Sa yo té ka di pou Wobè, sa yo té ka di pou Sen-Piè… Enben, man ka di ki pies kalté model sondaj pa pou vèglé nou !…
Alors, c’est vrai, Camarades, et cela a été dit avant moi, c’est vrai que depuis des semaines et des semaines, les adversaires de tout changement statutaire pour notre Martinique ont donné le sentiment qu’ils occupaient tout l’espace public. On ne voyait qu’eux, on n’entendait qu’eux, leurs propos les plus invraisemblables étaient complaisamment répercutés.
Et ils en ont profité pour diffuser ce virus qu’ils ont appris depuis longtemps à cultiver, qu’ils ont appris à maîtriser. Ils peuvent avoir le prix Nobel pour cela à l’heure actuelle (Applaudissements), tellement ils ont rendu ce virus le plus virulent et le plus contagieux possible, car ils savent à quel point, depuis la nuit des temps, la peur, qui est l’émotion humaine la mieux partagée, a pu être utilisée pour agir insidieusement sur l’inconscient des peuples.
Les colonialistes s’en sont évidemment toujours beaucoup servis et c’est ce qu’évoque Aimé Césaire dans le Cahier lorsqu’il parle de « la peur tapie dans les ravins, de peur juchée dans les arbres, de peur creusée dans le sol, de peur en dérive dans le ciel ». Et vous connaissez le poème de Gilbert Gratiant « Man pè : man pè diab, man pè zonbi, man pè mas, man pè tonnè, man pè zéklè … » ; et la liste continue, elle est longue.
Aujourd’hui, il ajouterait, man pè 74, man pè 73, man anko pli pè 72, pasé 73 épi 74. Man pè tout artik ki ni an liméwo adan lakonstitision.
Pas, sé liméwo-a man pè ! (Applaudissements)
Oui, Mes Chers Amis, je dis à ceux qui jouent avec çà, tout en prétendant qu’un jour viendra, où ils nous proposerons une évolution institutionnelle beaucoup plus audacieuse : n’ont-ils pas peur de se heurter, lorsqu’ils voudront nous présenter quelque chose, à un mur de peur qu’ils auront, en fait, eux-mêmes construit. (Applaudissements)
Et je crois qu’ils devraient vraiment beaucoup mieux réfléchir.
Alors, c’est vrai qu’on les a entendus beaucoup s’agiter et que certains commençaient à se demander si, nous, les partisans du changement, nous, les partisans du mouvement, les partisans du vrai progrès, nous n’étions pas anba fey.
Eh bien je crois que la réponse, ils l’ont eue aujourd’hui avec ce magnifique meeting qui a montré que nou té pétèt anba fey, mé nou paté séré an ba fey ! nou téka twavay anba fey, nou té ka twavay pou poté enfowmasion ba pep-la, pou ba’y zam pou goumen kont tout kalté entoksikasion, nou té ka twavay pou sanblé fos nou, é man ka pansé nou pé kontan wè sa nou rivé fè a, an model rasanblèman ki pétet pa té jenmen fet pies tan adan listwa péyi nou !
Ni dé pwofesè istwa ki la epi nou, man ka vréyé bonjou ba yo ! Man ka vréyé en bel bonjou ba misié Armand Nicolas, an gwan konbatan, man ka mandé zot aplodi’y ! … (Applaudissements)
I ka fè nou lonnè la épi nou. Man ka pansé nou pa jenmen fè an rasanblèman kon sa pou fè péyi-a vansé ! …
Lè man ka wè tousa owganizasion politik, tousa mouvman sitwayen, tousa moun, ki endépendantis ki otonomis, mété ko yo ansanm-ansanm pou défann lentéré peyi-a, man ka di kô mwen nou pétèt pa té menm ni lidé bagay tala té pé fèt an jou !
Ce que nous avons réalisé, et qui s’est concrétisé par la constitution du Rassemblement Martiniquais pour le Changement, revêt une importance considérable et cela est entrain de changer la donne politique en Martinique. Parce que c’est ce que le peuple martiniquais attendait depuis longtemps et, pour ma part, en tant que Secrétaire général du RDM, je me félicite que mes camarades, mes amis du RDM, ont pris la part qu’ils ont prise dans la constitution de ce rassemblement à coté des autres partis et organisations ici présentes.
