Bondamanjak

« Lanceurs d’alerte, journalistes, médecins et inspecteurs du travail : où êtes-vous ? Que faites-vous ? »

Décidément…ce 03 octobre 2024 a tout pour devenir un jour historique bivalve. Nous venons de recevoir ce texte qui est l’émanation d’un sale malaise abyssal au sein de Collectivité Territoriale de Martinique. C’est grave. Pire cela devient invivable dans un univers républicain. Il est important que les violeurs de raies soient à l’arrêt.

Nous, travailleur, travailleuse et fonctionnaires pointés du doigt par les uns, ciblés par le pouvoir en place, nous travaillons au service de tous et toutes, sans distinction aucune. Nous oeuvrons dans bien des domaines (éducation, culture, santé, environnement, services sociaux, routes, soutien économique, etc), sans recherche de profit et surtout sans profitation. Le souci du bien être collectif et du bien vivre nous anime et nous remobilise chaque jour.

Nous, travailleur, travailleuse et fonctionnaires de la Collectivité Territoriale de Martinique, affirmons que cette institution est l’émanation de la volonté populaire donc celle du peuple, et non celle de ses représentants élus et leurs fractions corrompues, et encore moins celles de leurs escadrons de protection. Un sentiment grandit en nous ; celui que nous sommes en pleine dérive. Ce constat nous plonge dans un sentiment de profonde impuissance.

Cette souffrance va croissant,  alors que la communication politique des élus et des directeurs généraux se répand continuellement sur les médias pour saturer les consciences. Aux « manettes du pouvoir » il est de bon ton de parler de transformation de l’administration, de performance et de qualité de vie au travail, mais, dans le concret, au quotidien, entre les murs de l’habitation, des agents sont malmenés  moralement et violentés physiquement.  « La Martinique avance »,  (ah bon ?!) dans l’opacité totale, la pénombre et l’effroi.

Comment avancer si les dirigeants sans vision prennent des décisions aberrantes, défiant le bon sens de ceux qui connaissent le terrain,  les harcelant,  les humiliant en public ou en privé ?

Comment avancer si certains cadres supérieurs méprisent et  malmènent leurs subalternes en les écrasant du poids insoutenable de la loi du silence, de leur perversion narcissique,  usant de moyens  plus ou moins subtils de semer la terreur comme méthode de management archaïque ?

Qui se préoccupe du nombre d’agents  en burn-out, en bore-out, des démissions, des mobilités forcées,  des AVC, des départs anticipés, des départs vers d’autres collectivités ?

Qui s’inquiète des effets néfastes de ces dysfonctionnements et délits managériaux sur la santé physique et mentale des agents en détresse ?

Qu’en est-il des suites à donner, des signalements et préventions effacés comme par magie, des dossiers classés et des parapheurs égarés ? 

Nous avons pleinement conscience que tout ceci coûte cher aux contribuables martiniquais, et contribue à la dégradation du climat social et de notre existence. Tout cela pèse lourdement sur nos épaules,  néo-esclaves que nous sommes de pratiques bafouant notre intégrité, notre humanité. 

Instance au service du développement du pays, nous sommes au regret de vous dire que le climat à la CTM est malsain, que les relations avec l’exécutif et sa direction générale sont plus que jamais empreintes de crainte, de méfiance et d’hypocrisie. A notre grand désarroi des directeurs aux agents de moindre catégorie, des hommes et des femmes sont agressés verbalement, recadrés, recasés, brisés ! Nos représentants syndicaux, supposés faire appliquer nos droits de fonctionnaires territoriaux, voient leurs rappels des dispositions légales  rejetés.

Pris pour quantité négligeable, intimidés, ils savent depuis une récente réunion intersyndicale qu’ils ne peuvent  remplir leur rôle sans risquer de subir des agressions physiques et racistes de leur employeur. La confiance est définitivement rompue ! Mais silence ! On tourne !  La magie du cinéma se diffuse au grand public, à n’importe quel prix. On tourne et on communique à tour de bras, à grand bruit de négociations sur la vie chère aujourd’hui et d’ Etats généraux hier, mais surtout à grand renfort de mal-être et de maltraitance.

Le mensonge aux lèvres, sans même ciller. La collectivité, locomotive du pays, multiplie les coupes budgétaires, pas de matériels ici, plus de budget pour les services, mais les recrutements externes vont bon train! Contre toute logique on débauche, on embauche même en pays étranger, pour mener à la baguette les titulaires martiniquais, souvent incapables et incompétents. C’est bien connu! 

On recrute les amis et alliés, les amis des amis, les alliés des amis, tant que ça reste dans l’intérêt de l’exécutif et de la Direction générale de l’exécution. On partage le gâteau, les larges salaires et les petits arrangements, on recrute par centaine tout en tuant à petit feu les agents maltraités et placardisés  : les « 200 sans affectation » qui, pour beaucoup d’entre eux et elles, isolés, se battent depuis longtemps pour être respectés.

On communique, sur-communique pour que s’impriment les mensonges transformés publiquement en vérités, avec l’aide des complices. On joue au « ich méchant », au  » Bad boy » devant les caméras, on bombe le torse devant les plus faibles et les plus couards, sourire mielleux aux lèvres. On prône la culture d’entreprise collective et le respect de tous, des ancêtres aussi : « tout moun sé moun ». Dans le même balan, on berne dans tous les sens, les hauts placés comme ceux d’en-bas. On cache, on ment pour ne pas se faire taper sur les doigts, ou pour rester dans les bonnes grâces de Monseigneur et de sa cour. Et qui trinque au final ? Le pays…

Le pays va mal.  Notre pays va mal.  La violence s’installe de haut en bas, et en profondeur. Du nord au sud et d’est en ouest. Mais l’impunité reste une qualité réservée exclusivement aux élites, aux élus, aux « supérieurs »… à ce qu’on dit. 

Alors que font ceux qui ont le devoir d’enquêter et sont censés avoir le courage de révéler ? Pas de lever de bouclier. Si peu « d’élus » s’insurgent, dans un silence assourdissant ! 

La vérité a besoin d’aide quand elle est étouffée, foulée aux pieds, injuriée, étranglée ! Le mensonge et l’impunité rôdent « au service des pouvoirs politiques et économiques totalement imbriqués ». 

Où êtes-vous lanceurs d’alerte, journalistes, médecins et inspecteurs du travail, en vos qualités de défenseurs des droits, que faites-vous pour nous aider à sortir de cet engrenage ? La Vérité a besoin de vous, le pays à besoin de vous, et nous aussi…

Une travailleuse et un travailleur en souffrance à la CTM