Alors que la grève paralyse toujours la Guadeloupe et la Martinique, lesstatistiques publiées mardi par l’institut officiel européen Eurostat rappelle l’ampleur de la crise sociale qui secoue ces îles. Parmi les cinq régions d’Europe où le taux de chômage était le plus élevé en 2007, on trouve quatre départements d’outre-mer français… aux quatre premières places. Le score le plus élevé revient à la Réunion avec un taux de demandeurs d’emploi de 25,2 %.
La Guadeloupe est elle aussi au-dessus des 25 %, tandis que la Martinique et la Guyane font à peine mieux. «Et encore, la situation a été pire dans le passé. En 2004, le taux de chômage a dépassé les 30 % à la Réunion», signale Matthieu Lemoine, économiste à l’OFCE.
(AFP/COEX)
Beaucoup d’inactifs
Les DOM se distinguent surtout par un chômage massif des jeunes. Ils détiennent là aussi les records européens en la matière. D’après Eurostat, le taux de chômage des 15-24 ans atteignait, en 2007, 55,7 % en Guadeloupe, 50 % à la Réunion et 47,8 % à la Martinique, contre seulement 19,4 % en moyenne en France et 15,6 % dans l’Union européenne.
Il est vrai que les DOM ont une démographie dynamique. «La population active y augmente de 2 % à 4 % par an, alors qu’elle stagne en métropole», précise Karine Berger, directeur des études économiques chez Euler Hermès Sfac. Et il est bien sûr plus facile de faire reculer le chômage dans le deuxième cas… «Mais il y a aussi un problème de qualification. La preuve, le taux de chômage chez les jeunes qualifiés n’est pas plus élevé dans les Antilles qu’en métropole», ajoute l’économiste.
Le marché du travail est même plus fragile en outre-mer que ne le laissent supposer les seuls chiffres du chômage. La fonction publique y sert d’amortisseur social : elle représente 37 % des emplois en Martinique et 28 % en Guadeloupe, contre 20 % en métropole.
Surtout, le nombre d’inactifs est très élevé. «Alors que 70 % des 15-64 travaillent ou cherchent un emploi en métropole, ils ne sont que 51,4 % dans ce cas en Martinique, 54,3 % en Guadeloupe et 59 % à la Réunion», conclut Matthieu Lemoine.
Cécile Crouzel
Source : lefigaro.fr