Nos concitoyens savent bien qu’il y a des différences entre nous, ils savent bien qu’il y a des enracinements idéologiques différents, mais je crois qu’ils perçoivent quelques fois mieux que beaucoup de responsables politiques ce que ces responsables politiques ont, en réalité, en commun, et qui leur impose de travailler ensemble pour défendre les intérêts supérieurs de la Martinique.
Défendre les intérêts supérieurs de la Martinique, c’est ce qui forme le ciment de notre rassemblement, et c’est sur ce socle solide que nous devons et que nous allons bâtir notre victoire, car elle est là notre victoire et vous l’avez bien compris, elle est à portée de main. Une victoire dont notre peuple a plus que jamais besoin quand on voit la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Martinique.
Alors je ne vais pas m’attarder à vous la décrire, d‘autres l’ont déjà fait, mais je dis que, face à une telle situation, où on voit le chômage augmenter, où on voit l’exclusion s’étendre – plus de 20% de notre population en-dessous du seuil de pauvreté -, lorsque l’on voit une telle situation, il ne suffit pas de dire que l’on est pour le changement ; il ne suffit pas de défiler pour réclamer que les choses changent, il faut créer les conditions d’un vrai changement. Et on ne peut dire « Péyi-a sé ta nou » épi, an menm balan-an, kité laklé péyi-a ba dot moun ! Sa pé pa fet ! (Applaudissements)
En réalité, deux possibilités s’offrent à nous. Soit nous choisissons de nous en remettre au bon vouloir de ceux qui nous gouvernent et, alors, dans ce cas, nous allons attendre après les Etats généraux, après les rapports issus de toutes les grands messes que vous savez – y compris les messes basses parce qu’il y a aussi des messes basses, de temps en temps, à Paris, ici et ailleurs -… On va attendre les fameux rapports, on va attendre qu’un train de mesures gouvernementales – un TGV sans doute !- passe… On a vu jusqu’ici ce que cela a donné.
Si on prend uniquement l’exemple de la fameuse loi LODEOM, vous savez, celle dont on nous avait dit qu’elle développerait l’excellence martiniquaise… Eh bien, 5 mois après sa promulgation, après d’ailleurs une longue gestation, nous n’avons toujours pas vu la plupart des décrets d’application, et vous savez les conséquences que cela entraîne pour le monde économique martiniquais.
Lorsque vous voyez donc comment le Gouvernement traîne à appliquer ce que lui-même a annoncé, ce que lui-même a fabriqué, comment pouvez-vous imaginer que nous ayons beaucoup à attendre de ce qui va sortir de tous ces Etats généraux et de tous ces rapports qui se multiplient et qui s’accumulent ?
Lorsque je vois le montant des crédits inscrits dans le projet de budget pour l’Outre-mer (je pars cet après-midi d’ailleurs pour aller discuter de cela en commission demain ; Alfred va avoir à s’en occuper prochainement à l’Assemblée nationale), eh bien, Mes Chers Amis, je ne vois vraiment pas la marge de manoeuvre qui va permettre au Gouvernement de financer la moindre des mesures évoquées lors de ces Etats généraux.
Mes Chers Amis, ou bien nous attendons tranquillement, une fois de plus, ce qui va être fait pour nous, ou bien nous décidons d’ouvrir la voie à un changement dans le type de rapport que nous entretenons avec l’Etat français, et cela de telle sorte que nous puissions mieux prendre en compte les réalités de la Martinique et conduire des politiques de façon beaucoup plus efficace.
Dans ce cas, nous devons faire en sorte que les propositions adoptées très majoritairement par les élus réunis en Congrès les 18 décembre 2008 et 18 juin 2009 aboutissent : une collectivité territoriale unique régie par l’article 74 et bénéficiant de ce fait d’un régime législatif qui permet, dans un certain nombre de domaines, de pouvoir localement procéder à l’adaptation de certains dispositifs législatifs et réglementaires.
Et on en a besoin ! Cela a été évoqué tout à l’heure. Un exemple : il n’y a pas longtemps, j’ai fait une intervention au Parlement sur le problème des ravines. On m’a expliqué qu’on ne savait pas ce que c’était. On a donc renvoyé cela en commission : pour eux, une ravine c’est un petit ravin… Vous voyez qu’on peut toujours attendre que l’Etat français s’en occupe !
