Bondamanjak

La République dominicaine a son Ibo Simon* et ce qui va avec ?

On peut comprendre l’irritation des autorités dominicaines et des propriétaires de plantations (les familles Vicini, Fanjul et Campoyo) puisqu’est en jeu leur image à l’international. Quatre millions de touristes se pressent sur l'île selon les estimations de 2006. Les Américains (qui importent aussi le sucre dominicain) représentent 28 % des clients suivis par les Canadiens et les Français. Tous les moyens sont bons pour mener une contre campagne.  Ecrire aux journaux dénonçant des « ennemis » de la République dominicaine (sans les identifier), faire croire qu’il s’agit d’actions contre les Dominicains et l’image du pays (alors que ne sont visées directement que les familles richissimes qui profitent de ce système et l’attitude des politiques) réaliser des documents vidéo à distribuer, identifier les ONG « amies et alliées », inviter des communicants ou des journalistes triés sur le volet et même payer en payer certains pour contredire les documentaires. Ce fut le cas du film d’Amy Serrano «  the sugar babies » projeté à Miami (voir article dans dominicanoshoy.com). Des enveloppes allant de 300 à 2000 dollars ont été remises aux journalistes « amis ». 

Le gouvernement dominicain et les sucreries investissent donc dans une stratégie de communication au lieu de changer un système qui fonctionne si bien depuis près d’un siècle au profit de tous les intermédiaires (y compris haïtiens) sauf des travailleurs (y compris dominicains). Les seules modifications faites portent sur la construction rapide de logements corrects, ce qui ne règle en aucun cas la question essentielle de l’exploitation et de leur non reconnaissance des Haïtiens au mépris des lois internationales. 

Ce 11 juillet 2007, René Préval est invité en République dominicaine pour célébrer le centenaire de l’écrivain Jacques Roumain. Cette rencontre sera-t-elle aussi utilisée pour montrer des relations cordiales entre les deux pays ? Certes il est temps de dépassionner le débat. Dépassionner ne veut pas dire étouffer.

* Ibo Simon est animateur de télé en Guadeloupe. Il a été poursuivi en justice pour ses propos haineux proférés en direct pendant plusieurs années à l’encontre des ressortissants haïtiens et dominicais vivants en Guadeloupe. Il a même invité ses téléspectateurs à aller démolir la maison d’une famille dominicaise, acte retransmis en sur sa télé de l’époque Canal 10. 

En savoir plus sur www.gensdelacaraibe.org : « « Esclave au paradis » déclenche un tollé en République dominicaine ». 

www.esclaveauparadis.org, site officiel de l’événement Esclaves au paradis. 

Voir le rapport d’Amnesty international 2007 sur la République dominicaine :  Une vie en transit. La situation tragique des migrants haïtiens et des Dominicains d'origine haïtienne http://web.amnesty.org/library/index/fraamr270012007