Pour torpiller la création de l’Université des Antilles (#UA), lors de son récent passage à l’Assemblée Nationale Victorin #Lurel était prêt à tout. Le mensonge a été son tuba existentiel…
1. Victorin Lurel : J’en sais quelque chose, je ne parle pas hors sol, je suis également président de région et j’ai été brièvement enseignant à l’université. Au cours des dix dernières années, la région #Guadeloupe a mis 100 millions – je dis bien : 100 millions – dans l’université. Un campus a été inauguré par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Nous avons mis 35 millions sur ce que nous avons appelé une « université des métiers ». Nous avons financé treize laboratoires. Treize laboratoires ! Chaque année, alors que la Martinique apporte 300 000 euros, nous en apportons 3 millions.
Les faits :
Dans les dix dernières années, l’Université a perçu environ 15 millions d’euros de la Région Guadeloupe et environ 10 millions d’euros de la Région #Martinique.
2. Victorin Lurel : Je respecte le droit d’amendement des parlementaires, mais le Sénat a ajouté des dispositions en ignorant le contexte et l’équilibre politique sur lequel est fondé cet accord. Il ne faudrait pas le remettre en cause. Or, dans sa rédaction actuelle, le texte remet en cause l’esprit de l’autonomie. Certains de nos collègues voudraient enfermer, ex ante, l’élection dans un trio, dans un triangle. Quelque part, c’est avoir peur de la liberté. La vérité, c’est que c’est cette proposition qui crée une spécificité qui n’existe nulle part dans l’Hexagone. Il y a là comme un soupçon qui n’ose pas s’avouer : « Si on laisse faire là-bas ce qui se fait depuis toujours – et ce qui continuera de se faire en métropole, même après la loi Fioraso –, si la liberté s’exprime et s’épanouit, ils feront mal les choses, ils démantèleront l’université ».
On a affirmé, on a réaffirmé, on a martelé que l’on veut une université des Antilles. Je me suis opposé à ce que j’ai appelé des demandes « ayatollesques », sans vouloir aucunement dire du mal d’une religion. On s’est opposé à cela. Vouloir enfermer le dialogue ex ante, entre trois personnes, alors que ce dialogue doit être entretenu tout au long du mandat, c’est une erreur politique gravissime. Si la Guyane est partie, demain, la Guadeloupe, ou même la Martinique, pourrait partir.
Les faits :
La proposition n’existe nulle part dans l’Hexagone, parce que l’Université des Antilles est la seule universitaire à disposer de pôles universitaires régionaux dans la configuration que l’on connaît. A-t-on jamais vu une gouvernance avec trois têtes qui regardent dans des directions opposées ? A-t-on déjà vu une administration, une institution, quelle qu’elle soit, être dirigée par des personnes qui ne partagent pas globalement le même projet, la même vision ? Il est curieux que tous les partisans de l’Université de la Guadeloupe soient opposés au « ticket à trois ». Cela mérite d’être analysé : on fait semblant de vouloir l’UA, mais on met en même temps en place, les conditions de son éclatement.
3. Victorin Lurel : Mon cher collègue #Nilor, quand on demande de l’argent à l’État, c’est sur la base de 91 000 mètres carrés, mais quand on répartit les dotations, c’est sur la base de 81 000 mètres carrés : autrement dit, 10 000 mètres carrés disparaissent.
Les faits : Le modèle d’allocation SYMPA sur la base duquel sont calculées les dotations des universités, n’inclut pas la prise en compte des surfaces. Il est donc faux d’affirmer que l’Etat donne de l’argent pour un certain nombre de mètres carrés, quand le critère « surface » n’intervient pas directement dans la dotation.
4. Victorin Lurel : Pour que ce ne soit pas simplement une instruction comptable, il faut le graver dans le marbre d’un texte qui a déjà fait l’objet d’un accord politique, en disant que les surfaces et les équipements doivent être pris en compte. C’est conforme à l’équité, à la loi, à la justice et, si j’ose dire, au rayonnement ultérieur de cette université.
Je demande à la majorité, à l’Assemblée nationale, de respecter ce qui a été fait, les accords politiques passés et le travail du Gouvernement : les deux amendements qui sont présentés méritent d’être soutenus et de recueillir votre confiance.
Les faits : Il ne saurait être question de légiférer sur ce qui relève d’une compétence du conseil d’administration. Depuis quand des accords politiques sont-ils passés entre des présidents de région et un gouvernement, concernant l’organisation interne et le fonctionnement d’une université ? Cela voudrait dire qu’on accepterait d’inscrire dans le marbre une réalité fluctuante et mouvante et que désormais les présidents de région pourraient construire à volonté, sans concertation avec l’université, et que celle-ci serait tenue de prendre en charge la maintenance et les coûts générés par ce bâti régional cette disposition étant inscrite dans la loi.
5. Victorin Lurel : En soutenant le Gouvernement et en déposant les deux amendements dont je suis cosignataire, je n’invente rien : il s’agit de revenir au texte de l’ordonnance et de respecter les engagements politiques pris auprès d’un ensemble de personnes, de communautés, de syndicats et d’enseignants.
Les faits : Aucun engagement n’a été pris devant les syndicats et la communauté universitaire, puisque le texte de l’ordonnance n’a aucunement été soumis au vote du comité technique du 26 juin 2014.
