- août, jour du cyclone Dean. Je vais à Fond Lahaye le matin tôt, je veux faire une photo. Les habitants du quartier ne sont pas levés, des tôles gisent ça et là, des projectiles potentiels jonchent les jardins. Personne ne se prépare au cyclone. C’est la faute aux gens ? Ou la responsabilité de Météo France et des autorités qui n’ont pas le courage de prendre les risques nécessaires afin de protéger les populations « au cas où ». car c’est bien là leur responsabilité.
Il faut avertir d’une certaine manière pour obtenir la mobilisation des populations autour d’un danger potentiel. C’est dans ce principe de précaution que leur utilité prend tout leur sens. La peur du ridicule peut être à l’origine de pertes humaines.
La sécurité civile et la météo, ont des responsabilités dans la protection des populations. La météo, en faisant des prévisions correctes, et en permettant aux populations de poser des gestes préventifs, la sécurité civile, en organisant les secours.
On a peur de « crier au loup » trop souvent, mais c’est bien là le rôle de la météo, de donner des probabilités. Si on attend d’être sûr, cela ne sert à rien, puisque c’est trop tard.. C’est bien ce qui s’est passé et que l’on a pu constater lors des pluies du 5 mai.
Si les services de la météo n’ont pas les moyens techniques de prévoir des fortes pluies, cela doit être dans nos priorités d’équiper nos îles en ce sens car ce genre de phénomène ne fera que se multiplier avec les effets du réchauffement climatique.
A la Martinique, depuis des siècles nos familles nous ont transmis les gestes qui limitent les dégâts. Faire des canaux autour des plantations pour permettre l’évacuation des eaux, s’éloigner des cours d’eau dangereux, planter des espèces qui tiennent la terre là où le terrain est trop meuble. Nettoyer les gouttières, consolider les toits, préparer les fenêtres et des petits gestes simples en cas de pluies : retirer le linge de la ligne, retirer les meubles des vérandas, protéger les animaux domestiques, et parfois simplement quitter son domicile quant on sait qu’il n’offre pas toute les conditions de sécurité pour sa famille…… Gestes qui ne peuvent être faits à temps si on nous dit, en gros « allez constater dehors, il pleut, ne bougez pas ».
Je préfère dans ce cas faire confiance aux crabes et aux oiseaux, ils me donnent des informations plus précises, merci.
Ou bien…je vais moi-même sur internet regarder les images satellite, et je me fais ma propre opinion. Mais, de grâce, il y a des gens payés pour faire ce travail !
Lors du cyclone Dean, on est passé en alerte rouge, lorsque j’étais en mesure, de ma maison de voir arriver la masse nuageuse du cyclone, image d’ailleurs de nous avions mis sur internet et qui est passé sur France 2 à l’époque !
Le système d’alerte à l’image de l’arc-en-ciel étale son inadaptation. On ne sait jamais quand c’est vraiment « sérieux ». C’est abominablement mal fait. Si cela convient à l’Europe, c’est catastrophique ici en zone à risque majeur cyclonique, car il faut un système d’alerte clair, qui permet à la population de se préparer de toute urgence, car cela est sérieux, il y va de vies humaines.. Avec le nouveau système, les gens sont encouragés à se préparer sans qu’ils en aient les moyens. En clair, on leur dit « attention prépare toi », mais « désolée, mon vieux, tu ne peux pas te préparer, car on t’informe au dernier moment, on ne te libère pas pour que tu te prépares vraiment. C’est un système qui frise la double contrainte. On laisse les personnes au travail jusqu’au dernier moment. Comment pouvez vous acheter des clous, des provisions, des planches, si vous êtes tellement mal informés, comment pouvez-vous nettoyer vos canaux, protéger vos plantations si vous avez l’information quand c’est trop tard et que vous n’avez pas eu le temps de vous préparer ?
En matière de prévention et de prévision, ces dernières années, on régresse totalement. On avait un système d’alerte clair. Pré-alerte « préparez-vous », alerte « attention danger », puis fin d’alerte. Mais cela paraissait trop simple, il fallait nous consteller d’une gamme chromatique aussi inefficace que complexe.
De nombreux martiniquais qui se sont retrouvés « dehors », car ils n’avaient pas reçu l’information de l’alerte, cela doit faire réfléchir, peut-être devrions-nous songer à faire retentir une alarme, comme pour les alarmes des tremblements de terre ou des risques technologiques en cas de risque « inopiné » de manière à attirer l’attention des personnes (fortes pluies, tsunamis etc….)
Je n’ose pas imaginer un vrai cyclone, de type Hugo avec un tel système d’alerte. Je préfère avertir les autorités responsables que si par défaut de prévision, un des miens se trouve blessé ou tué, je porterai plainte contre l’Etat et les services responsables. Il est temps que les personnes apprennent à assumer pleinement leurs responsabilités et ne se contentent pas de nous dire, une fois le phénomène visible, qu’il nous concerne.
Marie-Line Mouriesse