Nous, insulaires, sommes particulièrement sensibles aux « histoires d’avions ». Nous avons tous des souvenirs douloureux (crash du 16 aout…).
Les insulaires sont obligés de prendre l’avion.
Le fameux Boeing 737 Max, nous l’avons pris de nombreuses fois vers les USA, le Canada et toutes les destinations proches.
Et si nous avions pris des risques sans le savoir ?
Avant même les conclusions de l’enquête sur les deux crashes de Lion air et Ethiopian Airlines, on peut se poser cette question.
Cet avion vole à la verticale.
Cette vidéo montre un 737 Max lors d’un salon aérien. A l’époque Boeing voulait « en mettre plein la vue » aux futurs acheteurs. L’avionneur américain a opté pour une démonstration spectaculaire : jugez plutot.
Vu sous un autre angle c’est aussi spectaculaire (voir plus bas) : l’avion monte à la verticale et à la fin du mouvement, passe en « zéro gravité ». En haut de son ascension, il « décroche » et retombe vers le sol (ce moment est indiqué dans la vidéo). Comme dans l’espace, Mais ici ce sont des pilotes d’essai qui avaient répété la manoeuvre.
Cette manoeuvre spectaculaire, révèle une force et un handicap de cet avion. Il est « mal » équilibré. Il a une tendance néfaste à monter trop vite ! Il est instable.
Pourquoi ?
L’argent.
Le 737 est un avion de 1967, avec une structure qui a été sans cesse améliorée, modifiée etc… Et c’est juste pour une question d’argent : au lieu de construire une nouvelle structure, Boeing « augmente » l’ancien 737 pour éviter des couts de design, de tests, de certifications et d’entrainement des équipages…
Les changements sur l’avion étaient jugés « mineurs » : cabine plus large, fuselage plus long… mais le Max c’est autre chose.
Le 737 Max possède des moteurs énormes qui normalement ne peuvent pas être montés sur un si « petit » avion.
Ils sont simplement trop gros, il n’y a pas assez d’espace entre l’aile et le sol pour les placer.
Les ingénieurs ont eu une idée : et si on mettait les moteurs DEVANT l’aile et non SOUS l’aile.
Et voilà le travail ! Remarquez sur cette photo, les moteurs dépassent au dessus des ailes.
Cette modification des moteurs et la sur-élévation des roues avant deviennent un problème.
Le centre de gravité de l’appareil n’est plus le même.
Si jamais le pilote doit manoeuvrer brutalement en relevant le nez, tous les éléments placés à l’avant, dont les moteurs, accentuent la montée de l’avion. La vidéo de démonstration en est une preuve éclatante de cette « capacité ».
En aviation c’est un changement significatif de comportement.
Ce 737 Max souffre d’une instabilité aérodynamique induite qui peut provoquer un … décrochage.
Et quand il « décroche » l’avion peut simplement tomber du ciel comme une pierre… car ses ailes ne le portent plus. Dans la vidéo ci-dessus c’est l’instant « zero gravity ». Le 737 redescend brutalement car l’avion n’est plus porté.
Les ingénieurs de Boeing on eu une idée pour régler ça.
Et si on masquait le problème ?
Il suffit de programmer un logiciel pour « surveiller » que les pilotes ne mettent pas l’avion dans cette situation.
Pour ne pas trop dépenser d’argent : et si on faisait reposer cette surveillance sur 1 ou 2 senseurs ? …et pas trois. Il n’y a pas de petites économies !
Et puis, ce n’est pas la peine d’en parler aux pilotes. Si on en parle il faut imprimer des manuels. Il faut payer des milliers de cours…
Un dollar est un dollar ?
Et puis pour vendre c’est mieux de dire que ces milliers de pilotes de 737 peuvent continuer à voler car l’avion 737 Max est le même…
La solution a été le MACS, un logiciel invasif capable de « prendre la main » sur le pilote et de redresser l’avion en cas de décrochage. L’ordinateur ordonne alors au stabilisateur horizontal de descendre. Ce sont les petites ailes à l’arrière du fuselage, petites mais puissantes.
Ces « ailettes » mobiles sont actionnées par un système hydraulique implacable. Le pilote qui tenterait de contrer cette pièce ne gagnerait jamais. voir les 10 premières secondes de cette vidéo :
Sur le papier l’ordinateur qui compense c’est une bonne solution. Mais -visiblement – dans la vraie vie c’est une catastrophe.
– Pour Lion Air et Ethiopian Airlines l’ordinateur aurait pris le contrôle de l’avion, suite à des informations erronées des senseurs. Il pensait que l’avion allait « décrocher »… l’ordinateur a alors forcé l’avion à redescendre alors qu’il ne fallait pas. Les pilotes paniqués tirent sur le manche pour remonter. L’ordinateur répond en faisant descendre le nez… et cela donne cette courbe affolante, où l’on voit un pilote qui lutte pour sa survie contre son avion fou :
Les pilotes n’avaient aucune chance d’empêcher la fin tragique : chaque fois qu’ils faisaient remonter l’avion, l’ordinateur accentuait la descente, en réaction.
Boeing est responsable de son sort :
– Boeing n’a jamais indiqué aux pilotes comment « reprendre » l’avion en mains. Car c’est pourtant possible !!! En réalisant une manoeuvre contre intuitive, qu’aucun pilote ne fera jamais sans être entrainé.
– Boeing savait que le logiciel avait un problème depuis le crash de novembre 2018. Mais a pris du temps pour distribuer une solution : le gouvernement américain a été fermé pendant un mois en janvier, et Boeing avait peur de « semer la panique » dans ces clients.
Donc nous sommes face à une gestion capitaliste d’un problème grave. Les enjeux sont tellement énormes que le gouvernement américain a couvé son industriel mis en danger par un choix d’économie de bouts de chandelle. , 4000 appareils 737 Max sont en commande.
Tout cela a été payé au prix de plus de 300 vies.
Dans ce système capitaliste, mené par l’argent, le 737 Max revolera. Il deviendra un « succès » commercial.
Ces avions co-pilotés par ordinateur ont déjà connu des drames.
Le premier d’entre eux, l’Airbus A320, en 1988 lors de son PREMIER vol avec passager n’a pas réussi à remonter lors d’un passage au dessus de la piste d’un meeting aérien à Mulhouse. Une femme et deux enfants trouveront la mort. Toute la séquence a été captée en vidéo, et depuis une polémique fait rage. Airbus et le gouvernement ont couvert l’avion tout nouveau et sa conception. Les pilotes, hyper qualifiés, ont eu le mauvais gout de survivre et ont déclaré : « nous avons remis les gaz, l’avion n’a pas réagit »… C’était le début de la lutte des pilotes contre les ordinateurs…
VOIR AUSSI
Cette vidéo (ci-dessous) vient aussi renforcer notre sentiment sur cet avion… elle reprend les mêmes arguments avec quelques précisions supplémentaires. Boeing savait, le problème était connu depuis longtemps.