Par Dorval LODEON
De mémoire “ locale, locale”, c’est la première fois que Monsieur Stanislas Cazelles, se déplace pour un feu de poubelles, et pour ceux qui ne le connaissent pas encore, souvenez-vous, c’est Monsieur “Etalon Ananas” (sans faute d’orthographe), celui qui voulait accéder à la postérité en remplaçant par un ananas l’étalon du mètre conservé à Paris au Bureau international des poids et mesures, mais c’est aussi l’actuel Préfet, l’homme à tout faire » du gouvernement”, (Notes [1] Albert Mabileau, Le sytème local en France, Paris, Montchrestien, 1994, p. 97.
Je persiste pour répéter que c’est bien la première fois qu’un feu de poubelles déplace tant d’Autorité, alors que nul n’était besoin de faire le trajet Fort de France/ François, aller et retour pour condamner via un communiqué repris par la presse, ces dégradations et ces agressions qui sont inadmissibles et abîment les commémorations du 22 mai et les hommages aux victimes de l’esclavage.
Il fallait donc un communiqué et en plus, un déplacement in situ, pour ce local à poubelles si spéciales.
Excusons notre préfet de s’intéresser à ces poubelles si spéciales mais n’allons pas jusqu’à le pardonner au seul motif que la poubelle doit son nom à l’un de ses illustres prédécesseurs, préfet de la Seine, Monsieur Eugène Poubelle qui imposa l’usage de ce récipient en 1884.
Non, et disons le franchement, la raison première en Mai 2021, du “déplacement préfectoral contre l’incendie volontaire de poubelles” que nous devons au préfet se trouve ailleurs.
Ce sont des poubelles franciscaines, plus précisément des poubelles Capestiennes, des poubelles en terres Békélandaises, et pour les créolophones c’est “Poubel sé Bétjé a”. Mais à bien y réfléchir, je doute que cette initiative soit à attribuer à ce préfet qui, à l’occasion de l’affaire des ananas qui lui a valu une citation en correctionnelle vite dépaysée à Paris comme il se doit en terre néocoloniale, connaît maintenant les erreurs à ne pas commettre, surtout lorsque l’enclave békélandaise située en Martinique est en cause, de près ou de loin.
J’attribuerai la responsabilité de cet ordre donné au préfet, d’aller visiter ce local à poubelles, à un quelconque politique macroniste, joint sur son portable par un résident békélandais paniqué, qui a peut-être fait passer ce feu de poubelles pour un feu de forêt, certain que son interlocuteur n’y verrai que du feu puisqu’ignorant de ce que l’enclave békélandaise est une portion de terre martiniquaise permettant aux membres de “la grande famille d’Assier” de ne pas se mélanger au reste de la société Martiniquaise.
Et puis, comme si ce n’était déjà pas assez, il a fallu que le maire du François, (Samuel Tavernier), fasse entendre son courroux, ainsi verbalisé : “…. S’en prendre au quartier Cap-Est, c’est s’attaquer à une partie de la société martiniquaise et à des citoyens franciscains…”
Permettez, Monsieur, mais il va falloir vous habituez à cesser de dire que les habitants de békéland font partie de la société martiniquaise, quand précisément il est reconnu par eux tous, qu’ils excluent de leur cercle fermé, ceux d’entre eux qui commettrai la faute suprême de s’allier à un martiniquais ne faisant pas partie de “la grande famille d’Assier”.
Et si vous ne l’avez toujours pas compris, retournez voir et écoutez sur “YOU TUBE” l’interview de l’un des “derniers grands maîtres de la Martinique”, où il explique que sa communauté a toujours voulu éviter de se mélanger, car dans une même famille certains pourraient avoir, tantôt des cheveux lisses, tantôt crépus, une couleur de peau blanche ou plus foncée, et que ce n’est pas harmonieux.S’il ne s’agit pas, ainsi, de vouloir être séparé de la société martiniquaise de quoi s’agit-il ?
De propos racistes également, c’est sûr, mais les racistes d’où qu’ils soient, vivent toujours à l’écart, jamais avec !Alors soyez un tant soit peu sérieux, même en période électorale, de grâce ! Et cesser de raconter des histoires, pour vous contenter des faits historiques mais toujours présents, même s’il est dérangeant pour l’esprit de se rendre compte qu’en Martinique, békéland et le symbole qu’elle véhicule, ne dérange à priori, personne, en tous les cas pas le maire du François !
Le message subliminal que contient la mise à feu du local à poubelles des békélandais est un signe qui ne doit rien au hasard, et mieux, c’est à la faveur de cette visite préfectorale qu’il restera dans les mémoires, ce qui constitue un deuxième message tout autant subliminal, sauf si on souhaite rester sourd.
Dorval LODEON
avocat au barreau de Martinique