays d'origine. Il n'en sera rien. Les richesses de la région (minéraux, bois précieux, bétail, …..) y sont pour beaucoup. La guerre sommeille et devient ce que les spécialistes appellent un conflit de basse intensité.

2004 : le général Nkunda, un Tutsi congolais qui, comme on l'a vu, a fait la guerre avec le FPR au Rwanda,  refuse d'intégrer l'armée congolaise. Au prétexte de protéger la population tutsie des attaques des autres ethnies, il lance ses soldats à l'assaut de Bukavu. La ville est meurtrie des viols, meurtres, assassinats, pillages, exécutions sommaires de civils par les soudards de celui qui exhibe un badge "Rebelles pour le Christ".

2005 : le général Laurent Nkunda crée le CNDP (Congrès National pour la Défence du Peuple). Ce mouvement, de groupe d'auto défense, devient très vite le principal mouvement rebelle. Il serait soutenu par le Rwanda. Il est à l'origine de la résurgence des violences dans cette région des lacs africains.

2008 : Nkunda, appelé le Boucher du Kivu, ou de Kisangani est connu pour sa violence et sa cruauté. Des dizaines de milliers de réfugiés hutus  fuient dans la forêt tentant de s'éloigner des combats entre l'armée congolaise et ses soldats du CNDP. 

La Première Guerre Mondiale Africaine déroule son cortège de viols, de pillages, de violence, de morts, de souffrance, de peur, dans les larmes, la terreur et le sang.

A voir "Hôtel Rwanda".

A lire : "Aucun témoin ne doit survivre : le génocide au Rwanda" Collectif Human Rights Watch et FIDH.