Déjà, la composition de son état-major c’est-à-dire de son cabinet fournira une première indication de son degré d’indépendance vis-à-vis du Président de la Région. S’appuiera-t-elle sur l’appareil de son parti Bâtir le Pays Martinique ou, au contraire, sera-t-elle contrainte d’accepter des collaborateurs issus du PPM ou de sa mouvance ?
Va-t-elle maintenir les directeurs généraux et directeurs généraux adjoints, professionnels à la compétence reconnues, qui, pour certains ont servi un Conseil général présidé tour à tour par Emile Maurice (RPR bon teint à l’époque) et Claude Lise (d’abord et longtemps PPM avant de devenir RDM) avec la même efficacité, la même implication, le même sens de l’intérêt général ?
Ou va-t-elle s’aliéner leur expérience, leur connaissance, leur dévouement au service public au nom de l’intérêt supérieur du truc pour une Martinique nouvelle, cache-nez d’un PPM revanchard ?
Les déclarations de Serge Letchimy dans le journal font froid dans le dos.
Déjà, après avoir lancé un leurre en claironnant que la Présidente Manin était libre, c’est lui qui détermine et annonce les priorités du Conseil Général. Cette attitude ne sera pas sans conséquence sur la suite des évènements puisqu’elle le pose comme patron des deux assemblées ce qui crée une situation hégémonique, malgré les dénégations entendues ici ou là.
Il est indéniable que le déplacement du centre de décision du Conseil Général, de l’avenue des Caraïbes au Plateau de Cluny, entraînera la dilution de la personnalité propre du Conseil Général, devenu inféodé au Conseil Régional. Cette situation nouvelle va créer un inconfort majeur au sein de l’administration départementale et aura forcément des répercussions sur son efficacité et son adhésion au projet de la nouvelle présidente.
La crédibilité historique de Josette Manin sera mesurée à sa faculté à dire non et à conserver l’indépendance du Conseil Général dans un contexte très particulier alors que le pays avance à l’aveuglette à quelques mois d’une évolution institutionnelle majeure. Une révolution qui va voir fusionner les deux institutions.