L’an 2020 restera bien malgré lui, gravé dans l’histoire de l’humanité.
On retiendra qu’un monde immonde grisé par l’ère de la vitesse, la confiance en soi et le démon des «mon » a posé, après des voeux vains, un genou et même plus à terre à cause d’un simple virus… le covid-19.
La Martinique, elle, fera dans la mesure du possible, le triste constat de son errance qui dure depuis plus de trois siècles. 385 ans pour être précis.
Aussi les mots… indépendance, autonomie, gouvernance, ingénierie, régulièrement secoués comme des chachas émasculés, sont désormais les impalpables responsables de notre implacable irresponsabilité intégrée.
Bien malgré nous, nous sommes les meubles hic et ah, d’une nation qui s’attribue, un peu trop, le pompeux statut de pays des droits de l’homme.
Nos glaires politiques, des urnes sans burnes, n’échappent pas aux règles qui sévissent dans notre société du faux et du semblant. Pire, ils s’en accommodent comme des suceurs de raies publiques. Des tiques sans aucune éthique. De polis joueurs de Monopoly.
Il est bien loin ce 6 décembre 1987 où des martiniquais empêchaient la souillure de leur terre en interdisant à un certain Jean-Marie Le Pen d’atterrir sur la piste de l’unique aéroport du territoire. Histoire de préserver la fragile et poreuse sanité de l’esprit insulaire.
Aujourd’hui, 33 ans plus tard, où sont ceux qui avaient abandonné le hamac pour défendre le tarmac ? C’est quoi le projet ? Où est leur progéniture ? Quid du futur ? Désormais, ici, les enfants des tigres naissent sans griffes ? Désordre génétique ?
Où est Alfred Marie-Jeanne ? Ce mythe errant, brillant comme une caïmite. Il est dans le couloir de l’amer ? Ils sont où ses héritiers ? Ça me rappelle une chanson de David Koven qui a les moyens de me faire pleurer. Ne me dit rien…
Oui… la Martinique est plus que jamais un pays factice. Pesticide.
Le covid-19 avide démontre notre vide. Aucune anticipation. Aucune vision. Aucun projet sociétal sur l’étal. On vit le temps, l’instant comme un tant pis. Et ça va de mal en pis.
Pourtant, cette crise sanitaire aurait pu être une aubaine. Une occasion rêvée de démontrer que nous sommes les fruits mûrs et matures d’un torride coït mental entre Césaire et Fanon. Le awa vaut le an-an ?
Que nenni.
Nous ne sommes rien. Nous sommes la sombre ombre de nous-mêmes. Nous sommes de piètres mains tendues. Bien entendu. Des bouches. Des ventres. Des hanches, des fesses. Des vits des cons. Des lolo des koukoun. C’est ça la vie ?
Pire nous ne sommes pas un NOUS. Nous sommes des gens, des indigents, des indigènes sans gènes… pas un peuple. Une populace lasse. Hélas.
Antoine Crozat, Pierre Mesmer avaient raison. Ils ont eu raison de nous. Nous sommes des moins qu’eux. La bwanalisation de notre conscience arrive à un sommet qui défie les lois de notre propre déséquilibre. La Martinique est désormais un divan à ciel ouvert long de 83 km. I’m Alfred ? No… a Freud. Afraid. Schizophrénie effrénée. Encore une fois, le Martiniquais est un raté. Il est en train de rater une énième page de son histoire. Une fois de plus, elle lui échappe. Une histoire écrite par… les autres. 2020…??? Landjet manman l’an diète.
Comme quoi le kumquat.
gilles dégras