Parmi les commentateurs, beaucoup mettaient en évidence les lacunes en matière de formation.Thierry FONDELOT, Président de la commission des sports au Conseil Régional et par ailleurs footballeur talentueux encore en exercice à l’Aiglon du Lamentin, confirment le diagnostic. De façon fort lucide, il suggérait l’organisation d’états généraux, mais s’empressant d’ajouter que ce n’est pas au politique qu’il est de dicter la marche à suivre. Doit-on rappeler au Président de la
commission des sports que le rôle du politique est aussi de proposer, d’impulser, en définitive de contribuer à l’adoption de solutions de nature à remédier à un problème lié à l’intérêt général ? Donc, le constat fait par Monsieur FONDELOT l’engage. Toute inertie de sa part s’apparenterait à de la non-assistance à monument social en danger.
Si le rôle de l’élu est de s’impliquer, les dirigeants du football martiniquais ne sauraient s’exonérer de leurs responsabilités dans cet échec.
Ainsi, au départ de leur mandature, forts de leur slogan ; »football et société » , le Président de la ligue et son équipe ont donné l’impression de se saisir de l’importance de ce sport dans notre environnement.
Selon Monique Milia-Marie Luce et Tony Marty : « le football tout en se présentant sous les oripeaux d’un divertissement futile est en réalité une des matrices symboliques profondes de notre temps … une bagatelle pleine de sens en somme. »
A aucun moment, la ligue de football ne s’est donné les moyens d’incarner cette réalité. La Digicel Cup ne fait pas exception dans ce tableau .
En effet, aucune promotion digne de ce nom n’a été faite de la tenue en Martinique de cette compétition.
Une nécessaire mobilisation afin de sortir de l’ornière. Par ailleurs, la confusion, l’absence d’intérêt critique et de clarification concourent à déclasser ce sport.
Les membres principaux de la direction technique de la ligue ont exposé par médias interposés une vision déconcertante de notre football. La confrontation de deux prises de parole de Messieurs GERME et NISAS est édifiante. D’un côté, le CTR, dans une interview à France-Antilles datée des 24, 25 et 26 Décembre 2010 indique que le contexte international nous est défavorable. Il poursuit en mettant en cause les conditions d’entraînement et de préparation de nos footballeurs.
L’ex-sélectionneur, quant à lui, milite, à travers une interview consacrée à Sport Plus dans son n° 461 de la fin du mois de Janvier 2011 pour une vraie programmation relative à la formation des cadres, des joueurs, mais aussi des dirigeants. Guy-Michel NISAS enfonce le clou. De son point de vue, l’inorganisation est le problème majeur de notre football.
On imagine à la lumière de ces déclarations que le statu quo n’est plus envisageable.
D’autres éléments participent à l’assombrissement du tableau. En effet, la pensée et l’analyse critique semblent avoir désertées le football martiniquais
Quand la connexion se fait avec le monde intellectuel, le football devient le réceptacle de fantasme identitaire. L’appellation « Matinino » est en l’illustration.
Alors qu’il serait plus productif d’aider les différents acteurs du football à redonner de la consistance à cette activité.
Les médias ne sont pas exempts de reproches dans leurs rapports au football. Les relations complaisantes, les confusions des genres et l’absence d’esprit critique nourrissent l’immobilisme récurrent.
A l’évidence, la désaffection des stades, la violence endémique dans la catégorie de jeunes, les carences tant organisationnelles qu’en matière de formation, la persistance d’une confusion centrifuge appellent à la mise à plat du fonctionnement du football martiniquais. La convocation de tous les acteurs et sympathisants en états généraux devrait contribuer à donner du sens à ce sport.