Par Juliette Roméhaut
La violence économique en #Martinique plonge les 20% de la population vivant avec moins de 900 euros par mois et les 30 % de modestes dans une misère structurelle source de violence quotidienne à tous les étages de notre société.
La lutte contre la « Pwofitasion », fer de lance du mouvement de 2009, n’a rien réglé.
Abus régulièrement dénoncés sur #Bondamanjak, comme récemment Les Sucrines vendues 38€/K à Hyper U pour 12€,80/K chez vous.
Je veux bien que le fret coûte cher, mais à part renflouer les caisses de la CMA/CGM (société moribonde en 2009, qui par le plus grand des hasards vise la bourse en 2014) ou celles d’Air France qui développe son fret aérien sur les produits frais, . Pour rappel le kilo de Cerise s’est vendu à 32, 06€/k à l’Hyper U en juillet dernier, je n’en ai guère mangé et croyez moi je ne suis pas la seule.
Pour rappel quatre dirigeants des cinq fortunes locales listées dans les premières fortunes de France, sont dirigeants d’ Hyper, le cinquième est le pape de l’agro-alimentaire. Fortunes qui ne cessent de progresser depuis 2009, Mr Fabre et ses Leader Price en tête. Même pauvre, il faut bien se nourrir.
Cinq exemples de prix relevés et comparés entre Martinique et Métropole (site Leader Price, courses en ligne) :
Poulet prêt à cuire, ici : 7/8€ Métropole : 2,43€
Croquettes chien 5kg ici : 5,99€ Métropole : 3,01€
Croquettes chat ici : 4,09€ Métropole : 2,36€
Pâte Frafalle 500g ici : 0,99€ Métropole : 0,51€
Cœurs de palmiers Ici : 2,29€ Métropole : 1,09€
Et cerise sur le gâteau, le pack d’eau de 8 bouteilles d’eau de source locale (sans fret donc) se paye 3,20 € alors que vous avez 6 bouteilles d’eau de source à 1 € dans l’hexagone.
Je comprends mieux, que leur fortune ne cesse d’augmenter depuis 2009, pendant ce temps, chaque fois que je passe à la caisse, j’ai l’impression de me faire tondre.
Les pneus sont aussi 50% plus cher, de même pour les pièces auto, avec une mention spéciale pour Centre Auto Martinique et ses pièces Ford.
Les forfaits téléphoniques, une belle entente entre opérateur permet de voir trois forfaits illimité, le moins cher à 49,99€, le plus cher Orange avec ses 69€.
Où est Free avec ses19,99€?
L’assurance scolaire aussi, en ligne chez MAE 9,90€, 21€ par enfants ici, chez GFA Caraïbes.
Et ma Banque, celle « à qui parler », qui m’envoie des lettres à 15 euros pour un découvert de 30 euros alors que chaque mois je paye pour un « Euro compte Tranquillité » à 7,38€ /mois. Une sinistre blague.
Les prestations sociales, elles, ne sont guère majorées, une femme bénéficiaire du RSA avec deux enfants scolarisés touche 841e/mois.
Voilà, pourquoi le sentiment d’injustice perdure et s’amplifie depuis 2009, car malgré le Bouclier de Mr Lurel, les prix semblent s’envoler, le pouvoir d’achat fond comme un snawball au soleil.
Et après, on souhaiterait s’étonner de voir grossir le rang de ceux qui trafiquent, deal, volent, se prostituent? Je n’excuse rien, soyez-en sûrs, mais j’arrive à comprendre que la pauvreté et la violence s’auto nourrissent en Martinique.
Les salaires des ouvriers non qualifiés étaient en 2010 de 1140€ pour les hommes et 930€ pour les femmes (là encore, un jour faudra m’expliquer). Si cela vous amuse, à vos calculettes et comptez, et je n’ai pas encore parlé des transports taxis-co et autres qui grèvent le budget de minimum 150€/mois.
Il y a le cas, sensible, des fonctionnaires et de leur 40% en plus sur le salaire pour les titulaires, ceux la même qui trainent des pieds de la Sécu à la Poste, en passant par le CHUM, sans oublier Collèges et Lycées, administrations locales. Ils vous regardent de façon condescendante, refusant bien souvent les règles du monde du travail, prennent un malin plaisir à vous faire attendre, voir revenir. Vous, qui n’avez que cela à faire puisque vous ne travaillez pas. Ils vous jugent cause de Dreads, de tong, de misère qui transpire.
Alors oui, les décideurs, qu’ils soient économiques ou politiques peuvent avoir peur, car nous serons bien obligés de reprendre la rue, à moins d’accepter cet esclavage moderne et sombrer dans un peu plus de violence.
Si la rue n’est pas une fin en soi, en désespoir de cause, elle reste un exutoire aux colères et rancœurs. Le dernière couverture de Marianne était d’ailleurs édifiante, « Ce que gagnent vraiment les pauvres ». Pas de syndicaliste pour défendre les plus pauvres, pas de projets politiques crédibles, pas de réflexion politique sur les grands enjeux tels : le Revenu d’Existence Universel, la gratuité des services etc etc. Pas de rêve à nourrir.
Les entreprises de pompes funèbres n’ont pas fini de voir leur « volume d’affaire » augmenter.
Malheureusement.
Juliette Roméhaut.