Voilà que le documentaire intitulé « Les derniers maîtres de la Martinique », diffusé sur une chaîne de télévision à grande audience, vient rappeler qu’il y a encore dans le groupe social se considérant comme la « communauté béké » quelqu’un qui puisse dire :
« Quand je vois des familles métissées avec des blancs et des noirs, les enfants sortent de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie, il y en a qui sortent avec des cheveux comme moi et d’autres qui sortent avec des cheveux crépus dans la même famille avec des couleurs de peau différentes, moi je ne trouve pas ça bien. On a voulu préserver la race » et, à propos de l’esclavage, que « les historiens exagèrent un petit peu le problème, ils parlent surtout des mauvais côtés de l’esclavage mais il y a eu un bon côté aussi c’est là où je ne suis pas d’accord avec eux, il y a des colons qui étaient très humains avec leurs esclaves qui les ont affranchis et qui leur donnaient la possibilité d’avoir un métier, des choses ». Ce qui rejoint la position de certains parlementaires qui avaient souhaité que l’on enseigne dans les écoles les aspects positifs de la colonisation.
Voici que le même reportage est l’occasion de présenter avec fierté un arbre généalogique indiquant la descendance commune sans « souillures nègres » des familles béké à partir d’un ancêtre commun, indiquant
l’unité de sang des membres du groupe.
En plus de l’indignation que suscitent les propos rapportés par ce reportage, les signataires de cet appel : Considérant que l’identité est avant tout une dynamique relationnelle orientée sur un projet collectif
et ne découle pas d’une communauté d’origine ni d’une position économique prédominante.
Considérant que la recherche du profit ne peut être le seul moteur de l’action économique et que celle-ci doit s’insérer dans un processus général d’épanouissement de l’être humain, de développement social et culturel, et de respect et de valorisation de l’environnement,
Considérant que l’épanouissement de l’être humain, le progrès social et culturel, le respect et la valorisation de l’environnement et non la recherche du profit à tout prix doivent être placés au cœur de l’action économique.
Estiment :
– Qu’il est temps d’en finir avec les identifications communautaristes fondées sur la race, le pouvoir économique ou l’influence politique.
– Qu’il est temps de favoriser l’émergence d’une identité collective en Martinique fondée sur la construction d’un projet de développement humain,
social, culturel, environnemental durable, basé sur une économie au service de l’homme.
– Qu’il est temps d’apporter des réponses à court et à long terme aux difficultés rencontrées par la grande majorité de la population confrontée au chômage, à la précarité et à l’exclusion.
Appellent les autorités publiques à condamner solennellement tous les relents de racisme et à mettre en œuvre les politiques publiques permettant de mettre enfin notre société en bon état de marche.
Appellent chaque citoyen à prendre en main son destin, en participant à la construction de nouvelles solidarités fondées sur le respect de soi et des autres seul garant du vivre ensemble.
Fort de France le 9 février 2009
Les signataires :
Eric CABERIA, Serge CHALONS, Christian JEAN-ETIENNE, Emmanuel JOS, Georges
MAUVOIS, Elise MAUVOIS, Simone MORNET, Gustavo TORRES…