Bondamanjak

Les premiers békés étaient arabes

Béké, plus qu’un phénotype, un immonde statut.
Contrairement à ce qui est trop souvent avancé, le mot BÉKÉ ne désigne pas un phénotype humain particulier. Tout individu venu de l’étranger qui par la violence s’avise de placer des êtres humains en captivité comme on le fait de certains animaux domestiques est susceptible d’être qualifié de béké.

C’est là, l’acception première du terme. Aussi, béké revient à désigner le “maître d’un esclave” ou encore, le “propriétaire d’esclave” venu de l’étranger.

Précisons d’abord que dans la pensée symbolique africaine, la main, le bras sont les symboles du pouvoir. C’est donc du terme pour les désigner que s’extrait la racine du mot béké. Mais il faut distinguer le Bòkò du Béké.

Le bòko, homme habile en science mystique est un conseiller royal qui détient la science sacrée et maîtrise la lecture des signes divins. Il est partie intégrante de la société politique africaine non violente et fondée sur la solidarité et le partage.

Comment le savons-nous ? La voyelle /ò/ de son nom connote ce qui relève de l’intérieur. La voyelle /é/ quant à elle connote ce qui est lointain, éloigné, à distance. Le béké désigne donc le maître d’un esclave, le propriétaire d’un esclave venu de loin. Mais aussi un homme violent un homme méchant qui par sa violence réduit l’être humain au statut d’animal domestiqué.

Ce glissement sémantique est donc un témoin de l’irruption en Afrique d’un mode de vie inconnu des Africains. Il traduit toute la brutalité et la violence par laquelle ces étrangers, peu importe l’époque et le phénotype ont installé leur pouvoir.

Les premiers békés sont donc ces arabes qui au sixième siècle envahirent le nord de l’Afrique, imposèrent l’islam et surtout débutèrent le trafic d’africains capturés au Tchad, au Niger, au Mali, en Mauritanie… Mais nous savons quel sort leur fut réservé au 13è siècle.

Plus tard, avec la chute de Constantinople et les premières mutations de l’industrie sucrière européenne, ces premiers békés furent supplantés par les Européens venus eux aussi de l’étranger pour rafler des africains qu’ils déportèrent aux Amériques et dans l’Océan Indien. Ceci assura au terme béké une longévité.

Reste à savoir pourquoi, aujourd’hui encore en Martinique certains persistent à se revendiquer d’un terme qui est loin d’être un fait de gloire.