« … Mon père est rentré en Afrique quand j’avais un an. Je n’ai jamais vécu avec lui. J’ai grandi en banlieue, je suis 100 % française, avec les vacances dans la Beauce… On pense à tort que j’ai la double
nationalité, la double culture. Mais je ne suis pas gênée que l’on dise de moi au Sénégal que je suis africaine. »
« la seule chose qui change quand on a une origine africaine, c’est qu’on
est noir, c’est visible. Mais c’est tout.[…] J’ai été élevée dans un « univers 100 % français ». Dans ma
vie, l’origine africaine n’a pas vraiment de sens – sinon qu’on le sait à cause de mon nom et de la couleur de ma peau.
Bien sûr, le fait d’avoir écrit des histoires où l’Afrique est présente peut paraître contradictoire. Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c’est un lieu qui m’intrigue, me fascine aussi, car je sens que j’y suis
radicalement étrangère.
Quand j’y suis et que les gens voient mon nom et la couleur de ma peau,
ils pensent que je suis des leurs. Or, par mon histoire, c’est faux.
J’ai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors qu’eux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers… Ironiquement, c’est en France que je peux paraître étrangère. »
« Je n’ai pas eu une enfance africaine, je ne l’aurai jamais. À 42 ans, il est trop tard pour acquérir une double culture.
Aujourd’hui, j’ai plutôt conscience de ce que c’est de ne pas en avoir, de ce que représente un métissage tronqué dont on n’a que les apparences »