Il est des matins qu’il faut vivre tant ils disent la force de la bêtise humaine et l’insoupçonnable perversité du système maudit dans lequel nous vivons ici à la Martinique.
Hier, devant le Tribunal Correctionnel de Fort-de-France, Jean-François Bernard Hayot, Président de l’association Respect DOM, basée à Paris, entendait voir condamner Bondamanjak, Montray Kréyol, le chanteur Neg Lyrical pour incitation à la haine raciale contre la communauté béké.

Je sais que nous sommes le 18 août et que la préoccupation martiniquaise, pour l’instant est de se concentrer (encore et en corps) sur les grandes vacances…mais les gens écoutez -bien , il nous est reproché par JF Hayot d’avoir publié une photo sur laquelle on voit une jeune femme blanche de dos, brandir un drapeau rouge, vert, noir, habillée d’un tee-shirt au dos duquel il est écrit : « J’encule les békés »

La présidente du Tribunal expliquait alors que l’affaire allait être renvoyée compte tenu du fait que le Procureur Général de la Martinique demandait le dépaysement du dossier au terme d’une requête devant la cour de cassation pour que l’affaire soit jugée à Paris.
Je veux préciser qu’en ce mercredi matin, le boulevard du Général de Gaulle était vide. Nul tambour, ni conque de lambi. Nul drapeau rouge, vert, noir. Personne. Même pas un chat…noir.
Dans la salle d’audience, deux trois avocats, allez peut-être quatre, une journaliste de RCI aoûtienne et une pincée de curieux égarés.
La présidente donna la parole à la représentante du Procureur Général pour développer les moyens de sa demande de dépaysement. Trois minutes, pas une de plus. Deux arguments que je résume :
- Cela ne concerne pas votre tribunal
- Il y a un sérieux risque de manque d’impartialité . Incroyable mais vrai.
La présidente passe ensuite la parole à l’avocate de Respect DOM qui est la collaboratrice blanche substituant le vrai avocat, l’inénarrable, Philippe Sénart, le fidèle avocat de…Bernard Hayot !!! Tiens tiens.
Un peu perdue, elle bafouille quelques mots délicieusement inaudibles, puis accablée sans doute par un sursaut de lucidité et s’assoit lourdement sur son siège.
Parole à la défense

D’abord le constant Maître Raphaël Constant, déjà satisfait de lui-même ânonna quelques mots difficilement compréhensibles…en me concentrant j’ai pu comprendre qu’il ne comprenait pas la raison de la comparution de son client raphaëlien lui aussi…l’écrivain Raphaël Confiant….baptisé à tort ou à raison face d’ananas par Camille Chauvet. J’ai eu une pensée émue pour son maître à penser Marcel Manville, qui dans les mêmes circonstances aurait défenestré cette demande inique avec des mots morsures inoubliables. Mais là que nenni. Autre temps autres moeurs. Du vide avide que du vide. Vivre ça de l’intérieur a été insupportable. Vraiment.

Puis vint le tour d’un avocat issu du barreau de…Paris. Maître Louis Boutrin. Pas très bavard. L’idée du renvoi semble l’avoir figé dans le temps. Je m’étonne de la balkanisation de la défense. Chacun son chacun. Bref. Bon…on verra bien. Son flow n’aura pas duré plus de trois minutes. Dommage.
Puis le dénommé Eric Valère intervenant pour un prévenu résidant en France qui n’avait pas fait le déplacement. Heureusement pour lui car il n’est pas sûr que la prestation de son conseil valait le dit…déplacement.

Enfin, un jeune avocat, collaborateur de Maître Constant, Maître Samy Salamon réalisant peut-être l’incongruité des prestations précédentes, éleva la voix en usant notamment du mot ridicule ce qui me permis comme la salle et le tribunal de sortir de la somnolence qui tentait depuis un moment de prendre le pouvoir. Aussi, je me suis dis que cet homme prometteur avait peut-être quelque chose à dire.
Qui défendait-il ? Je vous le donne en mille Émile : Steve Gadet, le nègre à talent qui s’est commis dans un dialogue improbable avec un béké griyav appelé Emmanuel de Reynal. Par charité chrétienne, je ne ferai pas de commentaires mais je pose juste une juste question. Comment se fait-il que Jean-François Bernard Hayot attaque Steve Gadet pour incitation à la haine raciale ?

Steve qui a donné ces derniers temps, tant de gages à la caste prédatrice se retrouve aujourd’hui humilié, trainé devant un tribunal. Assis sur un banc dur. Il est encore temps. Reprends tes esprits et dénonce cette Manu…pulation dont tu as été victime sur laquelle on a misé. Tjip.
Puis la défense de Bondamanjak se leva. Dès les premiers mots j’ai du mal à croire que ça va durer 30 minutes. Une demi-heure faite d’une tension incroyable. Il serait vain d’essayer de résumer tous ces éléments qui font que le talent d’Alex Ursulet permet de mettre le verbe au-dessus du sujet. La plaidoirie réquisitoire n’épargne personne.

Tout le monde. Tout l’univers de la justice des Isles en prend pour son grade. La présidente est symboliquement accrochée à ces lèvres qui réclament justice. Cette volée de droits verts savamment distillée agace un des prévenus. Pourvu que ça dure mais il est temps que ça cesse.
Mais le calice se boira jusqu’à la lie.
Le sommet fut atteint lorsque ce ténor déshabilla , pire dépeça les termes employés par le Procureur général pour justifier l’injustifiable requête en dépaysement.
Ce texte indigne ne lui résiste pas. Je vous le livre en exclusivité mondiale il dit bien la dimension putride du système dans lequel nous pauvres nègres pataugeons. Édifiant.

Alex Ursulet fut ce matin là définitivement la voix de ceux qui n’avaient pas de voix. Le tribunal se retira pour délibérer et renvoyer l’affaire au 23 octobre 2022…précisant que la Cour de cassation allait elle rendre sa décision le 6 septembre.
Il est des petits matins qu’il faut vivre en attendant le grand soir.
gilles dégras