Il y a un camarade qui parlait tout à l’heure des pesticides. Eh bien, j’ai déposé un amendement pour demander que les collectivités territoriales, surtout les principales, soient destinataires de tous les documents et de toutes les études qui sortent sur ces problèmes là. Vous savez ce qui a été répondu en commission ? Que nous, les collectivités, nous sommes déjà trop encombrés de papiers et que ce n’était pas la peine d’en rajouter. Je vous jure que cela a été dit, ce qui peut être vérifié dans le procès verbal de commission.
Donc il nous faut avoir la possibilité localement d’adapter un certain nombre de dispositifs législatifs et réglementaires et ensuite disposer, dans un certain nombre de domaines, d’outils réglementaires, je les appelle des outils réglementaires, pour nous permettre quoi ? Pour nous permettre d’être plus efficaces dans les politiques que nous menons. Et plus efficaces pourquoi ? Eh bien, pour répondre à ce que la population nous demande. Les domaines dans lesquels le Congrès a fait des propositions, ce sont les domaines pour lesquels nos compatriotes nous demandent tous les jours de faire beaucoup plus et de faire mieux.
Souvent on s’imagine que nous avons tous les pouvoirs, qu’il s’agisse du transport, du logement, de l’aménagement du territoire, de l’environnement, du littoral, j’en passe et des meilleurs, et bien c’est précisément pour tout cela que nous avons besoin de cet outil ; et cet outil il s’appelle l’article 74 !
Mes Chers Amis, le président de la République a trouvé que nos demandes étaient parfaitement recevables, il n’a pas considéré que nous ne connaissions pas les textes, que nous étions très faibles en matière de droit constitutionnel (c’est ce que certains donneurs de leçons disent), et, malgré les pressions dont il a été l’objet, le président a accepté de consulter les électrices et les électeurs Martiniquais sur la proposition fondamentale du Congrès, celle-là même que je viens d’évoquer, celle d’ériger ici une collectivité territoriale unique relevant du régime de l’article 74.
C’est cette question, et elle seule, qui sera posée le 17 janvier. C’est un point sur lequel Alfred Marie Jeanne et moi-même, nous avions décidé de ne faire aucune concession. Et nous n’avons fait aucune concession ! (Applaudissements)
De même que nous n’avons fait aucune concession sur le fait de précipiter la consultation, puisque vous savez que les choses étaient prévues pour début décembre, ce qui aurait constitué une catastrophe sur le plan démocratique ; tout était déjà bouclé et avec deux questions le même jour pour mieux embrouiller la tête des électrices et des électeurs. Eh bien, nous avons obtenu que la consultation se fasse de manière plus claire et dans des conditions plus démocratiques.
Le président a, par ailleurs, décidé de prévoir ce que j’ai appelé, à plusieurs occasions, une cession de rattrapage dans le cas où le OUI ne l’emporterait pas le 17. Certains interprètent cela à leur façon et à leur avantage, mais, pour ma part, j’y vois au contraire la preuve que le Président de la République est convaincu de la nocivité du statu quo (applaudissements), un statu quo qui d’ailleurs, il faut que vous le sachiez, va évoluer. Parce que, pendant que certains défendent le statu quo becs et ongles ici, le statu quo est en évolution dans l’Hexagone. C’est cela le plus invraisemblable !
Si nous n’y prenons garde, le nouveau statu quo qui va sortir après le rapport Balladur va renforcer le pouvoir des intercommunalités (je n’ai rien contre les intercommunalités, au contraire) en leur conférant ce qu’on appelle la clause de compétence générale (ce qui veut dire qu’elles pourront mener toutes les politiques qu’elles veulent) tout en retirant cette possibilité à la Région et au Département, y compris à une Collectivité unique formée de la fusion de la Région et du Département .
Cela veut dire, Chers Amis, que la Martinique sera divisée en trois parties avec trois présidents, qui pourront faire trois politiques, et puis il y aura en plus une ou deux assemblées qui ne seront, en réalité, que des tiroirs-caisses. C’est cela le futur statu quo !
