C’est une histoire incroyable qui met en lumière le manque de moyen de la justice française.
En 2011, nous avions parlé ici du meurtre de Claudy Elisor, un disc-jockey guadeloupéen, lynché par une dizaine de personnes, pour leur avoir refusé l’entrée d’une soirée qu’il organisait au Blanc-Mesnil.
Considéré comme le principal suspect, un jeune homme, Amadou F., 24 ans, avait été interpellé, peu de temps après, et écroué. En octobre dernier, Amadou F. et un deuxième meurtrier présumé avaient appris leur renvoi, dans les mois à venir, devant la cour d’assises de Bobigny.
Or voilà, hier soir (mercredi), à la surprise générale, Amadou F., a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Pourquoi ?? Eh bien parce que, tenez vous bien, il n’y avait plus… d’encre dans le fax du parquet de Bobigny.
Tout est parti de la décision, prise par le juge d’instruction, le 26 juin 2013, de prolonger le mandat de dépôt d’Amadou F. Ce dernier avait alors fait appel, via un fax expédié par son avocat.
Mais voilà le fax n’a jamais été reçu par la chambre de l’instruction, car il n’y avait donc plus d’encre dans son télécopieur. Conséquence ?? L’audience ne s’est pas tenue dans le délai légal de 20 jours.
« Le code de procédure pénale prévoit qu’en cas de dépassement du délai, la sanction est la remise en liberté immédiate du détenu », indique l’avocat d’Amadou F., « satisfait que le droit ait été appliqué », et certain que son client « ne se dérobera pas » à son procès, d’autant qu’il « se dit innocent ».
L’avocat de la famille de Claudy Elisor n’est pas du même avis: « Ma cliente et ses deux enfants attendent un procès depuis des années. Ils sont affligés, ils savent que maintenant il y a des risques de ne pas voir comparaître l’un des auteurs »