En raison des difficultés de trésorerie qu’il rencontrait, Images d’ailleurs était en redressement judiciaire. Cependant, son responsable, suite aux efforts fournis depuis un an, espérait obtenir de la justice l’adoption d’un plan de continuation et maintenir le cinéma en activité quelques années encore. Mais ses espoirs sont partis en fumée lorsque le commissaire et le juge en charge du dossier lui ont révélé que le CE de la Caisse d’Epargne leur avait fait parvenir un courrier les informant qu’il souhaitait expulser son locataire. « Un coup de couteau dans le dos », estime M. Panou qui regrette amèrement d’avoir livré au propriétaire, lors de la rencontre au CNC, le détail de ses démêlées avec la justice et les noms de ses interlocuteurs. Le 29 mai, la liquidation d’Images d’ailleurs était prononcée par le tribunal de Paris.
Mais Sanvi Panou n’entend pas se laisser abattre. « Je vais mobiliser tous les réseaux culturels noirs, prévient-il. Il faut que certaines cultures s’organisent pour leur visibilité en France et prennent conscience que cette affaire n’est pas liée seulement à la survie d’une salle mais à une dynamique culturelle ». Il veut mettre sur pied un Comité de défense d’Images d’ailleurs. Une initiative saluée par l’actrice guadeloupéenne et conseillère municipale de Paris, Firmine Richard. « Il faut aller partout pour que les gens réagissent, déclare-t-elle. Il faut vraiment taper un bon coup pour qu’on entende parler du problème. » Une médiatisation supplémentaire que ne devrait pas apprécier la Caisse d’Epargne, la Banque populaire et leur filiale Natixis, en délicatesse actuellement avec la brigade financière. Quelle que soit l’issue du bras de fer engagé entre Images d’ailleurs et son propriétaire, Sanvi Panou souhaiterait que cette affaire incite les Noirs de France à s’organiser pour qu’ils possèdent un lieu de culture, car, assure-t-il, « nous ne sommes rien si nous n’avons pas nos propres clés en poche ».