Bondamanjak

Lettre ouverte d’un pêcheur Martiniquais à Monsieur Nicolas Sarkozy Président de la République française

Le 22 juin devant l’importance de la présence policière et après un appel de l’inspecteur lui signifiant ma mise en rétention douanière, ma femme a préféré ne pas rentrer chez nous. Lorsqu’elle est revenue, elle a dû expliquer à nos filles Laurie (12 ans) et Emma (8 ans) le remue ménage à la maison, la fouille de leurs chambres, de leurs penderies, difficile de croire que l’on cherche du Lambi dans leurs petites culottes. Moi, qui réside depuis 10 ans à la pointe Chaudière, j’ai dû traverser mon quartier entre douaniers et gendarmes, sous l’œil interrogateur de mes voisins. Monsieur le Président, ce bateau est pour moi le résultat de 10 années de travail acharné, de dix années d’économies, de 10 années où j’ai fait un choix économique en investissant dans un outil de travail. Dix années confisquées en 10 heures.

Aujourd’hui sept mois ont passés, et tous les jours que Dieu fait, je regarde mon bateau qui s’abîme et ne sais comment subvenir aux besoins de ma famille sans mon outil de travail. Je suis prêt à répondre de ceci devant un juge, mais je ne peux continuer ainsi, sans revenus, sans disposer de mon outil de travail car quand bien même je devrais être redevable d’une amende, comment l’honorer ?

En septembre ;

J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Mr Jean Eudes SEYCHELLES , inspecteur douanier, qui m’a répondu de façon méprisante qu’il avait fait son travail et qu’il n’était en rien concerné par la suite ni ne pouvait m’informer concernant la procédure.

J’ai également essayé de prendre contact avec le procureur de la république, Mr Bellanger, qui a refusé de me recevoir.

Acculé, j’ai été reçu par Maître Georges-Emmanuel Germany qui m’a indiqué que mon dossier n’était pas dans les saisines et qu’il était donc limité dans ses actions.

Quoi qu’il en soit je n’ai plus les moyens financiers de déposer un référé.

Moi, qui ais de tout temps payé  mes impôts, mes diverses charges à mon administration, qui déclare ses matelots, je me retrouve conspué comme étant un contrebandier, dénoncé pour trafic de stupéfiant, accusé de mettre en danger la santé des Martiniquais. Je ne suis plus en mesure de faire face à mes obligations envers vos services fiscaux, je ne peux plus payer mes charges professionnelles, inutile de vous dire que noël a eu un goût amer et pour moi et pour mes enfants. J’ai débarqué mon matelot depuis ce funeste jour, pêcheur au Marigot, un chômeur de plus.

Monsieur le Président c’est un homme simple qui s’adresse à vous, travaillant depuis 14 années en mer que ce soit au tourisme ou à la pêche, je ne suis ni un contrebandier, ni un terroriste, ni un trafiquant de drogue, voilà pourquoi je me permets de m’en remettre à vous.