6. Victorin Lurel : Une élection de vice-président a récemment eu lieu et M. Didier #Destouches a été élu, succédant à M. Didier Bernard, Guadeloupéen. Sur dix présidents, huit étaient martiniquais. Nous avons toujours voté pour les Martiniquais. Ce n’est pas un souci. En revanche, lorsqu’une majorité tyrannique fait qu’au moment même où je vous parle, comme le montrent les éléments publiés par la presse voilà une semaine à peine, le budget provisoire qui vient d’être établi se traduit par des crédits de 92 euros par étudiant en Guadeloupe contre 122 euros en Martinique, il faut que l’État exerce un contrôle de légalité, qu’il rétablisse les critères et exerce son droit de regard.
Les faits :
►Monsieur Didier Destouches n’a pas succédé à Monsieur Didier Bernard, mais à Monsieur Michel Geoffroy qui a démissionné de ses fonctions de vice-président de pôle. M. Bernard n’a fait qu’assumer l’administration provisoire du pôle, entre la démission de M. Geoffroy et l’élection de M. Destouches.
►Sur dix présidents, 5 présidents étaient issus du pôle Guadeloupe et 5 étaient issus du pôle Martinique.
Présidents de l’UAG issus du pôle universitaire de Guadeloupe :
Jacques ADELAIDE-MERLANDE : 1972-1977
Roland THESAUROS : 1977-1982
Jacques PORTECOP : 1989-1994
Jacqueline ABAUL : 1998-2001 (nommée rectrice en 2001)
Alain ARCONTE : novembre 2001-novembre 2006
Présidents de l’UAG issus du pôle universitaire de Martinique :
Philippe SAINT-CYR : 1982-1989
Jean-Claude WILLIAM : 1994-1998
Georges VIRASSAMY : novembre 2006-décembre 2008
Pascal SAFFACHE : janvier 2009-janvier 2013
Corinne MENCE-CASTER : depuis janvier 2013
► Qu’entend exactement M. Lurel par « majorité tyrannique » ? Fait-il ainsi allusion à la présidente Corinne Mencé-Caster et à son équipe ? Comment un député/président de région peut-il citer comme sources, le quotidien de l’île ?
Un budget provisoire est un acte banal dans la vie d’une institution. Il n’est que l’ouverture automatique de crédits sur la base du budget de l’année antérieure (n-1). Or le budget 2014, comme tous les budgets, n’a pas été arbitrairement décidé par la présidente de l’université, mais a bel et bien été voté par un conseil d’administration où siègent autant de membres du pôle Guadeloupe que de membres du pôle Martinique. Ce budget a naturellement été soumis avant sa présentation au conseil d’administration à l’approbation du recteur (contrôle de légalité).
Il est donc particulièrement mensonger de prétendre que ce budget aurait été sciemment construit au désavantage des étudiants guadeloupéens, comme si les membres du conseil d’administration du pôle Guadeloupe n’auraient pas eu leur mot à dire.
Par ailleurs, a –t-on jamais vu un président de région faire une telle ingérence dans les affaires de l’université et violer ainsi la loi de l’autonomie des universités, en demandant au gouvernement d’ « exercer un droit de regard » sur l’Université des Antilles, mais aussi au rectorat d’exercer un contrôle de l’égalité sur un budget qui n’est même pas encore fait ?
8. Victorin Lurel : Limiter le dialogue à trois personnes et ne pas le maintenir tout au long d’un mandat est une erreur politique gravissime. Je ne suis pas sûr que ce qui vient d’être voté ici sera accepté là-bas. Ce à quoi on vient d’assister est peut-être le début du démantèlement. On sait très bien que cela fait trente ans que le mode de répartition n’est pas contrôlé. Je rappelle qu’en ma qualité de président de région, je suis autorité de gestion des fonds européens et que c’est moi qui ai suspendu l’affaire CEREGMIA. S’il y a des voleurs parmi ces gens, eh bien qu’on les envoie en taule ! L’amalgame fait ici est de mauvais aloi.
Les faits : La notion de « limiter le dialogue » est surprenante, puisqu’une fois encore, on fait comme s’il n’y a pas de conseils qui se réunissent pour organiser la vie de l’établissement. Curieuse manière d’envisager la démocratie universitaire comme un dialogue à trois, alors même que celle-ci est organisée au travers de l’expression des conseils, et surtout du conseil d’administration qui décide des principales orientations.
Il est presque risible d’entendre Victorin Lurel indiquer que c’est lui qui a suspendu le #CEREGMIA, quand on sait que c’est lui qui a annulé la déprogrammation des projets du CEREGMIA en 2011, après les avoir brièvement déprogrammés. Autrement dit, en annulant cette déprogrammation, Victorin Lurel a relancé la machine CEREGMIA et mis l’université dans la difficulté qu’elle connaît actuellement. Au lieu de saluer le travail énorme accompli en la matière par l’actuelle présidente de l’université et son équipe, victorin Lurel s’approprie de manière malhonnête leur travail, après les avoir traités de « majorité tyrannique » et tente de camoufler par-la-même sa propre responsabilité dans les dérives du laboratoire CEREGMIA.