La situation en Martinique connaît une accalmie trompeuse.
Les négociations, qui doivent reprendre mardi, achoppent sur deux points.
Je vous passe les détails, mais l’idée est de diviser par deux le différentiel de prix avec l’hexagone dans l’alimentaire, qui est de 40% en moyenne aujourd’hui, et 70% pour certains produits ; ainsi que les marges permises par la position monopolistique des békés.
A la table de négociations, face à trois représentants du mouvement populaire, se trouvent notamment, outre deux représentants de Békés (descendants de colons et de grandes familles d’esclavagistes), le groupe CMA-CGM de Rodolphe Saadé, plus proche oligarque d‘Emmanuel Macron, qui a fait 50 milliards d’euros de bénéfices netsdepuis la crise du COVID.
Cinquante. Milliards. D’Euros.
L’équivalent pour son groupe d’une année de chiffre d’affaire, en trois petites années.
Pour un groupe créé grâce à des subventions d’Etat, détenu à 75% par une seule famille, qui vient d’aligner des milliards pour racheter BFM et quelques autres et ainsi installer son influence sur les dirigeants politiques.
Une famille, les Saadé, qui se sont vus offrir à vil prix cette entreprise publique, privatisée par le gouvernement Juppé en 1996.
C’est-à-dire un bien qui nous appartenait à tous, et dont un seul, l’enfant Rodolphe, a hérité, après que la mise en examen de son père concernant les conditions d’obtention de cette entreprise, offerte par des politiciens généreusement financés, n’ait rien donné, après le vol de documents sensibles, disparus sous les yeux des policiers.
Combien son père avait-il payé pour une entreprise que l’Etat venait de renflouer à hauteur de 1,2 milliards de Francs ?
20 millions.
Pour rappel, l’ensemble de la Martinique n’importe que 500 millions d’euros par an de produits alimentaires, et les négociations ne portent que sur une famille de produits, dont une grande partie de première nécessité, qui représentent un chiffre d’affaires de 123 millions d’euros.
Ce qui est le plus ahurissant, et qui ne semble interpeller personne, c’est que les békés sont prêts à s’engager sur une division par deux du différentiel de prix moyen avec l’hexagone (de 40 à 15-25%).
Ce simple fait interloque. Ces personnes peuvent donc, du jour au lendemain et parce que les flambeaux menacent le François, diviser par deux leurs marges, qui étaient donc abusives.
Qui remboursera les profits indus prélevés pendant des années, massivement au détriment des familles martiniquaises, et au bénéfice de quelques privilégiés, héritiers de fortunes et positions sociales dues à la mort et la mise en esclavage de millions de personnes ?
Les mesures d’Etat prévues par le protocole en cours de négociations consistent quant à elles à baisser les taxes sur les produits alimentaires pour les augmenter sur les téléphones et ordinateurs – au moment où leur achat devient obligatoire pour suivre une scolarité.
Par ailleurs, les collectivités territoriales s’engagent à offrir des terrains aux grands groupes – encore ! – à hauteur de pas moins de 35 millions d’euros. Pourquoi ? On ne comprend pas bien.
Entre temps, et tandis que les syndicats sont complètement mis de côté et ne participent même pas aux négociations, la répression se met en place. Une des figures du mouvement, Volkan, sera jugé en comparution immédiate demain, et a été envoyé en détention provisoire.
Parmi les cinq cent personnes qui ont bloqué l’aéroport, il est le seul a avoir été détenu.
Le hasard fait tant et si bien les choses que l’on pourrait s’interroger sur ce qui est entrain de se jouer.
N’est-ce pas le ministre de l’intérieur qui, complètement perdu, a dévoilé que la stratégie de judiciarisation adoptée contre les Grands frères, et répliquée en Kanaky, était en cours de préparation en Martinique ?
Quelques impressions de tendresse et de douceur, puis, l’apaisement acquis, le fouet ?
Difficile d’oublier que la dernière figure des contestations dans les Antilles, Noël Daufour, lâchée par l’UGTG et Eli Domota, a passé près de trois ans en détention provisoire.
Le châtiment exemplaire, l’effroi et la terreur arbitraires, comme méthodes, comme dans le temps des colonies.
Le François le sait, pourtant: il n’y a qu’un seul accès pour entrer et sortir de la maison des maîtres.
Trois êtres et tout un peuple se sont chargés de leur rappeler:
Flambeau riant – colon tremblant.