L’heure du documentaire voit le monde au féminin
Un documentaire de Fabienne Kanor, Véronique Kanor et François Teste
Elles sont effeuilleuses, musiciennes, employées, féministes, belles, en quête d’elles-mêmes, en doute, fières, malheureuses, affranchies, battues, battantes… Elles ont entre 25 et 50 ans. Elles sont martiniquaises et nous racontent, à travers leur expérience des petits bouts de leur île, côté femme et côté corps. La femme martiniquaise est souvent née dans les cales. C’est-à-dire dans la souffrance de voir son corps pris par le tout-venant : maître violeur, esclave-étalon, nègre-en-manque. Ce corps à disposition de l’homme a intégré la violence comme une normalité dans la vie des femmes. Après trois siècles ainsi dépossédé, le sexe des femmes s’est verrouillé. Tous les jours, la psychothérapeute Monique Parfaite voit défiler des femmes qui portent en elles la marque du plaisir honteux, de la jouissance refoulée, de l’accouplement historiquement impossible. Mais il n’y a pas que le sexe de la femme que la société esclavagiste a verrouillé. Elle a aussi verrouillé la maison des femmes, l’a fermée aux hommes. A moins que ce ne soit ces hommes qui se soient enfermés dehors… De fait, longtemps, les familles ont été monoparentales, familles de femmes organisées autour d’une pièce-maitresse, généralement une grand-mère. Ce qui a valu à la femme d’être considérée comme le poteau-mitan de la maison, celle qui tient les murs de la famille soudés. Dans les locaux de l’Union des Femmes de la Martinique, au cœur de Fort-de-France, deux jeunes femmes en détresse racontent leur couple, leur soumission et, malgré tout, leur amour des hommes. Pour elles, comme pour toutes les autres, aujourd’hui est arrivé le temps de la réconciliation avec son corps et sa vie. C’est ce que propose l’Union des Femmes mais aussi Maeva à travers des techniques de réappropriation de soi. Ce documentaire va faire entendre des femmes qui se débattent pour ne plus être morcelées, découpées en rondelles par le regard des hommes, la pression sociale et le poids de l’histoire.
Avec : Maëva, Marise, Guy, Monique Parfaite, Rita Bonheur, Madame Néro, Aline et Mylène
Source : France Culture