Le chanteur originaire de #Guadeloupe Erik #Pédurand vit depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Il fait le métier qu’il aime et qui le motive. Ses choix affichent désormais un prix qui l’invite à une intense interrogation. Un trouble exquis qu’il partage aujourd’hui.
…Quand j’avais 23 ans je vivais avec le sentiment qu’il était urgent d’écrire, de traduire en musique notre époque et sa résonance, d’immortaliser le créole et le faire exister noblement… Parce que peut être, le monde ne serait plus le même dans 20 ans. Parce que le créole n’existerait peut être plus dans 150 ans. Mais aujourd’hui, la musique est devenu un bien étrange produit de consommation, et j’ai chaque jour l’impression d’être trop « sincère » dans ma démarche… J’en parlais avec un grand producteur de musique en 2013 à qui je demandais une aide financière pour soutenir la sortie de mon premier album en auto production « Ecole Créole ». Il m’a répondu ceci: « Erik, tu es comme un athlète blessé, tu t’es fait un claquage en faisant cet album seul… Je ne t’aiderai pas sur ce projet »… Je me souviens avoir contemplé longuement les disques d’or accrochés au mur de son bureau, et j’ai compris que je ne faisais pas partie de ce monde là. Depuis un peu moins de 10 ans, je me ballade librement dans le monde de la musique antillaise, j’ai vu des génies virtuoses jouer dans des bars pour 150e et des artistes de musique urbaine au talent relatif empocher des cachets de 10 000e… Comme je suis de nature nihiliste, rien de tout cela ne m’avait vraiment surpris. Aujourd’hui, je suis inquiet.