1.600 enfants de La Réunion avait été déplacés en métropole dans les années 60 et 70. Une résolution symbolique a été votée par l’Assemblée.
L’Assemblée nationale a reconnu mardi 18 février 2014 la « responsabilité morale » de l’Etat dans la migration forcée de plus de 1.600 enfants réunionnais, vers 64 départements ruraux de l’Hexagone, dans les années 60 et 70.
Présentée par le groupe socialiste, cette résolution symbolique et mémorielle, relative aux « enfants placés en métropole », a été adoptée par 125 voix contre 14. Toute la gauche (PS, Écologistes, PRG, Front de gauche et divers gauche) a voté pour, l’UMP contre, tandis que l’UDI n’a pas pris part au vote.
Une plainte contre l’Etat
Cet exil forcé était l’un des volets du Bumidom, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer. Créé en 1963, cet organisme d’Etat voulu par Michel Debré, ministre du général de Gaulle, avait pour mission de solutionner « le problème démographique et social dans les départements ultramarins en organisant, favorisant et développant la promotion d’une émigration massive vers le territoire métropolitain », selon les termes de la résolution parlementaire.
Ces enfants déracinés sont parfois connus sous le nom des « enfants réunionnais de la Creuse » car celui par qui le scandale est advenu, Jean-Jacques Martial, y avait été placé en famille d’accueil chez des paysans.
En 2001, juste après avoir redécouvert qu’il avait une famille à La Réunion, Jean-Jacques Martial avait porté plainte contre l’Etat et demandé symboliquement un milliard d’euros de réparation pour son « enfance volée ».
La députée PS réunionnaise Ericka Bareigts, à l’initiative de la résolution avait déclaré :
« Il est grand temps en 2014 de faire ce travail de mémoire et d’en parler sans être dans un esprit revanchard ni de victimisation. »