«Une question d’exemplarité»
Au Conseil fédéral pour «faire passer des messages auprès des jeunes», le représentant des sportifs d’élite de l’instance estime ne pas pouvoir «tenir un discours aux jeunes générations et être indulgent avec ce qui s’est passé lors de la Coupe du Monde. C’est une question d’exemplarité.» S’il a laissé un message sur le répondeur de Patrice Evra et que celui-ci ne l’a rappelé, ce qu’il regrette, l’ancien défenseur confirme que le capitaine tricolore en Afrique du Sud doit être sanctionné durement. «En présence du capitaine, Escalettes et d’autres membres de la FFF ont demandé à Anelka de faire des excuses publiques. Il a refusé. Evra sait donc que le joueur refuse et derrière, il cautionne pourtant cette grève qui implique énormément de choses : l’image que peut donner le foot, l’image de la France dans le monde et surtout les conséquences dans la société française.»
Licences déchirées et insultes racistes
Ces «conséquences», Lilian Thuram les décrit dans la foulée : «Par leur geste, les joueurs ont été capables de réveiller le racisme latent dans la société. Nous sommes dans le raccourci : «Les problèmes viennent du fait qu’il y a trop de Noirs en équipe de France.» Quand vous arrivez à ce point à réveiller les mauvais côtés de la société, c’est que vous avez une responsabilité. En ce moment la fédération reçoit des courriers avec des licences déchirées et des lettres d’insultes racistes. Moi, je ne veux pas minimiser les faits. Je semble peut-être trop rigide pour certains mais je persiste : ce qui s’est passé est pour moi impardonnable». Sur l’affaire du bus, Thuram ne croit pas au «tous solidaires» contrairement à ce qu’affirme une bonne partie des acteurs du fiasco (Henry, Malouda, Evra, Gallas, Toulalan…) – «c’est faux» – et ne met pas tout le monde dans le même panier. «On ne peut tout de même pas sanctionner Clichy ou Planus comme on sanctionne le capitaine ou Ribéry. Certains ont laissé faire certes, mais ce sont ceux qui ont initié cet acte qu’il faut sanctionner», poursuit le champion du Monde 1998 visiblement bien renseigné.
«S’il n’y a pas de sanction, je partirai»
Critiqué après sa demande de sanction, Thuram répond notamment à l’un de ses détracteurs Christophe Dugarry : «Nous n’avons pas la même conception de l’exemplarité du joueur de foot. Mais il a le droit de ne pas être d’accord avec moi. Je ne détiens pas la vérité.» S’il pense que Laurent Blanc «a l’aura qu’il faut» pour mener les Bleus, l’ancien joueur de Monaco et de la Juventus Turin attend que la Fédération rétablisse d’abord «l’ordre moral» en sanctionnant les Mondialistes frondeurs. En fin d’entretien, il explique que le poste de président de la FFF ne l’intéresse «pas du tout» et menace de quitter son poste au Conseil fédéral. Il s’est d’ailleurs déjà vu refuser sa démission le mois dernier. «Ça m’énerve qu’on parle toujours des joueurs comme s’ils étaient irresponsables. S’il n’y a pas de sanctions, je partirai.» Des mots forts qui ne passeront pas inaperçus du côté de la Fédération quand on connait l’influence de l’ancien joueur auprès des sages du football français.
Source: lefigaro.fr