Par Juliette Roméhault.
1139 jours.
3 ans et 44 jours pour ces hommes, hors du temps, prisonniers d’eux mêmes.
Thierry, je me permets de t’appeler Thierry, car depuis ce sinistre 16 septembre 2010, comme pour de nombreux Martiniquais, chaque jour, j’ai pensé à toi, entre prière et recueillement. Facile, chaque jour ton portrait au Rond Point, me rappelait que pour toi, la vie, chaque jour était une lutte.
Tu viens d’apprendre tout ce qui s’est passé depuis ces 1139 jours, un nouveau pape, un nouveau Président, de nouveaux mariés.
1139 jours, dont chacun s’écoulent au présent.
Il faut que je te parle de ce qui est advenu ici en #Martinique, depuis ce jour, jusqu’aux larmes pathétiques d’un Sénateur Maire. Alors que la nouvelle enrichissait les visages d’un sourire immense, d’une joie qu’on célèbre, la récupération politique est advenue.
Mais, dois-je te dire nos renoncements, entre des promesses d’emplois en l’air, entre les chantiers qui n’en finissent pas, les compromissions, nos petites misères ? Non, pas avec ce que toi, tu as vécu avec tes compagnons.
Pitoyable le smartphone qui filme sur le tarmac, pitoyable la présence en bas de l’hôtel des otages. Et les interviews, presse, net, télé. Quel autre Sénateur Maire a t-on vu s’exhiber de la sorte ?
Quel autre Président de Conseil régional en bas de l’hôtel ?
Qu’ont ils fait ces 1139 jours, pour éviter que l’on sombre entre violence et faits-divers ?
Toi, qui connais le prix, et surtout la valeur de ces 1139 jours, je te souhaite d’avoir le temps de retrouver la paix en paix.
J’espère que l’indécence de la récupération politique s’arrêtera là,
J’espère que tu ne seras pas trop effrayé par la violence de la parole qui s’exprime, parole qui s’est libérée sans limites, apparemment, depuis le mariage gay.
Je te souhaite, ainsi qu’aux autres le meilleur.
Juliette Roméhault.