La culture américaine s’est structurée autour de quelques notions majeures, comme le self-made-man ou l’Amercian way of fife. Passage en revue.
L’individu : du self-made-man au self help
L’Amérique est une terre de pionniers. à la différence des États européens qui se sont construits par le haut, l’Amérique s’est construite par le bas. Les premiers colons qui se sont installés ne pouvaient attendre d’un État ni travail ni protection. L’initiative individuelle joue donc un rôle central dans l’esprit américain. Il s’exprime dans la figure héroïque du self-made-man et dans l’idée du « do it yourself ». L’individualisme se retrouve autant dans l’esprit des sciences sociales (la microéconomie) que dans la psychologie du « self help » (développement personnel)
La communauté : la race et l’ethnie
L’Amérique est une terre d’immigrants. Qu’ils aient été déplacés sous la contrainte (l’esclavage des Noirs) ou se soient embarqués pour des raisons économiques et dans l’espoir de changer de vie, les immigrants européens (Italiens, Irlandais, Grecs, Juifs d’Europe de l’Est) ou asiatiques (Chinois, Coréens) se sont regroupés en communautés. De là une composition particulière de la ville en communautés ethniquement homogènes. De là aussi l’importance des notions de race, d’ethnie et de communauté (« community ») dans la représentation de la société.
La religion : In God we trust
L’Amérique est terre de religion. Les premiers colons étaient des quakers (des protestants radicaux venus de Grande-Bretagne pour fonder une « nouvelle Jérusalem »). L’esprit religieux a toujours été l’un des fondements de la nation. Cette religion protestante est fondée sur la liberté pour chaque culte et est rétive à l’idée d’une l’Église monolithique. L’Amérique est la terre de la Bible (Bible belt), des Églises, des sectes, des prédicateurs, des born again et du goût pour les sermons et la rédemption. L’esprit religieux se retrouve dans la « religion civile » américaine (un esprit nationaliste imprégné de religiosité).
La liberté : du libéral au libertarien
L’Amérique s’est toujours voulue une terre de liberté : le libéralisme économique vante l’esprit d’entreprise et le rejet de l’intervention de l’État. L’esprit libéral n’a pas la même signification qu’en français : « libéral » signifie aussi « progressiste » en matière de mœurs et d’opinion. La liberté est aussi celle de voyager, de circuler associée au goût pour les grands espaces, au mythe du cow-boy solitaire, au vagabond mystique et jusqu’à l’anarchisme des libertariens.*
Ces visages de la liberté imprègnent profondément toutes les sciences sociales, la philosophie et la littérature américaine.
L’esprit d’entreprise et le pragmatisme
L’Amérique est la terre des « business men ». En matière philosophique, cette tendance se traduit par un moindre goût pour l’esprit de système (à l’allemande) et l’esprit cartésien (à la française). Le savoir doit être tourné vers l’action pratique : cet esprit se retrouve dans le pragmatisme, brocardé par Bertrand Russell en son temps : « L’amour de la vérité est obscurci en Amérique par l’esprit du commerce dont le pragmatisme est l’expression philosophique ».
Le rêve américain
Le « rêve américain » a conduit des millions d’immigrants à voir l’Amérique comme une terre promise. Les ascensions d’hommes d’exception comme John Rockefeller, Arnold Schwartzenegger et même Barack Obama incarnent ce rêve d’une réussite personnelle par le travail et le mérite.
Le rêve américain prend aussi le visage plus démocratique de l’Americain way of life, promu par Hollywood : le modèle d’une famille unie vivant dans une jolie maison entourée d’une pelouse, avec une belle voiture et de beaux enfants qui iront à l’université et pourront accéder à leur tour à la « bonne vie ».
L’Amérique conquérante : la foi en la mission
Le mythe de la « destinée manifeste » (« manifest destiny ») attribue à l’Amérique un rôle d’exception : celui d’exporter la démocratie et la liberté dans le monde. La doctrine est apparue dans les années 1840 pour légitimer la conquête de l’Ouest, l’assimilation des Indiens et des peuples voisins.
Au cours du XXe siècle, le président Woodrow Wilson (de 1913 à 1921) attribue à l’Amérique une mission universelle : « Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde. » Les présidences de Bush père et fils ont aussi été inspirées par cette vision.
L’expansionnisme américain a toujours été un mixte entre l’intérêt économique et l’idée de mission civilisatrice, teintée de paternalisme.
Rebelles : l’autre visage de l’Amérique
La contestation de l’ordre dominant a toujours existé en Amérique, sous deux formes différentes : individuelle et collective. La première est incarnée par des esprits rebelles et solitaires comme le philosophe David Thoreau ou l’écrivain Norman Mailer. La seconde est celle de communautés contre-culturelles underground qui préfèrent construire leur monde parallèle plutôt que de s’attaquer directement au système. Restent enfin les mouvements collectifs comme le Mouvement des droits civiques aux États-Unis (Civil Rights Movement), l’American Indian Movement, la Gay Liberation Movement, Mais étant de fait des minorités, ils furent toujours condamnés à rester minoritaires.