Par Patricia Braflan-Trobo
Les discours sur les accidents de la route en Guadeloupe en plus d’être des litanies reprises toutes les semaines, toutes les fois qu’il y a des accidents par les mêmes directeurs de cabinets, préfets et autres spécialistes en tout représentants de l’Etat en Guadeloupe, ne démontrent qu’une chose : l’inutilité et l’inefficacité des campagnes de prévention de la sécurité routière en Guadeloupe.
Je ne crois pas qu’il soit utile de parler des voitures de plus en plus puissantes lâchées entre les mains de jeunes de plus en plus jeunes, des prêts accordés en moins de 3h pour les acheter (le lobby automobile a rendu le système tellement efficace qu’en Guadeloupe les sociétés de crédit ont leurs bureaux dans les concessions automobiles), alors que pour créer une entreprise 2 ans minimum sont nécessaires souvent pour un « NON », de l’alcool et de la drogue qui s’achètent en Guadeloupe aussi facilement que le riz ou le pain, alcool ou drogue qui sont des substances souvent retrouvées dans le sang des tués sur la route, des routes qui sont souvent des routes de merde avec force nids de poules, sorties sauvages et radars pour traire les vaches à lait d’automobilistes.
Nos jeunes se tuent sur les routes ! Ca suffit des discours vides et convenus. Les campagnes de sensibilisation ou importées de France ou locales ne marchent pas !!!! Il faut des campagnes, près des jeunes, là où ils sont : dans leurs soirées, dans les boites de nuit, sur FB, sur twitter, faire les jeunes comme eux qui leur ressemblent, leur parler. Comment une campagne de prévention peut-elle marcher avec des personnages, des situations qui ne sont pas dans les références culturelles du public auquel elle s’adresse ? C’est le b a ba de la communication. Parler aux jeunes avec leurs langages, leurs codes, leurs références culturelles dans les lieux qu’ils fréquentent. Les jeunes sont sourds aux messages de prévention et de mise en garde des adultes c’est connu ! Les campagnes de la prévention routière sont totalement inutiles et inefficaces actuellement en Guadeloupe. Qui en tire les conséquences ? Qui en fait le bilan ? Qui exige ou demande que ces campagnes soient revues ?
Quels jeunes regardent la télé à l’heure où passent les spots de prévention ? Ils bossent leurs cours ou sont sur FB, twitter and co à cette heure là ! Les canaux de diffusion de la prévention doivent être changés. Utiliser les radios de jeunes, les chaines télé des jeunes, avec des jeunes qui parlent aux jeunes, avec des acteurs du type « kijanw touvé y » ou les pages Facebook comme « le débat du siècle » ou toute autres pages que les jeunes aiment ET consultent.
Face à des fléaux justement, il faut que la puissance publique, l’État, quel qu’il soit, guadeloupéen, français ou autre joue son rôle de régulateur ! Dit-on au citoyen de se prendre en main et d’être responsable face au SIDA et qu’on ne pourra pas mettre un pharmacien avec un préservatif derrière chaque citoyen ?
Dit-on au citoyen de se prendre en main et d’être responsable face à l’alcool, la cigarette ou aux drogues diverses et qu’on ne pourra pas mettre un médecin derrière chaque citoyen ? Non ! Les campagnes et les actions se multiplient même si elles demeurent encore bien insuffisantes. Les lobbies veillent au grain… Alors évitons les fausses excuses.
Sinon, les mêmes interviews pourront être passées repassées re repassées à la radio après les accidents de la route. La litanie pourra se pousuivre pour donner bonne conscience à ceux dont le laxisme, l’inefficacité et l’incompétence tuent bien plus que la route en Guadeloupe.