Par Marie-Laurence DELOR
Après cette imposture du drapeau où l’on voit comment après avoir phagocyté la droite en mêlant sa voix à la sienne lors de la consultation de janvier 2010, vassalisé la gauche traditionnelle, l’homme de Plateau Roy s’approprie le symbole non de la Martinique mais de l’extrême gauche ; après donc cette mascarade politicienne, je m’apprêtais à écrire quelque chose mais il m’a semblé plus intéressant de rapporter les propos du ministre de l’intérieur et des Outre Mer lors du colloque « Les Outre-mer aux avant-postes » organisé le 02 février par le journal Le Point :
« Il faut savoir dire aux Ultramarins que vous n’aurez d’autonomie demain que si vous êtes capables de produire ce que vous mangez, ce que vous consommez comme électricité. Et c’est par la richesse économique que vous aurez des recettes. Ce n’est pas par des subventions. ».
Je le dis tout net : il est bon qu’un « caucasien » disent ses quatre vérités particulièrement aux martiniquais en faisant fi des jérémiades sur l’esclavage. Et ceci, combien même que l’arrière-pensée soit de mettre définitivement fin à l’État Providence et de conforter le néolibéralisme.
Le vrai paternalisme, voire le racisme invisible, c’est « le caressé dans le sens du poil, parce qu’ils sont susceptibles » : chacun aura son cyclotron même si l’on sait que c’est une aberration économique s’agissant de deux îles aussi proches ; même si l’on sait qu’un tep scan aurait suffi pour l’île qui n’aurait pas de cyclotron.
C’est vrai, il faut l’entendre, que la gauche et l’extrême gauche aux affaires depuis une trentaine d’années à la Martinique ont joué et continuent à jouer de l’argument de la spécificité non dans une perspective de réduction des dépendances mais dans celle d’une discrimination positive par ailleurs non assumée ; autrement dit d’un toujours plus de subventions et donc de dépendance. DARMANIN joue, et c’est de bonne guerre, des contradictions des mouvements autonomistes et indépendantistes. Il joue aussi de l’échec politique d’un homme qui a déçu tous les espoirs que les martiniquais avaient placés en lui mais dont l’obsession est de devenir « le petit père de la Nation » en multipliant les artifices : Congrès en grande pompe, confusion volontaire entre évolution institutionnelle et évolution statutaire, « Appel de Fort-de-France » tandis qu’on signe en même temps la demande de décentralisation renforcée des Présidents de collectivité de l’hexagone, pseudo radicalisme anti préfet et anti ministre délégué des Outre Mer, drapeau et hymne.
Il ne manque que le grand chambellan pour le sacre.
Et pendant que politiciens et fanatiques s’étrillaient à propos d’un drapeau la violence s’amplifie, les associations d’aide et la banque alimentaire ont du mal à faire face à l’augmentation de la demande …
Le 4/02/2023
Marie-Laurence DELOR