Le Président lui même, je parle sous le contrôle d’Alfred, nous a dit que ce serait invraisemblable. Et c’est plus mauvais pour nous que pour les autres car nous sommes les seuls divisés en trois intercommunalités qui couvrent tout le pays. Donc il faut que nous réfléchissions à cela.
Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler à ceux qui se font déjà les champions de ce sur quoi les électeurs seraient éventuellement consultés le 24 janvier dans la fameuse session de rattrapage, que c’est précisément ce qu’ils avaient rejeté lors de la consultation de 2003 (Applaudissements)…. Ce qu’ils avaient présenté à l’époque comme un épouvantail, et qui aujourd’hui apparemment n’est plus dangereux. Le fameux sac est un sac qui n’a plus de chat, ou qui ne renferme plus un chat dangereux. Cela dit, il faut peut-être saluer cette évolution dans leur esprit, ce qui a tout de même mis 6 ans !
6 ans ont passé, mais pendant ces 6 ans, Camarades, nous avons pu mesurer les limites des possibilités offertes dans le régime actuel, celui de l’article 73.
Je n’ai pas eu beaucoup de mal sur ce plan, puisque si vous relisez mes interventions lorsque l’on a débattu de la réforme constitutionnelle, je disais déjà que ces pouvoirs étaient des pouvoirs virtuels. Mais là, nous en avons eu la preuve.
Vous avez vu que, rien que pour la question du transport, il a fallu 2 ans, 2 ans et encore des complications.
En tout cas, notre conviction à nous, c’est que l’intérêt des Martiniquais, c’est d’opter pour la proposition faite par le récent Congrès ; une proposition dont le président de la République précise, dans le Communiqué du 7 octobre dernier qui a suivi l’entretien qu’il a eu avec nous, je le cite : « C’est le régime qui permet aux collectivités concernées d’avoir un statut particulier tenant compte de leurs intérêts propres dans la République et de disposer d’une large autonomie normative ».
Le président souligne par ailleurs, toujours dans ce même communiqué, que « Quel que soit le choix qui sera fait, le territoire restera dans la République » et il précise encore, je le cite : « La question posée est bien celle du juste degré d’autonomie et de responsabilité ».
Ce qui veut dire qu’il y a un curseur que l’on peut déplacer, cela prouve qu’il y a une négociation possible ; il dit « la question posée est bien celle du juste degré d’autonomie et de responsabilité et en aucun cas celle de l’indépendance ».
Et pourtant ses propres amis ici voient qu’il y a là une ouverture déjà sur l’indépendance.
Les choses sont exprimées là dans le communiqué du président de la République de façon particulièrement claire et cela normalement aurait dû suffire à vaincre la mauvaise foi de ceux qui continuent à prétendre que le passage sous le régime de l’article 74 est une porte ouverture sur l’aventure. C’est ce qu’ils vous disent, sur l’aventure. (Applaudissements)
Non, c’est le 73 qui ouvre la porte à Laventure. Je crois qu’au regard de ce que le président de la République a lui même écrit, la mauvaise foi de certains est encore plus évidente. La mauvaise foi de ceux qui, tout en prétendant que ce que nous proposons ouvre la porte sur cette fameuse aventure, se disent partisans d’un vrai statut d’autonomie, un statut d’autonomie pour lequel ils comptent obtenir l’inscription dans la constitution d’un statut spécial pour la Martinique.
Je vous assure – et cela me peine de vous dire cela -, mais chaque fois que j’en discute avec des interlocuteurs, des amis qui sont des constitutionnalistes (comme le professeur Carcassonne et d’autres), chaque fois que je discute de cela avec des parlementaires de droite, de gauche, du centre, ce qui me fait de la peine, c’est qu’ils rient. Et je vous assure, cela me gène parce que c’est quand même un martiniquais qui a trouvé le moyen d’imaginer tout cela.
Ce qui est assez extraordinaire, c’est que celui qui prétend que cet article spécial va nous donner des pouvoirs considérables prétend, en même temps, mais qu’il va nous donner des garanties quant à l’égalité, écoutez bien, avec les citoyens français.
