La CARICOM ou la Coopération Anale Régionale Interdite au sein des COMmunautés : une version restrictive du libre-échange
La Martinique a récemment intégré avec une fierté non simulée la CARICOM en tant que membre associé, célébrant ce tournant comme une victoire diplomatique majeure et une avancée dans la coopération régionale caribéenne. Dans les discours officiels, on parle de « synergie », de « circulation des biens et des idées », de « mutualisation des forces ». L’image est aussi belle qu’une carte postale de Sainte-Anne. Mais comme souvent, la façade dissimule mal les fissures (anales).
Un fait pour le moins gênant et troublant : plusieurs États membres de la CARICOM (Grenade, Guyana, Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, et tout récemment Trinidad-et-Tobago) interdisent encore certaines pratiques sexuelles entre adultes consentants, privant la population de certaines libertés fondamentales, notamment celle de s’aimer, élargir le cercle de ses amis (et de s’ensemencer) comme bon leur semble.
Dans ces Etats caribéens, la sodomie y est un crime.

Le 25 mars dernier, la Cour d’appel de Trinidad-et-Tobago, après d’âpres débats sexuels, a confirmé que cette pratique, peu importe l’orientation sexuelle des personnes concernées, reste un délit passible de 5 ans de prison. (10 ans pour d’autres Etats membres de la CARICOM)
Autrement dit : dans ces États, on peut librement échanger des marchandises, mais pas des caresses trop poussées dans les fesses.
Cette contradiction nous interroge : quelle est la véritable nature de cette « coopération » ? Peut-on sérieusement parler de libre-échange quand les libertés individuelles les plus élémentaires sont niées ? Et plus encore, que cache cette obsession pour le contrôle des corps, pendant qu’on déroule le tapis rouge aux logiques néocoloniales de dépendance économique ?
Ici, chez nous en Martinique, au pays des doigts dans l’homme noir, on connaît bien cette position :
– dos courbé devant les institutions,
– fesses offertes aux programmes d’aide conditionnés,
– genoux usés à force de supplier pour des miettes de souveraineté.
Et si la véritable sodomie n’était pas celle que l’on interdit dans les lits, mais celle que l’on inflige aux territoires sous couvert d’accords de partenariat ?
La « Coopération Anale Régionale Interdite au sein des COMmunautés », comme on pourrait l’appeler, n’est qu’un reflet de cette schizophrénie politique : interdire la pénétration intime tout en légitimant la pénétration économique, morale et institutionnelle sans vaseline.
Les zizigotos de la CTM peuvent continuer de fantasmer sur la relance démographique et s’interroger sur la baisse de la fécondité comme s’ils étaient en mission sacrée : on ne serait pas étonné de les voir interdire demain les petits chemins boueux sous couvert de repeupler notre territoire en déclin. Mais peut-être qu’avant de s’inquiéter de ce que les gens font avec leur cul, on pourrait se pencher sur ce que l’on fait, collectivement, avec notre souveraineté.
Et si on abolissait la seule sodomie qui fait vraiment mal aux territoires ultramarins ?
Celle qui nous laisse sans voix. Sans choix. Sans joie.
En vrai, ce ne serait pas si mal, ça ?