L’assemblée générale du CRAN s’est tenue le week-end dernier à Paris. A l’ordre du jour : la présentation du bilan, l’élection des membres du Conseil d’Administration, des membres du bureau et du président. Mais les militants en ont décidé autrement et l’AG s’est terminée sans que l’ordre du jour ait été épuisé. Plusieurs membres ont proposé des motions pour surseoir aux élections prévues et mettre en place un directoire provisoire afin que lumière soit faite sur les dysfonctionnements au sein de la fédération.
Ce qui a mis le feu aux poudres ? Deux plaintes pour détournement de fonds et diffamation. L’une a été déposée par Patrick Lozès, président du CRAN, contre Edouard Nduwa, ancien secrétaire général ; l’autre par l’ancien secrétaire général contre le président. Des chèques auraient été émis pour un montant total compris entre 19 et 21 000 euros sans justificatif.
Au cours de la réunion, plusieurs membres du CRAN ont interrogé le président sur ces comptes bien sûr, mais également sur la gestion et l’organisation « autocratique » du mouvement ainsi que sur son manque d’assise populaire. Pour couper court aux rumeurs d’embourgeoisement, Patrick Lozès a tenu à rassurer l’assistance : « oui, comme vous, il m’arrive de prendre le métro ». Le président s’est par ailleurs félicité d’avoir introduit un changement dans la définition du mot « colonisation » dans le Petit Robert. Mais les comptes présentés ont semblé fort peu précis.
De toute évidence, le bilan avait été très peu préparé et Patrick Lozès et son équipe ne souhaitait qu’une chose : que l’assemblée en vienne rapidement à l’élection avec l’espoir d’être reconduit pour trois ans. Et pour atteindre ce but, les partisans de Patrick Lozès ont tenté d’empêcher le vote du bilan par les personnes physiques membres, arguant que seules les associations étaient autorisées à voter. Or, cette interdiction ne figure ni dans les statuts ni dans le règlement intérieur. De plus, les associations membres, à peine trente, sont largement minoritaires au sein de la fédération. Voyant la manœuvre, les militants ont quitté l’assemblée. Celle-ci devra être reconvoqué d’ici trois semaines. D’ici là, la situation est bloquée. Mais, mon petit doigt me dit que Patrick Lozès qui n’a d’autre légitimité que son titre de président du CRAN a du souci à se faire quant à son avenir politique.
Julia Steward