Question : S’il n’y en pas eu sur quoi le rapporteur général M .Raphael VAUGIRARD a-t-il bien pu travailler ?
Il souligne en note de bas de page de sa synthèse avoir dû se baser sur des « documents bruts communiqués par les rapporteurs et des observations des co-présidents ». En effet, il n’a été présent à aucune des séances publiques de l’atelier, et n’a donc pas entendu la parole du peuple. Je relève une première anomalie, c’est que ces documents qui auraient été transmis par d’autres membres de l’atelier n’ont pas été rendus public à ce jour, de sorte que la population n’en a jamais eu connaissance et ne peut donc pas contrôler si sa parole n’a pas été déformée. J’observe en effet que l’unique document mis en ligne sur le site des Etats généraux, et présenté par les organisateurs comme « synthèse de l’Atelier Gouvernance », est un compte-rendu très synthétique que j’ai rédigé seule, puis signé comme étant un document personnel. Je l’avais présenté le 11 juillet au cours de la séance publique de pré-restitution à l’Auditorium de Madiana. Et là franchement, il y a un gros problème ! J’ai découvert que plusieurs parties de mon intervention reprenant les doléances de la population ont été amputées. C’est scandaleux.
Question : Seriez-vous en train de sous entendre que le rapport général est orienté ?
Je ne sous-entends rien. Je dis simplement qu’en convoquant les Etats généraux, le Président de République a voulu rétablir la confiance et le dialogue avec la population ; ses efforts risquent d’être gâchés par l’incurie que traduisent ces manœuvres de la part de certains exécutants. Dans ces conditions, il ne faudra pas s’étonner que les Martiniquaises et Martiniquais ne se reconnaissent dans les propositions des experts nationaux et du Comité interministériel qui rendront leur copie à la fin du mois d’octobre. Quant à savoir si le rapport général est orienté, à partir du moment où l’on observe que des déclarations sont effacées parce qu’elles dérangent, on est forcément conduit à s’interroger. On peut relever par exemple, sur la question du délai de la consultation, que le point de vue bien connu de certains acteurs est présenté comme une évidence collective, alors que celui d’autres intervenants que le rapport qualifie, je cite, de « groupe d’influence », se trouve de facto dévalorisé. Je déplore également une tendance à la stigmatisation de nos traditions de solidarité familiale qui encourageraient, selon le rapporteur général, « un confort social permis par la vie chez les parents et le petit commerce d’objets illicites (sic) ».
Question : On doit donc comprendre qu’il faut lire votre ouvrage pour retrouver une version complète et fidèle des débats de l’Atelier Gouvernance ?!
J’ai voulu faire preuve de la plus grande honnêteté compte tenu de la gravité de l’enjeu pour mon pays. Le changement de statut qui nous est proposé n’est pas à décider à la légère, et ce, d’autant qu’on ignore dans quelles conditions un retour en arrière serait envisageable. En effet, rien dans la Constitution française n’indique s’il sera possible de rectifier une éventuelle erreur d’orientation. Il était donc important que chacun puisse avoir entre les mains un document qui ne se limite pas à reprendre les rengaines partisanes, mais éclaire le citoyen sur le ressenti de la population mis en perspective avec les réflexions qui ont été conduites par des groupes de travail sérieux au niveau local, national et européen. Je précise que ce mémoire est édité avec mes fonds propres dans la collection Livre Désormeaux, et est distribué gratuitement. Je ne suis pas de ceux ou de celles qui cherchent à battre monnaie sur le dos du peuple Martiniquais.