Je ne résiste pas à cette impérieuse sensation qui me pousse à vous interpeller publiquement sur la mascarade hors saison (le carnaval chez nous, c’est après Noël) qui s’est déroulée lors du congrès de l’Union départementale Force Ouvrière de Guadeloupe, le samedi 1er décembre à Convenance Baie-Mahault. Votre confédération syndicale, Force Ouvrière, l’une des plus grandes centrales syndicales de France, celle qui défend au plus haut niveau, le bon droit des salariés et n’hésite pas si besoin est, à dénoncer les excès ou les manquements du pouvoir et du patronat, réputés être les méchants, alors qu’un syndicat est par définition un havre de vertus, Force Ouvrière disais-je donc, s’est prêtée en Guadeloupe à une entourloupe morale organisée. Mieux, d’après les éléments en ma possession vous auriez donné votre entier aval à cette farce grotesque. Car sinon, comment expliquer la présence de votre “envoyée très spéciale” Michelle Biaggi, dépêchée exprès sur place pour mener rondement la parodie d’élection qui a reconduit sans coup férir Max Evariste à la tête de l’union départementale Force Ouvrière de Guadeloupe ? Cette élection bafouait déjà les règles élémentaires du droit et de la démocratie. Max Evariste et ses amis auraient pu fort bien s’acquitter seuls de cette tentative de mystification. Mais il a fallu que vous lui adjoigniez un missi dominici venu de France Métropole pour mieux lisser la basse besogne. Or, c’est bien connu, ceux qui viennent du froid sont réputés apporter la civilisation et définir les contours du bien. Par conséquent, tout ce qui a été entrepris sous la coupe de Michelle Biaggi est frappé du sceau de la légalité. Voilà pour impressionner l’indigène de base. Cela dit, tout le monde n’est pas dupe. Globalement, je serais curieux de savoir si vous avez bonne conscience d’avoir cautionné une telle fraude. Plus singulièrement, je souhaiterais également vous soumettre trois questions :
1° Comment pouvez vous cautionner la réélection de Max Evariste quand vous savez fort bien qu’il a refusé de communiquer la liste électorale aux différents candidats ou membres du syndicat ? J’espère que vous n’évoquerez pas le silence des statuts de l’Union Départementale Force Ouvrière sur cette question. Car rompu aux règles de fonctionnement d’une élection serait-elle syndicale, vous savez fort bien qu’en cas de silence des statuts selon une jurisprudence constante, c’est le droit commun électoral qui s’applique. Or, l’article 28 du code électoral stipule que “tout électeur, tout candidat peut prendre communication et copie du code électoral”. Au moins deux adhérents du syndicat en ont fait la demande – bien sûr sans succès – et par lettre recommandée. Je n’ose pas répéter ici les propres mots de Max Evariste en guise de réponse quand un membre du syndicat a eu l’outrecuidance de réclamer cette liste électorale, au demeurant plutôt fumeuse.
2° Fumeuse car ce qualificatif introduit ma deuxième question. Elle est en réalité pendante à la précédente. Comment aurait-on pu établir une liste lorsqu’on sait qu’il faut calculer les mandats de vote de chaque organisation appelée à voter, et qu’on sait que le compte financier n’a pas été présenté. Madame Ginette Cécile tenant le rôle de trésorier n’a pu fournir qu’une situation des comptes, à l’exclusion de tout bilan financier, et pour cause. C’est elle-même qui avait déjà signalé des anomalies, voire des malversations dans les finances du syndicat. Pour rester au niveau fort appétissant de l’argent, et ce n’est pas une blague, c’est le même Richard Promeneur, alors trésorier quand furent constatées les malversations, qui s’est fait élire à la commission exécutive lors de ce congrès. Force Ouvrière serait-elle devenue un repaire pour tricheurs ?
3° J’ai gardé le meilleur pour la fin. Il faudra aussi expliquer, Monsieur le secrétaire général pourquoi vous avez donné instruction à Michelle Biaggi d’interdire l’entrée du congrès à Claude Rémy. Pour être tout à fait clair, Claude Rémy était le seul candidat déclaré contre Max Evariste. Il ne fallait surtout pas qu’il fasse acte de candidature. Max Evariste devait avoir, à n’importe quel prix ou presque, l’assurance d’être reconduit. Donc pas de risque. On commence par exclure Claude Rémy du syndicat. Le tribunal de Bobigny intime l’ordre de le réintégrer. Sans qu’il le soit, Claude Rémy est à nouveau exclu. Il faudra, M. le secrétaire général expliquer comment on peut exclure quelqu’un qui est déjà exclu sans l’avoir jamais réintégré. Le motif de son exclusion ? Un faux grossier. Claude Rémy aurait été désigné comme délégué CFTC Air France le 20 juin 2007. Mais sur la convocation de la réunion des délégués du 30 aout 2007, Claude Rémy ne figure plus. Pire, celle qu’il est sensé remplacer à la CFTC, à savoir Madame Marcin, réapparaît sur la convocation qui réunit les délégués syndicaux d’Air France le 24 septembre 2007. Mais toujours pas de Claude Rémy. Bien sûr, il y aura recours auprès des tribunaux. Sept magazine sera aux premières loges pour relater ce prochain épisode. Avec l’espoir que la vérité éclate au grand jour. Car sans jamais être de parti pris, nous savons, quand la cause est noble, prendre parti. Le parti de la justice, de l’honnêteté et de l’équité. J’espère fortement M. le secrétaire général que vous adhérez à ce triptyque ! Non ?
Sept Mag