Par Francis CAROLE.
Le propre des manipulateurs, c’est de toujours tenter de masquer leurs insuffisances sous une avalanche de prétextes et de boniments. C’est à cet exercice lamentable que le président de région s’est, une nouvelle fois, livré sur RCI, ce lundi 18 mai.
Les reports successifs de l’ouverture du lycée de transit, depuis 2012, seraient ainsi, selon lui, dus à des « études longues », au CHU, à la volonté de transformer ce bâtiment en » l’un des meilleurs lycées, sur le plan mondial, en matière de normes parasismiques », aux sables du Sahara, au réchauffement climatique ou encore aux menaces d’attentats de Georges le crocodile, en résidence surveillée dans la mangrove du Lamentin…
Tout bien considéré, si des centaines d’élèves, de personnels administratifs et techniques et d’enseignants n’étaient quotidiennement exposés aux risques, dans un lycée dont la dangerosité est avérée, sans doute konpè lapen nous aurait-il fait rire de bon cœur.
Mais la chronique de ce qui tourne à la farce, aujourd’hui, révèle le niveau de machiavélisme d’un homme qui, dans la gestion pratique de la reconstruction du #lycée #Schoelcher, ne semble pas avoir donné la priorité à la sécurité des usagers de cet établissement scolaire.
Jugeons-en :
-À partir de 1986, la Région #Martinique hérite de la gestion des lycées et donc du lycée Schoelcher laissé dans un état de décrépitude avancé par l’Etat qui en avait, jusqu’alors, la responsabilité. Des travaux de réhabilitation sont dès lors opérés par les différentes majorités régionales.
-En 2002, sous la présidence d’Alfred Marie-Jeanne, un diagnostic de structures est réalisé. Tirant les conclusions de cette étude indiquant la vulnérabilité aux séismes majeurs de ces bâtiments vieux de plus de 70 ans et des risques encourus par la communauté scolaire, Alfred Marie-Jeanne, avec l’accord des conseillers régionaux, décide de démolir les bâtiments existants et de reconstruire le lycée Schoelcher.
-Le 23 mars 2004, à l’unanimité, le conseil d’administration du lycée Schoelcher approuve, à son tour, cette orientation.
-En 2006, un concours d’architecture est lancé pour la reconstruction. Une convention passée avec la SODEM prévoit l’ouverture du lycée reconstruit à la rentrée 2014, pour un coût total de 60 millions d’euros.
-Le 29 juillet 2008, le conseil régional, disposant d’un permis de démolition accordé par le préfet, conformément à la législation en vigueur à l’époque , entame la destruction du bâtiment G.
-Le 31 juillet 2008, le conseil municipal de Fort-de-France dénonce cette opération et Serge #Letchimy, dans #France-Antilles du 1er août, déclare : « Oui, je m’oppose à la démolition du lycée Schoelcher. »
Une campagne de manipulation de l’opinion publique est lancée par le PPM pour tenter d’assimiler la reconstruction du lycée à une manœuvre visant à « effacer du fronton du lycée le nom de Victor Schoelcher. »
Dans France-Antilles du vendredi 5 septembre 2008, le ridicule ne tuant pas, on peut même lire cette tirade indigne d’une responsable de ce parti :
« Il ne s’agit pas seulement de résoudre un problème de vétusté et d’absence de conformité aux normes actuelles parasismiques et bioclimatiques. Cela s’apparente plutôt à une volonté d’effacer une certaine mémoire, une certaine histoire, celle de l’émancipation par l’éducation des humanités et certaines valeurs et principes dont celui de la fidélité et de la filiation, depuis Toussaint Louverture jusqu’à Aimé #Césaire en passant par Victor Schoelcher… »
Le PLU de la ville est même modifié pour empêcher la reconstruction du lycée par le conseil régional !
-En 2010, le PPM and co arrive à la tête de l’institution régionale. La décision est alors prise d’utiliser l’ancienne maternité de Redoute, Victor Fouche, comme lycée de transit, alors que des solutions plus simples et moins coûteuses existaient. Le coût annoncé de cette opération (achat et réhabilitation du bâtiment ) est de 12 millions d’euros. L’ouverture lycée de transit Victor Fouche est promise pour la rentrée 2012.
La fin de la reconstruction du lycée Schoelcher, dont la démolition/reconstruction est curieusement redevenue possible grâce à une nouvelle modification du PLU de Fort-de-France, est prévue pour la rentrée 2015.
-Finalement, en mai 2015, après plusieurs décisions d’ajournement, la mise en fonction du lycée de transit, à l’ancienne Maternité de Redoute, est renvoyée à…2016 ! Les coûts ont explosé. De 12 millions d’euros, on passe à 35 millions ! Et, fatalement, l’ardoise s’alourdira d’ici à 2016…
Quant à la livraison du lycée Schoelcher, elle est vaguement envisagée pour 2019…
Il reste que cette farce coûte cher à la Martinique, surtout dans un contexte financier contraint. Mais le plus grave est que des centaines de jeunes et de travailleurs resteront encore, dans l’ancien lycée Schoelcher, dans un établissement vétuste, exposés à des dangers que nous ne maîtrisons pas. Cela fait beaucoup moins rire…
Francis CAROLE
Martinique
Le 19 mai 2015
Envoyé de mon iPad