Les blessures de l’esclavage
– D’être dirigé par un autre noir
– d’être « trompé » par sa femme violée.
– – De subir les viols d’un homme puissant devant son compagnon impuissant qui ne la défend pas.
→ Cette blessure déclenche plus tard des comportements de repli sur soi, de protection en ne faisant pas confiance, en rejetant l’autre à la moindre contrariété, en ayant des comportements provoquant l’autre vers d’autres trahisons.
2) Je cite 3 blessures héritées que j’observe souvent chez les personnes ayant des ancêtres esclavagistes :
L’abandon :
Les esclavagistes ne pensaient pas que l’abolition de l’esclavage allait faire partir « leurs protégés » ceux qu’ils considéraient comme étant chez eux, qu’ils nourrissaient, logeaient…
→ Cette blessure provoque un sentiment constant d’insécurité qui déclenche un comportement de protection paranoïaque.
La trahison :
: A l’abolition, incompréhension de voir « leurs enfants, leurs proches » les abandonner.
→ Mêmes types de comportements que pour les descendants d’esclaves.
La culpabilité:
Consciente ou inconsciente d’avoir abusé, d’avoir exploité, d’avoir tiré profil d’autres hommes.
→ Cette blessure provoque un sabotage de sa vie surtout sur le plan affectif et une destruction de son corps dans des abus tel que l’alcool.
J’en cite 3 car pour moi ce sont les 3 que j’observe le plus. J’entends beaucoup trop de résonances sur les personnes descendantes d’esclaves ou d’esclavagistes que j’écoute pour que ce ne soit qu’une coïncidence.
Je ne donne jamais de conseils, j’écoute, j’entends, je répète les propos de l’écouté pour que la personne s’entende mieux.
Je ne donne jamais de conseils mais quand la demande d’aide est très forte, je propose à personnes écoutées un travail de restitution.
Restituer pour couper les chaines.
Ces chaines qui emprisonnent les descendants des esclaves et les descendants des esclavagistes.
Couper les chaines pour soi et sa lignée, pas pour une communauté, pas pour les autres lignées, car chacun fait son travail personnel pour chercher la paix pour soi,
J’entends souvent : Ils doivent demander pardon. Je n’ai jamais dit qu’il fallait demander pardon pour ce que nos ancêtres ont fait. nous n’en sommes pas responsables . Mais nous en sommes les recepteurs, les porteurs. Et pour couper avec ce lien, il y a un travail personnel de restitution à faire. Aussi bien chez les descendants d’esclavagistes que chez les descendants d’esclaves.
Pour pouvoir restituer, le premier travail est déjà de reconnaitre, sans stratégie politique comme ce que je ressens parfois chez certains. Mais reconnaitre et ressentir en soi, vivre en soi dans sa chair et dans son cœur ses émotions liés à ses blessures. Regarder chaque blessure et pouvoir la nommer. Les écouter et entendre que certains comportements sont déclenchés pour faire résonance ou pour faire taire ses émotions liés à ses blessures.
En regardant et en acceptant chaque blessure, un renoncement naturel se fait sur ses comportements, croyances, fidélités mis en place inconsciemment. En accomplissant cette première étape, une sérénité envahit celui qui peut enfin regarder en lui ce qu’il ressent.
Pour restituer, ensuite accepter ses peurs et ses désirs car briser ses chaines c’est aussi accepter les changements, changements d’attitude, changement de mode de vie, changements de mode de pensée.
Pour restituer, c’est reconnaitre pour soi de manière individuelle et non collective ce que chacun porte en lui comme blessures, en parler et déposer chacun symboliquement un objet représentant chaque blessure : Rendre l’objet symbole de la blessure dans un lieu symbolique. A chacun de rendre à ses ancêtres, ce qui lui a été donné par eux et que chacun porte en soi.
J’entends souvent : Ils doivent demander pardon. Qui a instauré l’esclavage ? Qui l’a rendu légal ? La communauté béké ? Non ! C’est l’état français. C’est donc au représentant de l’état de faire l’acte symbolique de demander pardon à tous les descendants d’esclaves. D’après toutes mes lectures,ce sont les français de France qui ont le plus joui « de la profytatyon »!
C’est aussi à un représentant de la communauté des békés qui le souhaite, sincère , de reconnaitre de manière authentique, que leurs ancêtres ont été complices et auteurs d’un crime contre des hommes noirs en les enchainant, en les soumettant et en les exploitant.Cet homme aura fait un travail personnel de restitution pour lui et sa lignée avant cela.Cet homme inspirera la confiance et aura confiance dans les autres communautés.
Les associations qui proposent la paix comme « tous créoles » ne sont pas acceptées par une majorité de descendants d’esclaves. Elles sont critiquées de manière parfois violente. Normal, pour moi puisque ce n’est pas un groupe s’adressant à un autre groupe qui pansera les plaies mais un individu en paix qui proposera la paix à un autre individu qui à son tour le communiquera à quelqu’un d’autre…Et la paix collective pourra se faire.
Alors arrêtons s’il vous plait tous ces cinémas collectifs et commençons chacun individuellement par chercher la paix en nous avant de la proposer à l’autre. Commençons à changer individuellement avant de vouloir faire changer les autres.Arrêtons de nous pourrir les uns et les autres , noirs, marrons,békés, mulâtres, chabins, beiges, coolies. regardons les blessures que nous portons en nous et avançons ensemble.
J’assume mes propos et ils ne sont que de ma responsabilité, pas celle du groupe AVE.
Aisha Ghanty, militante pour le respect de tous, et pour la paix pour tous !