Pavila nous rappelle que la terre doit être nourrie avec des moyens naturels, n’oubliez pas le caca-bèf, ces roches-la-savann, engrais intemporels,
car la vache dispense ses richesses à qui est assez humble pour se baisser pour les ramasser.
Mais dans le boeuf, Pavila ne prend pas tout, il rappelle que les protéines ne se trouvent pas que dans la chair, et que les pois (pois d’Angole, cocos,
soja…) en sont d’excellentes sources.
Papa-latè plonge dans les secrets anciens, que nous voulons parfois oublier, prétextant des inefficacités que nous n’avons pas expérimenté. Les
savoir-faire sont là, même le champ mystique plante là ses racines pour que nous ne perdions pas de vue que l’esprit est
Maître de Tout…et le Tout est Esprit.
Car c’est bien le coeur de ce que nous rappelle le Lakou-« zémis »,
Ce sont les zémis,
Les esprits des ancêtres,
Ceux qui hantent les grottes des taïnos,
Qui se nourrissent des fruits des arbres,
Que seraient les esprits sans les jardins ?
Les jardins ne sont-ils pas les maisons des esprits ?
Jean-Marc Terrine poursuit en dévoilant les dessous cachés de la Matador.
Sous ses jupes, il entrevoit les anciens mythes amérindiens, le mythe de Matinino, l’île aux femmes…
Les mythes, ces intemporelles mélodies scandées de peuples en peuples,
selon les mêmes rythmes;
Car, selon lui,
seul le rythme compte,
le sens importe peu :
Il y eut un soir,
Il y eut -un matin,
Et ce fut le premier jour…
Il y eut des hommes,
Des hommes sans papas,
Sous les jupes des femmes…
Dans le cou des femmes,
Colliers-chou,
Colliers-cou
Coulliers-sous…
Femmes éternelles,
sexes et sangs,
sangs des menstrues
sangs des couches,
matrices intemporelles,
Femmes….
Mireille Jean-Gilles présente un texte, qu’elle avait écrit précédemment pour une revue féminine « Avril », celui-ci livre en réalité son point de vue sur
les journaux féminins. Elle s’insurge sur les revues qui vantent une beauté marchande, celle qui s’étale pour nous faire consommer des cosmétiques et
des accessoires en tout-genre, allant jusqu’à présenter la beauté féminine elle-même comme un objet de consommation. Car le journal Avril ne
tombait pas dans cet écueil.
Serge Troudart souhaite lancer un débat sur les énergies en Martinique. Les énergies fossiles ne sont-elles pas à remplacer par des énergies
renouvelables ? Ne peut-on pas à la Martinique développer le solaire, l’énergie éolienne, l’énergie géothermique, l’énergie maréthermique, la
biomasse ? Doit-on faire du solaire sur les terrains agricoles ? N’y-a-t-il pas d’autres solutions ?
On peut tout imaginer, car c’est notre Martinique
que nous construisons…
Imaginez…
Imaginez une île qui ressemble à nos rêves,
Imaginez une île dont nous sommes fiers…
Imaginez que le monde entier vienne nous voir pour apprendre nos savoir-faire…
Imaginez que la Martinique est,
Ce que vous imaginez…
Et cela pourrait arriver,
Tchimbé lespri-ou.
Car enfin, comme l’a dit Joby
Cé lespri-cow-ki-mèt-cow.
Monchoachi prend la pawol.
Sept questions sont évoquées,
Consommer sans fin
Progrès sans fin
Travail sans fin
Sans fin sans racines
Discours, sans fin
Démocratie, sans fin
Colonisation, sans fin….
Mais on peut enfin imagine leur fin…
Ne faut-il pas s’affranchir de ces idées qui gangrènent notre monde actuel ?
S’affranchir de cette vision qui consiste à traiter l’homme, le produit de son travail, sa parole, produit de son esprit, comme des choses, des
marchandises ?
Ne doit-on pas s’affranchir de cette course effrénée au progrès technique qu’on croit encore trop souvent facteur de bonheur ?
Ne doit-on pas se détacher définitivement de l’idée folle de vouloir dompter la nature ?
Car enfin l’idée même de progrès doit être repensée, n’est-ce pas qu’une illusion ?
Ne doit-on pas s’affranchir de l’idée de propriété, proprement occidentale ?
Cette idée folle qui consiste à prétendre que la terre qui est un bien collectif,
appartient exclusivement à certaines personnes ?
L’esprit du chamane amérindien Davi Kopenawa,
Plane sur le Pitt…
Ne doit-on pas s’enraciner dans notre réel,
Dans un réel qu’on construirait avec notre Esprit,
Avec nos esprits,
Avec nos Zémis ?
Pa kité-co-zot mo
Pa kité-lespri-ou-mo.
Cé lespri-kow- ki mèt.
Marie-Line Mouriesse-Boulogne