Comme si cette égalité n’était pas inscrite dans la Constitution (dans plusieurs articles et d’ailleurs dans le préambule de cette constitution). Il y a quand même un article qui vise l’Outre-mer dans la Constitution (on dit les populations d’ailleurs, mais cela, c’est une autre affaire !) et qui dit que nous sommes entraînés dans un même mouvement d’égalité. Donc l’égalité est inscrite, et, d’ailleurs, si elle n’avait pas été inscrite ce serait triste pour Césaire parce qu’il me semble qu’il disait qu’après la libération de 1848, il y avait eu la conquête de l’égalité (je crois que Zobda le rappelait tout à l’heure) et qu’on était entré dans une autre étape qui est l’étape de la responsabilité.
Mais non, si j’ai bien compris, il y en a qui veulent revenir à 1946.
Mesdames et Messieurs les professeurs d’histoire, il y a une remontée dans le temps, nous sommes encore à la conquête de l’égalité. Probablement que la liberté vient à peine d’être donnée.
Et bien, vous avez reconnu les promoteurs de ce qu’on appelle la troisième voie, ce sont les responsables de ce qu’il faut bien appeler le néo-PPM, ce sont les néo progressistes, et cette troisième voie, ils savent qu’elle est irréaliste.
Le Président du néo PPM sait que cette troisième voie est irréaliste et que c’est une chimère. Mais c’est d’ailleurs pour cela qu’il en renvoie l’aboutissement à plus tard. Parce qu’en réalité, ce qui l’intéresse, cela a été dit d’ailleurs, c’est de gagner du temps, dans une stratégie qui n’a pas pour objectif une avancée de la Martinique sur la voie de la responsabilité mais son avancée personnelle sur la voie du pouvoir ! C’est çà la réalité ! (applaudissements)
On est loin, Camarades, très loin des conceptions d’Aimé Césaire et je me dis que l’homme qui, il y a 53 ans, a lancé le fameux cri « l’heure de nous-mêmes a sonné !» doit se retourner dans sa tombe en constatant que ceux qui se réclament de lui, matin, midi et soir, n’ont toujours pas entendu le réveil sonner ! (applaudissements)
Et que, pire encore, il s‘étirent tranquillement dans le lit moelleux du statu quo, un lit qu’ils partagent désormais sans vergogne avec les assimilationnistes (applaudissements), avec les assimilationnistes qui ont constamment combattu Aimé Césaire, qui l’ont combattu durement, qui l’ont combattu avec une hargne que vous n’imaginez pas, en tout cas dont ceux de ma génération et dont ceux qui ont milité auprès d’Aimé Césaire peuvent témoigner. Et je peux vous assurer que j’ai participé à des batailles qu’évidemment les néo-dirigeants du néo PPM actuel, n’ont jamais connues. Car on les a placés comme çà (et je fais l’aveu que moi même j’y ai contribué). Même si aujourd’hui, d’après ce que j’ai cru comprendre, certains veulent jouer l’horloge biologique parce qu’ils trouvent qu’Alfred Marie-Jeanne et moi-même nous avons très mauvaise mine… (Rires).
Oui, Camarades, Aimé Césaire doit se retourner dans sa tombe, lui qui, au 3ème congrès du PPM, en août 1967, il y a 42 ans, affirmait avec force : « Nous préconisons dès maintenant l’institution d’une assemblée délibérante martiniquaise ». « Dès maintenant », c’était en août 1967.
Alors Césaire, s’il nous voit, s’il nous écoute, il sait désormais qu’il était incroyablement imprudent et que surtout il lui manquait certainement du métier, il lui manquait certainement de l’expérience, tout ce dont est pourvu celui qui, dans quelques années, se fait fort d’obtenir la réunion du Congrès de Versailles, vous vous rendez compte ! Et cela pour lui tout seul, pour qu’on lui fasse un article sur mesure.
Eh bien, Chers Camarades et Amis, nos prétentions à nous sont beaucoup plus modestes même si notre ambition n’en est pas moins grande. Nous refusons de négliger la possibilité d’effectuer une réelle avancée sur la voie de la responsabilité martiniquaise sur le prétexte qu’elle ne permet pas d’aller assez loin. Nous acceptons de faire un pas, un pas réel et un pas aujourd’hui sur un fondement constitutionnel solide, plutôt que d’envisager pour plus tard, on ne sait quand, un grand bond sur le vide, en tout cas sur le vide constitutionnel !
