Caroline Oudin-Bastide est historienne, spécialiste de l'histoire de l'esclavage aux Antilles françaises. Elle nous donne à lire sur la base de documents de l’époque (archives manuscrites et sources photos imprimées), une étude rétrospective sur l'affaire Spoutourne qui défraya la chronique martiniquaise entre 1831 et 1834. Le livre de Caroline Oudin-Bastide Des nègres et des juges montre la complexité d'une situation caractérisée par une fin de règne, dans laquelle les oppositions d'intérêts entre les libres de couleur, les colons blancs, la petite magistrature, pas forcément militante anti-esclavagiste mais relativement désintéressée par le maintien d'un système dans lequel elle n'avait guère espoir de reconnaissance, les abolitionnistes convaincus, où le positionnement des individus tels que ces petits juges en faveur des libres de couleurs se mêlent dans une stratégie politique, économique et sociale. Elle montre ainsi combien les colons martiniquais, dont l'opportunisme politique les conduisit plusieurs fois à se faire anglais ou français selon le moment afin de préserver le système esclavagiste, mais ont été incapables de prévenir et d'anticiper sur les mouvements de fonds, une capacité des esclaves à s’organiser pour exprimer leur révolte, qui allaient conduire à l'effondrement de l'exploitation servile. L'abolition de la Traite avant celle de l'esclavage était déjà annonciatrice de la fin. Caroline Oudin-Bastide a pu prolonger en images ses écrits sur cette affaire, co-auteur avec Philippe Labrune, d’un documentaire pour Arte intitulé Espoir, vertu d’esclave.
Source : Sept Mag