L’armée indigène, La défaite de Napoléon en Haïti est sorti premièrement chez la maison d’édition Lux. Il est maintenant réédité par les Éditions de l’Université d’État d’Haïti et sera disponible à Livres en folie au prix de 500 gourdes.
En septembre 2014, la Toile s’enflamme. La défaite de l’armée napoléonienne lors de la bataille de Vertières sort finalement des placards de l’oubli. Jean-Pierre Le Glaunec, historien et professeur d’histoire d’Haïti et des Amériques noires à l’université de Sherbrooke à Québec, revient sur ce sujet brûlant, totalement occulté de la mémoire collective française et de l’histoire de l’ancienne métropole.
Même un média de l’Hexagone ose en parler. TV5Monde, en effet, accorde quelques minutes d’antenne à l’historien dans l’émission 64’ animée ce jour-là par Mohamed Kaci.
Le Glaunec est catégorique: « A la nuit du 18 novembre 1803, la plus belle colonie du monde atlantique français, le rêve napoléonien s’effondrent […] Toute l’idée esclavagiste, le dogme de la race est battu en brèche. » Tels sont les propos que tient le chercheur sur le plateau de 64′.
Cela, l’historien Thomas Madiou l’a bien relaté dans ses volumes sur l’histoire d’Haïti et l’élève haïtien le sait trop bien. Le mot Vertières n’existe pourtant nulle part dans l’histoire ni dans la mémoire française. Le nom de Vertières n’apparaît dans aucun dictionnaire de langue française, ce en dépit même du fait qu’il se pourrait que les luttes qui ont conduit à la liberté de la France en 1794 aient été inspirées par le soulèvement des esclaves à Saint-Domingue.
Des hommes et des femmes qui n’ont pas attendu qu’on leur apporte cette liberté, mais sont allés vers elle. « Dans cet ouvrage, Jean-Pierre Le Glaunec décrit la violence inouïe de cette guerre entre maîtres et anciens esclaves, entre les forces des généraux Leclerc et Rochambeau et l’armée, dite indigène, de Jean-Jacques Dessalines. Il interroge le sens de son occultation par l’historiographie française, mais aussi le rapport double que l’élite haïtienne entretient avec sa mémoire, symbole d’émancipation parfois encombrant pour qui désire maintenir les populations asservies. Il ne suffit pas à l’événement d’avoir eu lieu pour s’inscrire dans la mémoire, il faut aussi qu’un pouvoir l’institue, le valorise. Les pouvoirs s’accommodent de ce qui est récupérable.
Vertières, dernière bataille qui consacre l’aboutissement d’une révolution anticolonialiste, antiesclavagiste, antiraciste, porté par deux des révolutionnaires les plus radicaux de l’armée ‘’indigène’’… est le tombeau militaire d’un régime inhumain, d’une invention raciste. C’est aussi pour cela que, pour l’Histoire rédigée du lieu de la Bibliothèque coloniale, Vertières n’existe. » Un résumé succinct qui ouvre toutefois un large spectre sur le sujet d’après l’étude de Le Glaunec.
Dans le communiqué que les Éditions de l’Université d’État d’Haïti a acheminé à la rédaction du journal, Lyonel Trouillot, dans la préface qu’il signe pour L’armée indigène, La défaite de Napoléon en Haïti, se prononce en ces termes : « Le livre de Jean-Pierre Le Glaunec est un coup de poing dans le silence et la première tentative de donner la place qu’elle mérite à une victoire volée. » Sur l’auteur Jean-Pierre Le Glaunec est agrégé d’anglais, docteur en études américaines. Il est actuellement professeur à l’Université de Sherbrooke, où il enseigne l’histoire des États-Unis, d’Haïti et des Amériques noires.