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LA QUESTION DES PESTICIDES EN MARTINIQUE


Position de Serge LETCHIMY, Député de la Martinique.  18 septembre 2007.

Le 11 juillet 2007, le Tribunal de première instance des communautés européennes a annulé la décision d’inscription du Paraquat sur la liste des substances autorisées par la Commission européenne compte tenu, notamment, des incertitudes  concernant l’innocuité du produit.  L’Etat a annoncé aussitôt sa décision de retrait de l’autorisation de mise en marché de ce produit. 

Depuis plusieurs mois, des informations à caractère scientifique   circulent  quant à la dangerosité de la  chlordécone, tant pour la santé humaine que pour la qualité des sols  et des eaux et des cultures qui en sont tirées  

Dans le projet de programme opérationnel établi  pour définir le cadre et les moyens  du développement agricole de la Martinique pour la période 2007/2013,  des considérations  particulières sont consacrées à la pollution agricole et aux initiatives prises tant pour en mesurer  l’importance, que pour en juguler les effets.

Ces éléments prouvent que sur cette question persistent  des interrogations ; ils établissent aussi que le monde agricole n’est pas inactif et qu’il recherche et contribue à  la définition de réponses à la mesure de l’enjeu en cause : faire de l’agriculture un des moyens du développement durable. 

J’ai saisi de ces questions le président de la Chambre d’agriculture de la Martinique par un courrier du  19 juillet 2007. Sa réponse en  date du 10 août est pleine d’enseignement. Le président souhaite que dans le cadre du « Grenelle de l’environnement » une étude exhaustive sur la chlordécone  soit réalisée ; la Chambre d’Agriculture  a établi  par ailleurs une fiche méthodologique détaillée consacrée à la prise en compte des problèmes liés à la pollution des sols,  à la recherche  de nouvelles méthodes de culture et à une responsabilisation des acteurs de la filière afin de parvenir à une agriculture de qualité. 

Tout cela montre que le monde agricole martiniquais s’interroge. Tout cela témoigne qu’il est pleinement conscient du défi qui est le sien et qu’il se prépare à l’assumer.

Cependant, dans le même temps des scientifiques tirent la sonnette d’alarme et alertent  sur les méfaits actuels et à venir des pesticides sur la santé de l’homme et sur l’utilisation des sols affectés par l’utilisation massive de produits  tels le paraquat et la chordécone.

Aussi, outre le contact avec la Chambre d’agriculture de la Martinique , et la résolution pour la mise en place d’une commission d’enquête  parlementaire, cosignée avec mon collègue Victorin LUREL et en cours d’examen à l’Assemblée  nationale,  j’ai pris depuis mon élection trois  initiatives importantes sur ce dossier :

         Le 25 juillet 2007,  j’ai saisi par courrier le Premier ministre, le ministre d’Etat ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables,  la ministre de la Santé et des sports, le ministre  de l’Agriculture, le secrétaire d’Etat à l’outre-mer. Je n’ai reçu à ce jour ni réponse ni accusé de réception de mes envois.

         Le 26 juillet 2007, par courrier co-signé avec madame Jeanny MARC député de la Guadeloupe , nous avons saisi le Premier ministre. Nous l’avons invité à élaborer un plan d’urgence comportant notamment une synthèse des études épidémiologiques faites à ce jour de manière à déterminer le cas échéant la prophylaxie à mettre en œuvre dans les meilleurs délais pour soigner et accompagner les populations ayant été surexposées à ces produits et déterminer clairement les vecteurs et moyens de décontamination des sols, des eaux et des nappes phréatiques de la Guadeloupe et de la Martinique. Même silence de l’Etat.

         Le  29 août 2007 enfin, au lendemain de l’ouragan DEAN et de ses conséquences sur l’agriculture, j’ai saisi d’une proposition de réflexion et d’action le Président de la République.  Cette proposition vise  à sécuriser, protéger, préserver le patrimoine naturel de notre région en contribuant à l’émergence d’une nouvelle économie locale fondée sur le développement durable ».

A ce jour ces hautes personnalités ont opposé à toutes ces initiatives un silence assourdissant. Les réactions ministérielles verbales de ces dernières vingt-quatre heures n’ont contribué, et je le déplore, qu’à rendre ce dossier plus confus.

L’Etat n’est allé ni assez vite, ni assez loin alors que le problème des pesticides appelait des initiatives urgentes soit pour en traiter les effets, soit pour rassurer les populations soit les deux.

Les propos scientifiques d’aujourd’hui, ne suscitent de ma part  ni caution ni indifférence. Ils nécessitent  des investigations approfondies. Ces travaux  doivent être versés au débat ;  à ce débat que l’Etat en charge  de l’intérêt général doit sans délai nourrir par des contributions établis par des spécialistes dont l’objectivité et la rigueur scientifique doivent être  incontestable.

Je suis convaincu que  le monde agricole martiniquais y est prêt. Les initiatives   prises par les institutions et les acteurs locaux jusqu’alors (identification des terres polluées, car toutes ne le sont pas,  contrôle des produits agricoles commercialisés) montrent bien leur détermination et leur implication.