Car nous sommes sûrs que la Martinique ne peut que gagner de passer d’un vêtement institutionnel trop étroit, trop serré, pratiquement étouffant, voire paralysant, à un vêtement plus ample, à un vêtement plus souple qui ne peut que faciliter le mouvement, la libération des énergies, la créativité, l’audace, tout ce que les autres ont en parole mais que nous ne retrouvons pas quand il s’agit passer à l’action.
Nous savons, Camarades, que nous, il nous faut nous battre pour cela et nous savons que nous n’avons pas beaucoup de temps, le temps ne joue pas en notre faveur.
Nous devons prendre conscience qu’un nouvel assimilationnisme est en marche, un assimilationnisme subtil, insidieux, dont il faut craindre l’effet dissolvant sur notre peuple. Notre peuple qui sera, si nous n’y prenons garde, entraîné peu à peu, à ne plus constituer qu’une sorte de minorité à l’intérieur d’une France qui se veut plurielle.
Ce qui veut dire que nous risquons de plus en plus de devenir une minorité parmi d’autres, « une minorité d’originaires de » … Nous serons les Français originaires des Antilles, comme il y a ceux originaires du Maghreb, ou d’Afrique, etc.
Nous avons le choix entre faire en sorte de demeurer un peuple ou ne plus être qu’un ensemble, mais un ensemble fragmenté, (applaudissements), morcelé et qui ne sera plus amené à jouer que le jeu de la lutte entre minorités de l’Hexagone. (Applaudissements)
Est-ce que c’est cela l’avenir que certains ont prévu pour nous ?
Mes Chers Camarades, je veux conclure. Notre combat est un combat juste. Nous devons donc le mener avec conviction, nous devons le mener avec détermination, nous devons le mener dans l’unité ! C’est fondamental ! (Applaudissements)
Cette unité que nous sommes parvenus à forger et qu’il nous faut encore renforcer tous les jours un peu plus. Cette unité que l’adversaire va chercher à ébranler, qu’il va chercher à fissurer et on l’a déjà vu à l’œuvre, il n’y a pas si longtemps (on n’a pas fini d’en voir !). Eh bien, il faut que nous fassions de cette unité là notre fer de lance pour mener la campagne à travers toute la Martinique, pour mener une campagne qui doit être historique comme notre meeting aujourd’hui est historique.
Une campagne dans laquelle nous allons mobiliser toujours un peu plus, toujours de plus en plus, une campagne durant laquelle nous allons rassembler toujours plus et de plus en plus, une campagne qui doit faire que la Martinique ne rate pas ce rendez vous qu’elle a avec l’histoire ! (Applaudissements) Nous en avons trop raté, des rendez-vous avec notre histoire ! (Applaudissements)
Nous en avons raté au moment où nous sommes rentrés dans le marché commun, où l’on nous avait donné 2 ans pour prendre des dispositions. Rien n’a été fait !
Nous avons raté le rendez-vous de 58 quand le Général de Gaulle a modifié la Constitution. C’est là qu’on a introduit le premier article 73 ! Nous avons raté le rendez-vous de la décentralisation avec le problème de l’Assemblée unique et nous avons raté le rendez-vous de 2003.
Alors, il ne faut pas que nous rations ce rendez vous du 17 janvier 2009 ! Eh bien, Camarades et Amis, la victoire est à notre portée. J’en suis profondément convaincu aujourd’hui surtout après ce que j’ai pu entendre, après ce que j’ai pu voir, après avoir senti battre le cœur de tous ceux qui sont ici rassemblés, de toutes nos formations qui sont ainsi réunies.
Oui, la victoire est à notre portée et c’est avec cette conviction, Camarades, que je m’engage devant vous, je m’engage en mon nom mais aussi au nom de tous les militants du RDM qui sont ici présents. Est-ce qu’ils sont là ?
Je m’engage en leur nom et je m’engage avec vous à tout faire pour que la bataille soit gagnée le 17 janvier.
Camarades et Amis, la victoire vers laquelle nous allons, ce ne sera, à coup sûr, pas la victoire des uns ou la victoire des autres, de telle ou telle formation, de tel ou tel homme, de tel ou tel responsable politique, cette victoire-là, ce sera la victoire du peuple martiniquais ! (Applaudissements)